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Pascal Martinot-Lagarde : "Si j'étais à Paris, je ne sortirais même pas"

Pascal Martinot-Lagarde, médaillé de bronze du 110 m haies aux Championnats du monde d'athlétisme en septembre dernier à Doha, est confiné chez lui depuis lundi comme de nombreux Français. Blessé depuis fin février, il raconte sa reprise de l'entraînement chez lui et revient sur la tenue, ou non, des Jeux Olympiques en août prochain.
Article rédigé par Elena Cervelle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
  (KARIM JAAFAR / AFP)

Comment vivez-vous ces premiers jours de confinement ?
Pascal Martinot-Lagarde :
"Je suis une personne assez positive donc pour moi la situation actuelle n’est pas une fatalité. C’est une anecdote qu’on pourra raconter à nos enfants. On ne nous demande pas d’aller au front. Donc, je le vis plutôt bien."

Est-ce que vous arrivez à vous entraîner ?
PML :
"Lors de la première allocution du Président, je devais reprendre l’entraînement (il souffrait d’une fissure du semi-tendineux à l’ischio-jambier droit ndlr.). Comme on ne reprend pas directement à fond, on fait plutôt des longs footings, du renforcement musculaire, des PPG (Préparation physique générale), qui nécessitent peu de matériel. Du coup je fais des exercices à la maison et je vais courir autour de mon pâté de maison pour faire du fractionné. Ça ne m’impacte pas autant que si j’étais en plein milieu de ma préparation."

Qu'est-ce que vous faites comme séances par exemple ?
PML :
"Le but c’est de ne pas perdre de poids, de conserver la masse musculaire et de faire travailler le coeur. Je fais des cours collectifs sur internet donc je m’entraîne un peu comme “monsieur tout le monde”. Je m’entraîne environ 2 heures par jour avec des étirements, des abdos, de la proprioception et du cardio. En ce moment je fais du 45’’45’’ (45 secondes à haute intensité puis 45 secondes de récupération ndlr.) en séance de fractionné. J’ai une grande ligne droite au bout de mon pâté de maison où il n’y personne. J’ai mon entraîneur régulièrement, il m’a dit que dès qu’on a le feu vert, on y va à fond !"

"Mon souhait c’est qu’ils reportent les Jeux à la fin de l’année 2020"

Comment appréhendez-vous les Jeux Olympiques s'ils sont maintenus ?
PML :
"La situation ne me convient pas tellement. On n’est pas tous égaux face à cette pandémie : certains sont dans une situation catastrophique, d’autres sont encore peu impactés. La Chine commence à sortir de la crise, l’Italie et l’ensemble de l’Europe est en plein dedans alors que les Américains sont à peine en confinement. Si on laisse les Jeux Olympiques se dérouler aux dates prévues, tous les athlètes n’auront pas la même préparation."

Qu'est-ce que vous proposez ?
PML :
"Mon souhait c’est qu’ils reportent les Jeux à la fin de l’année 2020 pour avoir quelques mois supplémentaires pour réaliser une préparation correcte et que ceux grandement touchés puissent récupérer. Je ne pense pas que ce serait possible de les reporter à 2021. Si les Jeux n’ont pas lieu en 2020, je penche plutôt pour une annulation."

Quelle dimension prendrait le sport si les Jeux Olympiques étaient annulés ?
PML :
"Si on ne lutte pas assez efficacement, le sport passera au second plan. Je n’ai pas l’intention de me battre pour faire les JO si cela met en danger des vies humaines. Prenez soin de vous, et s’il n’y a pas de Jeux mais qu’il y a la santé, ce sera une belle médaille d’or pour l’humanité. Oui, je passerais à côté de ma carrière mais si ça sauve l’humanité, je dormirais sur mes deux oreilles."

Qu'est-ce que vous pensez de l'augmentation du nombre de coureurs ces derniers jours ?
PML :
"Je vois une différence entre ceux qui bougent un peu parce qu’ils saturent et ceux qui se découvrent un esprit rebelle pour le running. J’ai envie de leur dire 'ce n’est pas le moment les gars'. On n’a jamais vu autant de monde qui se met au sport. C'est comme s’ils allaient courir un semi-marathon. Lors de son discours, le Président a dit qu’il sait qu’on ne peut pas rester enfermé et qu’on peut aller se dégourdir les jambes mais pas de là à faire des footings plus que nécessaires..."

Vous vous sentez lésé dans cette situation ?
PML :
"C’est mon travail de courir mais aussi de rester en sécurité. Je ne suis pas à Paris donc quand je vais faire mes séances fartleck (l'autre nom du fractionné, ndlr), je ne prends pas de risque. Mais si j’étais à Paris, je ne sortirais même pas."

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