Opération rachat pour la FFF
Démission de Jean-Pierre Escalettes, licenciement de Raymond Domenech qui saisit les prud'hommes, débuts difficiles du président intérimaire Fernand Duchaussoy, affaire des primes, départ houleux de Jacques Lambert... Depuis six mois et la fameuse "grève du bus" de Knysna, la Fédération française de football est ballottée en tous sens et elle n'est peut-être pas au bout de ses peines. L'Assemblée fédérale prévue samedi à Paris doit théoriquement élire un président, qui restera en fonctions jusqu'au mois de juin, et adopter une loi-cadre sur la réforme de la gouvernance issue des Etats généraux du mois d'octobre, la seule réussite de ce terrible semestre. Mais cette perspective est mise en péril par les querelles de personnes, les oppositions entre représentants des professionnels et ceux des amateurs et les ambitions individuelles au sein d'un Conseil fédéral divisé, qui a la responsabilité de proposer un candidat au vote de l'Assemblée fédérale.
Opposés à Duchaussoy, candidat "probable" selon ses propres termes, plusieurs membres du Conseil aimeraient ainsi voir Noël Le Graët, vice-président de la Fédération, prendre les commandes de l'instance. Mais en demandant officiellement l'inversion de l'ordre du jour de l'Assemblée de samedi - qui prévoit à l'heure actuelle le vote de la loi-cadre en point 1 et l'élection du président en point 7 - les représentants du monde amateur ont clairement fait passer leur message: +pas de réforme sans un président qui nous convient+. "Je pense que tout autre candidat que Fernand Duchaussoy serait repoussé par l'Assemblée fédérale", a ainsi pronostiqué un président de district interrogé par l'AFP.
Afin de sauver la réforme, certains représentants du monde professionnel, le président de la Ligue de football professionnel Frédéric Thiriez en tête, avaient plaidé en fin de semaine dernière pour une prolongation de l'intérim de Duchaussoy. Mais l'hypothèse a été rejetée par le ministère des Sports, qui l'a jugée contraire aux statuts de la Fédération. Les "pros" pourraient donc essayer de convaincre Noël Le Graët de réfréner ses ambitions et d'attendre le 18 juin et la prochaine assemblée élective de la FFF. A cette date, les nouveaux statuts devraient être entrés en vigueur et l'élection se ferait au scrutin de liste, face à une Assemblée où le poids des amateurs aura théoriquement diminué, de 75% à 63%.
Théoriquement: car comme le dit le président de district interrogé par l'AFP, "sur la question du partage des voix, il reste des opposants féroces et le gros de la discussion viendra après le 18 décembre". Dans un courrier adressé jeudi à l'AFP, cinq présidents de districts rappellent en effet que le "projet cadre (...) ne fait pas l'unanimité dans le monde amateur". Selon eux, "de nombreuses incompréhensions subsistent sur la volonté parallèle et acharnée de modifier les rapports de force entre les deux composantes (amateurs et professionnels, ndlr)". La FFF a beaucoup à perdre samedi, et même si elle évite alors une nouvelle sortie de route, elle aura encore beaucoup à faire en 2011.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.