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"On ne peut pas reprendre tant que la situation n'est pas sûre et juste", estime Nadal

Rafael Nadal s'est confié lors d'un point presse ce jeudi matin sur la reprise du tennis. L'Espagnol a insisté sur le plaisir de reprendre tout en mettant en garde sur la situation actuelle.
Article rédigé par Antoine Limoge
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
  (ANDRES OBREGON)

Rafa était de retour ce jeudi pour un point presse. Très souriant, le Majorquin vient tout juste de fêter son 34e anniversaire. Fait plutôt rare, ce n'est donc pas sur la terre battue de Roland-Garros qu'il a soufflé ses bougies mais du côté de son académie de tennis. Nadal a tenu une conférence de presse en ligne pour échanger sur cette drôle de période et évoquer son "retour progressif à la vie normale". Entre son confinement, les perspectives de reprise du circuit, le report de Roland-Garros ou encore l'US Open, l'Espagnol avait des choses à dire. 

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Plus que le tennis c'est la vie tout simplement qui a manqué à Rafa. "Ce qui m’a manqué le plus, c’est la vie normale. Je veux dire, rester avec des amis, rester avec la famille, c’est l’essentiel, plus que de jouer au tennis, non ? Maintenant je suis de retour sur un court de tennis. Je reviens en quelque sorte à la vie normale. J’essaie simplement de profiter et de rester positif chaque jour en pensant que la situation s’améliorera ", a déclaré le N.2 mondial à l'ATP qui reprend petit à petit l'entraînement sans brûler les étapes. 

Pendant la crise, le tennis est passé au second plan. Pour autant le Majorquin est satisfait de reprendre sa raquette en main. " Je suis bien sûr content de rejouer. J'y vais très doucement, pas à pas. Je ne joue pas tous les jours. Je me prépare juste à être prêt à reprendre un peu plus fort dans quelques semaines. Physiquement, ça va mais je ne me teste pas. Avec mon équipe, on s'entraîne avec beaucoup de précaution, on augmente la charge de travail très, très lentement. Notre objectif, ce n'est pas d'être prêt dans une, deux ou trois semaines, c'est d'être prêt à reprendre un vrai entraînement quand on aura un calendrier clair. Ce qu'on fait en ce moment, c'est une pré-préparation", assure-t-il. Nadal n'est pas encore à 100% mais il n'est pas pressé. 

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Le tennis mondial est à l'arrêt depuis début mars et au moins jusqu'à début août. Pour Nadal, la reprise ne peut s'effectuer pour le moment. Pour lui c'est un souci d'équité. " Mon sentiment, c'est que nous devrions reprendre seulement quand tous les joueurs de tous les pays seront capables de voyager à nouveau dans des conditions normales. A mon avis, nous reprendrons avant et peut-être que moi-même, je suivrai le mouvement mais je crois que si nous faisons cela, nous ne serons pas corrects à 100% et je voudrais que mon sport soit correct à 100%, surtout dans ces circonstances très particulières. Je voudrais que l'on envoie des messages forts, que l'on montre l'exemple ", assène-t-il. 

De plus, le joueur de 34 ans ne veut pas entendre parler de huis clos qui dénature le sport selon ses propos et enlève l'énergie que donne le public. Pour autant il estime que si c'est la seule solution il se conformera à cette disposition. Mais il souhaite avant tout que la reprise se déroule afin que les matchs de tennis puissent accueillir du public. " La clé, c’est de trouver un remède et surtout qu’on soit sûr de pouvoir participer aux tournois sans attraper le virus et sans risque de le ramener chez nous. Le tennis, on ne peut pas l’organiser de la même manière que le football. Le tennis est un sport mondial. Le foot, ça peut s’organiser dans un seul pays. Je reste positif quand même. Moi ce que j’aime le plus, c’est de jouer au tennis dans un stade plein. Et le plus rapidement possible ", espère l'Espagnol aux 19 titres du Grand Chelem. 

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En parlant de Grand Chelem, Rafa ne pense pas trop à Roland, son tournoi favori, pour l'instant. Il révèle même qu'il a été très peu en contant avec l'organisation du tournoi parisien. " Je n’ai pas eu beaucoup de conversations avec l’organisation de Roland-Garros. J’ai été prévenu du report seulement 10 minutes avant l’officialisation. Tout le monde veut organiser son tournoi, c’est très important, donc je comprends Roland. Ce que je leur ai dit, c’est de parler à l’ATP et aux joueurs, de travailler ensemble pour qu’il puisse être joué. Maintenant, il faut voir comment la situation évolue ", avance-t-il. 

Le Majorquin aux 12 titres sur la terre battue d'Auteuil ne veut pas prendre de risques et ne s'avance pas sur la tenue du Grand Chelem tricolore.  "Je ne suis pas optimiste, je ne suis pas négatif, je ne sais pas. Je suis juste ce qui se passe, la pandémie. Bien sûr, jouer au tennis me manque, jouer mes tournois préférés me manque. En même temps, je n'ai pas la tête à ça", assure Rafa. De plus Roland-Garros serait quelque peu différent cette année puisqu'il se déroulerait en automne. "Ça change tout. Ça change la préparation, la météo sera probablement différente. Je suis habitué à le jouer à une autre période et à avoir un calendrier différent. Mais si c'est ce qui se passe, il faudra que je m'adapte, comme tout le monde ", explique-t-il.

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L'Espagnol était déjà pessimiste il y a quelques semaines. Selon lui, si " le monde entier souffre, si beaucoup de gens meurent à cause de cette pandémie, on ne peut pas envisager d'organiser un énorme événement sportif avec plein de gens venant du monde entier, ce ne serait pas réaliste." Sans être catégorique, il ne se sent pas encore de rejouer en compétition tant que la situation n'évolue pas positivement. " Si vous me disiez de jouer l'US Open aujourd'hui, je vous dirais non", lâche-t-il au détour de cette conférence de presse.  

Rafael Nadal semble avoir pris toute la mesure de la crise que nous subissons. Quelque peu fataliste, l'Espagnol n'est pas aussi pressé de reprendre la compétition. Ces trois mois lui ont fait prendre conscience de l'importance de la famille comme il l'a souligné à de multiples reprises durant la conférence de presse. "Nous devrions tous nous rappeler à quel point nous avons de la chance quand la situation est normale. Être en bonne santé, avec ses proches, savourer un dîner avec des amis... On comprend la chance que nous avons quand nous perdons cette normalité", conclut-il.

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