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Katie Ledecky, moine-soldat et nouvelle star de la natation mondiale

C'est l'histoire d'une nageuse américaine médaillée d'or à quinze ans et qui a du mal à réaliser ce qui lui arrive.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La nageuse américaine Katie Ledecky lors d'une des séries du 800 m nage libre aux Mondiaux de natation, à Barcelone (Espagne), le 2 août 2013. (DAVID J. PHILIP / AP / SIPA)

"J'ai réalisé que j'étais vraiment douée en natation quand j'avais 9 ou 10 ans", a confié un jour Katie Ledecky à un journal de Beteshda, sa ville natale. L'Américaine a ensuite décroché sa première médaille d'or olympique à Londres, en 2012, à l'âge de quinze ans. Puis a pulvérisé le record du monde de sa spécialité, le 1 500 m, à Barcelone, mardi 30 juillet, et du 800 m, samedi 3 août. La nouvelle star de la natation mondiale a récolté quatre médailles d'or lors de ces Mondiaux. Tout ça en ayant à peine l'âge de conduire.

Son réveil sonne à 3h55 du matin

La journée type de Katie Ledecky ne conviendrait pas à grand monde. "Parfois, j'ai des entraînements le matin, donc je me lève à 3h55, raconte-t-elle au Beteshda Magazine (en anglais). Je suis dans l'eau à 4h45. J'apprécie l'idée d'être debout avant le reste du monde, en allant à l'entraînement et en bossant dur. J'enchaîne avec l'école et mon second entraînement. Mais je ne m'entraîne le matin que deux ou trois fois par semaine." Forcément, la journée de l'adolescente se termine tôt. A 21h30, elle dort à poings fermés. Entre les devoirs, les cours optionnels qu'elle a choisi de suivre et les leçons de poterie, ses journées sont bien remplies. Tout juste a-t-elle le temps de regarder les infos le matin à la télévision, à l'heure où ses camarades s'abreuvent de séries. "Dans ma tête, je suis une adolescente normale", veut-elle croire. 

Son secret : des prières et un high five

Sa vie a changé quand elle a décroché la médaille d'or aux JO de Londres, à la surprise générale. Plus jeune membre de la délégation olympique américaine, elle devance l'archi-favorite en finale, la Britannique Rebecca Addlington. Peut-être a-t-elle été portée par le Je vous salue Marie qu'elle récite avant chaque course, ou par la prière collective que les élèves de son école catholique ont organisée. Ou est-ce le high five de Michael Phelps dans la chambre d'appel qui a fait la différence ? Au milieu de la fête qui a suivi sa médaille, au village olympique, Katie Ledecky a trouvé un instant pour remercier Dieu. "Même si je n'ai pas beaucoup dormi après ma course, j'ai trouvé un moment pour prier", explique-t-elle au Catholic Standard (en anglais).

Une athlète à l'eau claire (et chlorée)

Katie Ledecky, c'est aussi une progression fulgurante. Lors des sélections américaines, en juillet 2012, elle bat de cinq secondes son propre record sur 800 m nage libre. Même si l'adolescence est le moment où les nageurs font des progrès énormes pour atteindre leur pic de forme, la question du dopage se pose forcément. "Elle ne prend même pas de compléments alimentaires", balaye sa mère dans le Washington Post (en anglais). Avec son mètre soixante-dix-huit et ses 65 kg, Ledecky est tout sauf un grand gabarit. A titre de comparaison, l'ogresse de la natation mondiale, Missy Franklin (quatres titres à Barcelone), mesure 1,87m et chausse du 46. 

"Je dois encore me pincer pour me convaincre que c'est bien arrivé, explique Katie Ledecky au New York Times (en anglais). Quand je dois passer par l'école primaire pour aller en cours d'arts plastiques, les enfants crient sur mon passage, je trouve ça fou." Les médias américains ont déterré une photo où on la voit, enfant, faire du coloriage aux côtés de Michael Jordan, au crépuscule de sa carrière. "Qui aurait pu deviner que la plus grande star sur cette photo serait cette petite fille de deux ans ?", écrivait un commentateur américain au moment des JO. Pourtant, la jeune fille n'a que faire du starsystem. A son retour de Londres, elle s'est attelée à boucler une dissertation qu'elle devait rendre pour sa rentrée en première.

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