Nasri: "On est reparti sur du neuf"
Q: Après avoir raté le Mondial-2010, que représente pour vous une compétition internationale?
R: "Les Bleus, ça a un vrai sens. En 2000, j'avais 13 ans et j'ai toutes ces images en tête. Une compétition internationale, ça n'a pas d'équivalent. C'est une fierté. J'ai participé à l'Euro-2008 mais pas dans la peau d'un titulaire et j'en garde un souvenir mitigé. J'aimerais faire bonne figure et aller le plus loin possible".
Q: Avez-vous le désir de gommer une image brouillée en 2008?
R: "Les problèmes générationnels, c'était une fausse excuse pour cacher les lacunes sur le terrain. C'était facile de dire que les jeunes étaient un problème. Dans un tournoi qui dure c'est important d'avoir un esprit de groupe. Aujourd'hui, le staff est très proche des joueurs, essaie de vivre avec eux. Ce n'était pas le cas avant. Chacun à sa méthode. Domenech était beaucoup plus distant et il ne parlait qu'à certains joueurs".
Q: Comment vous sentez-vous aujourd'hui dans cette équipe?
R: "On est reparti sur du neuf, tout ça est loin derrière. L'horizon est très clair. Il faut mieux regarder devant soi".
Q: Comment avez-vous vécu votre rôle décisif en fin de qualifications?
R: "La revanche n'est pas un bon sentiment. Dans un grand club, les attentes envers toi sont forcément beaucoup plus importantes. J'ai été mauvais contre l'Albanie et en Ukraine. Même dans ma relation avec la presse. Je me suis trompé et c'est important de rendre au sélectionneur la confiance qu'il m'a donnée. Il m'a fait beaucoup jouer, il m'a confié une fois le brassard".
Q: Du coup, comment vivez-vous la question du capitanat?
R: "Il y a trois noms, le débat est clos. J'ai porté le brassard à l'OM, à Arsenal, en équipes de jeunes. Je ne connais pas un joueur capable de refuser le brassard. Mais il ne faut pas s'inventer un rôle quand tu l'as. Il y a des leaders de paroles et d'autres techniques. Aujourd'hui, la responsabilité doit être partagée dans un groupe pour aider le capitaine".
Q: Cette bonne passe assoit-elle votre statut chez les Bleus?
R: "Une ossature s'est créée avec toujours la même base de 16-17 joueurs et j'en fais partie pour l'instant. Ce serait prétentieux de dire que je serai à l'Euro car on ne sait jamais ce qui va se passer mais ça fait du bien. Avant, j'étais beaucoup dans l'incertitude. Je regardais la télé pour savoir si j'étais retenu. Là, le coach nous tient au courant avant. On est plus apaisé et on vient avec l'envie de bien faire, de se défoncer pour lui".
Q: Où en sont vos +bisbilles+ de l'automne avec Blanc?
R: "Après cette fameuse interview ("j'aimerais mieux que le sélectionneur me dise certaines choses entre quat'zyeux", avait déclaré Nasri le 30 août à France Football, ndlr), il m'attendait au début du stage avec son adjoint et il lui a dit: +Tu as vu, maintenant Samir se met à parler dans les médias+. On a eu une discussion de cinq secondes. Il m'a dit: +ne te fais pas avoir+. J'ai dit que c'était vrai et c'était réglé".
Q: Pourquoi être alors apparu boudeur ensuite?
R: "Pendant le stage qui a suivi, ce qui m'a énervé, c'est que les médias fassent toute une histoire de rien du tout. Avec le recul, quand je suis rentré à la maison, je me suis dit que j'avais fait une bêtise. Il fallait juste expliquer les choses. Mais comme mon rendement était moins bon, j'étais sur la défensive et tu vois le mal partout. Cette épisode m'a fait du bien".
Q: Personnellement et collectivement, quels doivent être vos objectifs cet été?
R: "Personnellement, je ne vise pas grand-chose. J'espère qu'on va briller collectivement. On a besoin de redorer l'image des Bleus après deux campagnes catastrophiques. On ne va pas là-bas pour visiter. En plus, c'est bien d'être dans la peau d'un outsider que personne n'attend. Je sais qu'on a les qualités individuelles pour rivaliser. Après, c'est peut-être collectif... On a une équipe jeune mais aussi des atouts à faire valoir. On doit même être ambitieux. En amical, on a pu voir contre des équipes réputées qu'on réussissait à élever notre niveau. C'est de bon augure pour juin. On se doit d'aller en quart quand on est l'équipe de France. C'est le minimum. Et même si c'est un groupe de qualité, il faut reconnaître qu'il aurait pu y avoir pire".
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