Monfils, Djokovic et Federer au quart de tour
LE TABLEAU MASCULIN DE L'US OPEN
Le match entre copains a eu deux visages. Le premier était du genre expéditif, en la faveur de Gaël Monfils, qui imposait son rythme, sa force et ses aces pour dominer de la tête et des épaules son adversaire. Un break conquis dès le troisième jeu et une première manche emballée en 33 minutes, l'élève de Roger Rasheed se dirigeait même vers un succès confortable en subtilisant le service adverse d'entrée (1-0), ayant même une balle de double-break qu'il laissait s'échapper. Du coup, Richard Gasquet revenait à (2-1), puis faisait son break de retard pour égaliser à (3-3). Le sort de la rencontre hésitait entre les deux hommes. Le Biterrois, sur une double-faute de son rival, obtenait une balle de break, synonyme de set (5-4) mais là encore, l'occasion filait. Et au jeu suivant, après avoir effacé deux balles de break, il perdait son service suite à un phénoménal passing-shot de coup droit rentrant le long de la ligne de Monfils, suivi d'une demi-volée dans le filet (6-5). Après une heure, la tête de série N.17 prenait nettement les devants en menant deux manches à zéro.
Très irrégulier mais pouvant tout de même compter sur son formidable revers, Richard Gasquet avait toutes les peines pour remporter ses deux premiers jeux de service, devant sauver la bagatelle de cinq balles break pour rester aux avant-postes (2-1). A force de varier les longueurs de balles et de monter au filet, il s'emparait tout de même de l'engagement de son copain (4-2). Un jeu blanc plus tard laissait penser qu'il était sur le point de se relancer totalement dans cette rencontre (5-2). A 5-3, il servait pour le set, mais n'avait pas la moindre occasion d'y parvenir. C'est donc sur le service de Monfils qu'il obtenait deux balles de break, mais une volée dans le filet puis une attaque de coup droit du 19e mondial sur la ligne du couloir les effaçaient. Le coup était trop rude, et Gasquet ne parvenait plus à refaire surface, concédant cinq jeux de suite pour finir par voir passer le 14e ace de Gaël Monfils, pour un revers set 6-4, 7-5, 7-5. Se connaissant par coeur, les deux hommes ont livré un grand spectacle, usant et abusant d'amorties mal à propos qui aboutissaient à des échanges spectaculaires. Pour la première fois de sa carrière, Gaël Monfils franchit le cap des 8e de finale à New York, après y être resté à quai deux années de suite.
"J'ai essayé de faire passer le message tout de suite et de lui faire comprendre que le patron c'était moi", résumait Gaël Monfils à l'issue du match. "J'ai essayé de prendre l'ascendant psychologique tout de suite pour qu'il comprenne qu'il pouvait réussir de beaux coups mais que de mon côté j'allais rester fort. J'ai essayé de tout ramener, et de le soumettre à un test physique en prolongeant les échanges. Et aussi de lui montrer quand il montait au filet que je serais partout. Sur ce plan, j'ai bien réussi. J'ai fait un bon match sur le plan physique et mental. Mais je n'ai pas l'impression d'avoir fait un match monstrueux."
"J'aurais pu faire mieux, pousser au moins à un quatrième set", regrettait de son côté Richard Gasquet. "J'aurais pu sortir des attaques de meilleure qualité mais il m'a opposé une grande défense. Mon service aurait pu être meilleur, j'ai fait des erreurs bêtes, des revers dans le filet des mauvaises volées. C'était dû parfois à un manque de concentration, un peu de précipitation. Je jouais au niveau de la 20e place mondiale mais lui jouais entre la 10 et 15e place mondiale. J'ai quand même fait un bon match mais il me manque des matches de haut niveau comme celui-là. j'ai fait des erreurs que je ne commettrai plus dans quelques mois. A part Nadal et Federer, il y a très peu de "mecs" qui auraient remis (dans le court) ce qu'il a remis aujourd'hui. Il a de bonnes chances de passer contre Djokovic ou Fish au prochain tour."
Mais toutes ces considérations, Novak Djokovic s'en fiche. A la veille de mardi, il a réalisé une sereine promenade à New York. Plutôt inquiétant durant la tournée américaine, le Serbe a vécu un 8e de finale très tranquille. Opposé à Mardy Fish, il n'a passé qu'une heure cinquante sur le court pour disposer d'un Américain qui ne l'avait jamais battu jusque-là, en quatre oppositions. Le cinquième duel n'a pas été plus florissant pour la tête de série N.19. Et Gaël Monfils se trouve dans une situation comparable face à la tête de série N.3. Leur première rivalité était née à New York en 2005, pour un succès en cinq sets du Serbe qui avait alors usé de tous les artifices pour se sortir du piège dans lequel il tombait. Depuis, les deux hommes se sont encore croisés trois fois, que ce soit à Roland-Garros (2006), aux JO de Pékin (2008) et Bercy (2009), pour autant de victoires du natif de Belgrade. Pour obtenir pour la deuxième fois de sa carrière un ticket pour les demi-finales d'un Grand Chelem (après Roland-Garros 2008), le Français va donc devoir sortir un bel exploit.
Federer va retrouver Soderling
Roger Federer s'est qualifié lundi pour les quarts de finale de l'US Open en battant l'Autrichien Jurgen Melzer (N.13) 6-3, 7-6 (7/4), 6-3. Le N.2 mondial affrontera en quart de finale le Suédois Robin Soderling (N.5), le joueur qui avait mis fin à sa série record de 23 demi-finales consécutives en Grand Chelem, en juin à Roland-Garros. Le Suisse maintient toutefois une autre jolie série en vie: il atteint pour la 26e fois consécutive le stade des quarts de finale en Grand Chelem (depuis Wimbledon 2004). "Je n'ai pas encore perdu un seul set dans le tournoi, je suis forcement content de ma façon de jouer, a dit Federer. Je joue bien, en étant agressif." Après le gain facile de la première manche (en 27 minutes), le Suisse a eu les faveurs du filet sur service adverse pour pouvoir remporter le jeu décisif du deuxième set. Par deux fois, sur une attaque de coup droit au quatrième point et sur un retour de service au neuvième point, la bande du filet a été très généreuse avec le Bâlois, penchant gentiment de son côté.
"Ce n'était pas possible d'être plus chanceux que lui dans ce tie break, a réagi Melzer. Je méritais de gagner ce deuxième set, j'étais le joueur le plus dangereux, j'ai eu des balles de break (ndlr: 2) et lui aucune." Federer se faisait surprendre au premier jeu du dernier set, concédant son service. Mais il effaçait immédiatement l'avantage de l'Autrichien puis défendait quatre balles de break au 5e jeu pour mener 3-2. Un nouveau break du Suisse (4-2) et une défense couronnée de succès de trois autres balles de break (au 7e jeu) finissaient ensuite de briser les dernières bonnes intentions de Melzer.
L'actuel N.2 mondial ne compte qu'une seule défaite contre le Suédois (N.5), pour douze victoires depuis 2004. Mais quelle défaite ! "Robin est vraiment très fort depuis deux ans, il va finir dans le Top 5 à la fin de l'année, a indiqué Federer. Je l'avais battu en quart de finale ici l'an passé après un match difficile, je m'attends à la même chose. Il n'y a pas de secret entre nous." "C'est toujours une super sensation de jouer contre les meilleurs du monde, se réjouit Soderling. C'est pour des matches comme ça que tu t'entraînes. Mais je pense que n'importe quel joueur du Top 10 peut battre Roger."
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