Mondiaux de Richmond : Matthieu Jeannès, un Frenchie face aux armadas du World Tour
Les championnats du monde de cyclisme démarrent ce dimanche à Richmond. Pour préparer le contre-la-montre par équipe, les armadas s’entraînent déjà à passer les relais, à maîtriser un circuit long de 38 kilomètres. Sagan, Martin, Dennis… Les meilleurs rouleurs du peloton se sont donnés rendez-vous sur le sol américain, et en attendant le chrono individuel de mercredi, s’affrontent une première fois en équipes, composées de six éléments. Non loin de ces stars du cyclisme, il y a Matthieu Jeannès. A 27 ans, ce Breton découvre le monde professionnel, lui qui a débarqué fin avril aux Etats-Unis. Néo-pro dans la formation Lupus Racing Team, équipe continentale, le jeune homme s’apprête à courir son premier championnat du monde. Une sorte de seconde chance pour cet ancien coureur amateur, qui n'a pas eu de chance dans sa première carrière.
Personne n’aurait pu prédire un tel scénario de carrière pour Matthieu Jeannès, dont la carrière amateur avait pris fin en 2012, suite à de nombreux problèmes physiques. « Je devais me faire à nouveau opérer de l'artère iliaque. J'ai décidé d'arrêter le vélo car ça me gênait quand je faisais des efforts intenses ». Cet espoir de passer professionnel s’était envolé par la même occasion. Mais par amour du sport, le jeune homme reprend une activité physique. Se met au triathlon et à l'ironman, et recommence à rouler, pour bien préparer ces événements.
Le Finistérien décide alors de s’envoler une première fois au Canada, avec son frère cadet Thibault. Pour six mois, avec l’espoir d’y décrocher un permis de travail. La famille, les copains, le travail : cet ancien triathlète plaque tout pour aller vivre « son » aventure. Un road-trip qui s’achèvera en décembre dernier. Des souvenirs plein la tête, Matthieu Jeannès est prêt à retenter l’aventure : le billet d’avion est pris pour avril. En attendant, il distribue les pubs dans les boîtes aux lettres, et court le dimanche, parmi l’élite bretonne. Avril arrive enfin, le voilà qui retraverse l’Atlantique. Direction Bromont (à 85 kilomètres de Montréal) et le centre national du cyclisme.
"C'est un peu comme une seconde chance"
Là-bas, il tape dans l’œil de Phil Cortès, ancien cycliste professionnel, et directeur sportif de la formation continentale Lupus Racing Team. Jeannès participe d’entrée de jeu au Tour du Lac Qinghai, en Chine. S’ensuivent ensuite de nombreuses courses américaines, jusqu’au Tour de l’Alberta, fin août dernier. Et enfin, Richmond, ce dimanche. « C'est un peu comme une seconde chance, raconte-t-il, ça fait plaisir d'avoir l'opportunité de faire de belles courses. Je me sens un peu comme un cadet parfois, et c'est une sacrée expérience humaine.
Son nouveau statut de coureur professionnel ne lui permet pas de vivre aisément, comme certains pourraient l’espérer. « Je ne roule pas sur l’or, et je ne cotise pas pour ma retraite. Au moins, je fais ce qui me plaît. Je paie mon loyer et l'assurance de ma voiture, et je m'achète aussi ma nourriture. C'est un peu précaire mais c'est tout. Je vis une superbe expérience, qui change du rituel boulot-maison-dodo ». Matthieu Jeannès le sait, il ne sera jamais champion du monde. Ni même dans une équipe World Tour. Mais il a l’occasion de réaliser le rêve de beaucoup de coureurs ce dimanche, le temps de 38,8 kilomètres. Et de concrétiser, par ce même départ, sa deuxième chance.
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