Mondial féminin : les Américaines et l'esprit de la "révolution" de 1999
Kylian Mbappé, Antoine Griezmann et leurs coéquipiers avaient pour modèles, avant leur sacre l'été dernier en Russie, Zinédine Zidane, Fabien Barthez et tous les champions du monde 1998. Emmenée par Carli Lloyd et Alex Morgan, cette équipe des Etats-Unis marche sur les traces de Brandi Chastain, Mia Hamm ou encore Kristine Lilly, sacrée championnes du monde à domicile en 1999.
Nous sommes la continuation de cette équipe
"Elles ont instillé un état d'esprit, une mentalité et un style de jeu qui nous parlent encore vingt ans après", résume Morgan, la buteuse attitrée de "Team USA". "C'est clairement la source d'inspiration de notre équipe: sans elles, nous ne serions pas là", renchérit la milieu de terrain Megan Rapinoe.
"J'ai le sentiment que nous sommes la continuation de cette équipe, même si nous ne sommes pas de la même génération et même si nos personnalités sont différentes. J'espère qu'on les rend fières par notre façon de jouer et les progrès que nous avons obtenus, sur les terrains et en dehors", insiste la joueuse de Seattle. Car l'équipe américaine de 1999 a gagné sur tous les terrains, aussi bien sportif que sociétal, et celle de 2019 a repris fièrement le flambeau.
Une image restera à jamais associée à l'épopée des "99ers": celle de la joie de Brandi Chastain. Après avoir offert le titre aux Etats-Unis en marquant son tir au but contre la Chine en finale, au Rose Bowl de Pasadena devant 90.000 spectateurs, elle avait enlevé son maillot en dévoilant sa brassière. Pour l'ancienne attaquante, qui faisait également partie de l'équipe américaine sacrée championne du monde en 1991, puis championne olympique en 1996 et 2004, le titre mondial de 1999 est un acte fondateur.
Des pionnières du soccer aux Etats-Unis
"Avant, les adolescentes n'avaient pas de sport à elles et ne pouvaient pas s'identifier à des joueuses qui leur ressemblaient. C'est comme si elles avaient pu se regarder dans un miroir et c'est pour cela que l'impact dure encore", estime Chastain. Chastain et ses coéquipières revendiquent volontiers l'appellation de "pionnières", car elles ont donné envie à des milliers de jeunes Américaines de se mettre au "soccer".
"Notre but, c'était d'installer le football durablement, on avait l'impression qu'on jouait à quitte ou double", rappelle-t-elle. "On a vite senti qu'on vivait un moment fort, que c'était plus qu'un tournoi de football, c'était un tournant pour la société", renchérit son ancienne coéquipière Julie Foudy. "Nous avions un rêve, c'était que les gens se rendent compte du potentiel inexploité du sport féminin, on voit maintenant que cela porte ses fruits. Il a fallu vingt ans pour en arriver là, mais il y a encore des barrières à faire tomber", regrette-t-elle.
Car plus encore que leur style de jeu résolument offensif et leur hégémonie sur le football mondial, ce qui rapproche les équipes de 1999 et 2019, ce sont leurs combats. Les internationales qui prennent part au Mondial 2019 en France ont lancé en mars une procédure en justice contre leur fédération (USSF) pour obtenir l'égalité des salaires et des conditions de travail avec leurs collègues masculins.
En 2014, l'USSF a ainsi octroyé 5,3 millions de dollars (4,7 millions d'euros) de primes à la sélection masculine pour avoir atteint les 8e de finale du Mondial au Brésil. L'année suivante, l'équipe féminine n'a reçu que 1,7 million de dollars (1,5 million d'euros) de prime après son troisième titre mondial au Canada.
"J'aime leur courage, j'aime le fait qu'elles ne s'arrêtent pas lorsqu'on leur dit non. Elles ne se battent pas uniquement pour elles, mais aussi pour les gamines qui sont dans les tribunes", admire Mia Hamm, deuxième meilleure buteuse de l'histoire de "Team USA" (158 buts). "Leur combat ne s'arrête pas au foot, c'est aussi pour l'image et la valorisation des femmes dans notre pays", rappelle-t-elle.
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