MLS - Aurélien Collin : "La Ligue a très bien organisé notre prison dorée"
A l’arrêt depuis le 12 mars, la MLS a fixé son retour au 8 juillet pour un tournoi de reprise intitulé “MLS is back”. 26 franchises vont s’affronter à Orlando, dans un État de Floride devenu un des points chauds de l’épidémie de Covid-19 ces dernières semaines. 9585 nouveaux cas positifs y ont été recensés pour la seule journée de dimanche, un record. Alors que la compétition reprend dans une semaine et que seulement 6 franchises sont arrivées à Orlando, la Ligue a indiqué la détection de 20 cas de Covid-19 parmi les 668 joueurs testés depuis le début du mois de juin.
Certains fans, dont les Emerald City Supporters, un groupe affilié aux Seattle Sounders, n’ont pas hésité à faire part de leur inquiétude. “Nous pensons qu’envoyer nos joueurs, entraîneurs et staff en ‘quarantaine’ dans l’enceinte de Disney World revient à mettre en danger leur carrière, si ce n’est leur vie”, ont-ils écrit dans un communiqué. Les Etats-Unis sont le pays le plus touché par la pandémie sanitaire, avec près de 130 000 décès et plus de 2.5 millions de cas positifs de Covid-19. Une semaine plus tôt, l’équipe féminine d’Orlando a déclaré forfait lors de la Challenge Cup après la détection de 6 cas positifs.
Malgré les craintes, la Ligue n’entend pas remettre en cause son projet de reprise. Elle joue sur la transparence et insiste : les protocoles sanitaires seront stricts. Tout le petit monde du football vivra dans un monde parallèle et chaque équipe aura sa bulle. Aurélien Collin, le défenseur français, présent en MLS depuis près de 10 ans est concerné par la reprise. S’il nous faisait part de ses craintes en mai, le joueur de Philadelphie veut faire confiance à la Ligue.
Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous à une semaine du tournoi de reprise ?
Aurélien Collin : “Je n'avais aucune incertitude il y a encore quelques semaines. Tout est concret maintenant. Quelques équipes sont déjà arrivées à Orlando. Nous (Philadelphie, ndlr) arriverons jeudi. Des joueurs sont tombés malades, mais la Ligue est très bien préparée. Jusque-là tout se passe bien. On sera dans des hôtels où il n’y aura que nous. On est testés quasiment tous les jours. Si quelqu’un tombe malade, il ira en quarantaine."
Avez-vous eu le temps de reprendre l’entraînement normalement ?
AC : “Depuis deux semaines nous pouvons nous entraîner normalement. L’accès au centre d’entraînement n’est permis que depuis quelques jours. On fait attention, on porte un masque à l’intérieur des infrastructures. Tout est très contrôlé. On est testé quasiment tous les jours."
Vous n’étiez pas très motivé à l’idée de passer de longues semaines enfermé dans un hôtel. Votre coéquipier Alejandro Bedoya a même parlé de ‘prison dorée’...
AC : “Alejandro a raison. On ne pourra rien faire. On va participer à un tournoi que l'on passera tout seul dans notre chambre. On n'aura aucun contact avec l’extérieur, ni avec les autres équipes. C’est une sorte de prison dorée, mais c’est un sacrifice qu’il faut faire. En Allemagne, la reprise se passe bien, c'est rassurant. On va jouer sans fans, mais tout sera à la télé. C’est bien pour la Ligue, pour les Etats-Unis.”
L’éloignement avec votre femme était votre principale préoccupation. Comment envisagez-vous les choses ?
AC : “La Ligue a été clémente. Le tournoi devait durer de 6 à 8 semaines mais il s'étirera sur 5 semaines maximum si on va jusqu’en finale, 3 et demi si on est éliminés au début. C’est beaucoup, mais ça ressemble à la durée d’une pré-saison habituelle. Je comprends le mécontentement de certains joueurs, mais ça fait 3 mois qu’on est avec nos familles, on est obligé de faire des concessions. Les administrateurs des clubs sont très serviables. Si un membre de notre famille a besoin de quoi que ce soit, des gens seront là pour s’en occuper.”
Les 20 cas détectés parmi les joueurs ne vous inquiètent pas ?
AC : “La Ligue a très bien organisé notre prison dorée. Quoiqu’il arrive on va partir. On jouera au foot et on rentrera à l’hôtel profiter du room service. Les conditions ne sont pas parfaites, mais c’est un sacrifice et on a confiance dans la Ligue. Après, si elle n’a pas pris les bonnes mesures, il y aura beaucoup de problèmes. C'est la réouverture de certains Etats qui a posé problème. Les footballeurs qui sont tombés malades sont des gens de Floride, de Californie, du Texas, voire du Canada pour quelques uns."
D’après vous, paradoxalement, c’est dans les Etats où les règles de confinement n'ont pas été assouplies que les joueurs sont le plus en sécurité ?
AC : "A Philadelphie, tout est encore fermé et toute reprise à la vie normale a été ralentie avec les protestations contre le racisme. On est en quelque sorte protégés grâce à ça. Des amis dans le Texas me disent que beaucoup de gens au supermarché ne respecte pas les règles de distanciation et ne portent pas de masques. Dans ce cas-là, je serais bien plus inquiet. Et, en tant que joueurs de football, on est de toute façon beaucoup plus en sécurité [que les autres]."
4 mois de coupure, une pandémie, un pays bousculé par la question raciale… Comment envisager une reprise du football dans ce contexte ?
AC : “Ça nous fait tous redescendre sur terre. Je suis un peu plus âgé, mais les jeunes dont le dieu est le foot se rendent compte que le foot ne fait pas tout. Le monde est en crise et il faut rester concentré à aider notre prochain. Nous, on est en forme, on est les moins touchés. C’est le message qu’il faut retenir. Il y aura un avant et un après Corona. Tout le monde doit se remettre en question.”
De France, la suractivité de Donald Trump sur Twitter ainsi que sa gestion de la situation font beaucoup de bruit...
AC : “Trump, ça fait très longtemps que les gens ne regardent plus ses tweets. Je ne suis tout ça que de loin. J’ai arrêté de le suivre sur Twitter. Il a un front-office très fort, il aime la provocation. Il a fait scandale à un moment mais, maintenant, ce ne sont que les gens qui regardent la télé qui vont réagir. Nous on passe au-dessus de ça.”
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