Maître Federer est toujours vivant
Tel le Phénix, il renait de ses cendres. Ce n'est pas la première fois que Roger Federer est enterré de son vivant. Une seule victoire en tournoi, des défaites successives contre Novak Djokovic ou Rafael Nadal (et même Richard Gasquet et Jurgen Melzer), et la vindicte populaire n'a pas tardé à voir en ses 29 ans et en sa troisième place mondiale le début du déclin. Mais l'ancien maître du circuit masculin a fait de ces impressions un avantage. Depuis le début des Internationaux de France, il se fait discret, alors que chaque coup de raquette de Novak Djokovic est décrypté, chaque toussotement de Rafael Nadal est commenté. Moins de pression, moins de lumières médiatiques, mais le Suisse se retrouve bien en demi-finale de Roland-Garros, qui plus est sans avoir perdu un seul set. Mieux que Djokovic (un set perdu), beaucoup mieux que Nadal (deux sets perdus). Et ce n'est pas Gaël Monfils qui pourra vraiment pondérer la performance de l'ancien N.1 mondial.
Avec une journée de repos de moins suite à l'arrêt de son bras de fer contre David Ferrer au tour précédent, le Français n'a pas brillé. Dans le vent, sur le court Philippe-Chatrier, il se trouvait bien loin des conditions de Bercy où il l'avait battu en trois manches et en trois jeux décisifs en octobre dernier. Ce vent qui a fortement contribué à bousculer son rendement au service, rendant l'une de ses armes principales peu efficace. Cette seule victoire en six affrontements n'a pas donné beaucoup d'idées au protégé de Roger Rasheed, qui était pourtant le premier à se mettre en évidence en subtilisant le service adverse (2-1). Mais Federer revenait pour égaliser à (3-3), et faisait de nouveau le break au meilleur moment, puisque c'était pour décrocher le premier set (6-4). Le rouleau-compresseur semblait en action, les jeux défilant pour atteindre (3-0). La tête de série N.9 avait une petite réaction (3-2), mais ratait totalement ce sixième jeu, avec notamment un smash dans le bas du filet alors qu'il se trouvait à 1m, puis deux double-fautes consécutives pour offrir un nouveau break à l'Helvète (4-2). Le jet de raquette symbolisait l'impuissance et l'agacement de Monfils face à son jeu truffé de fautes, parfois grossières, et face à la vitesse d'exécution de son rival qui ne lui laissait que peu de temps pour réagir. Après avoir empoché cette deuxième manche (6-3), le vainqueur de l'édition 2009 sortait une amortie de son sac à malices pour prendre encore le service adverse (1-0). Mais Gaël Monfils parvenait à combler son retard pour égaliser à (2-2). Signe de la supériorité de Federer, ce dernier se procurait trois balles de break à (4-4), puis trois à (5-5) sans que son vis-à-vis ne fasse de même avant le jeu décisif. La tendance était lourde, sans surprise, et le Suisse finissait sur son engagement, après 2h34 de match par l'emporter 6-4, 6-3, 7-6 (7/3).
Comme en 2008 et comme en 2009, Roger Federer élimine Gaël Monfils, dernier représentant tricolore dans le tableau masculin. Sans avoir eu à puiser dans ses réserves physiques ni dans son arsenal tactique, il se retrouve, une nouvelle fois, dans le dernier carré. Après cinq années consécutives, il avait raté cette marche l'an dernier face à Robin Soderling. Et il lui est proposé un défi à double et même triple détente. Contre Novak Djokovic, il va devoir mettre fin à une série de trois défaites consécutives, toutes cette année, lui qui mène tout de même leurs duels par 13 victoires à 9. Contre le Serbe, il peut mettre fin à une série de 41 victoires de suite, ce qui empêcherait son adversaire d'égaler le record de John McEnroe sur une saison (42), l'empêchant en même temps d'accéder peut-être à la place de N.1 mondiale (si Rafael Nadal va jusqu'en finale). Contre Novak Djokovic, il peut retrouver enfin la finale d'un tournoi du Grand Chelem, ce qu'il n'a plus connu depuis sa victoire en Australie en 2010.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.