L'Iran annonce avoir exécuté un lutteur condamné pour meurtre, le CIO exprime son désarroi
L'Iran a annoncé samedi avoir exécuté un jeune lutteur, Navid Afkari, condamné à mort pour le meurtre d'un fonctionnaire lors d'"émeutes" en 2018, selon le site internet de la télévision d'Etat. La sentence du "qesas", c'est-à-dire la "loi du talion", une peine de "rétribution", a été exécutée ce matin dans une prison de Chiraz, a indiqué à la télévision étatique le procureur général de la province de Fars, Kazem Mousavi. La peine capitale a été appliquée "face à l'insistance de la famille de la victime", a-t-il ajouté.
Une rencontre entre l'accusé et la famille de la victime devait avoir lieu dimanche
Mais selon l'avocat de M. Afkari, Me Hassan Younessi, une rencontre avec la famille de la victime devait avoir lieu dimanche pour "demander pardon" et ainsi éviter l'application de la peine capitale. "Etiez-vous si pressés que vous avez refusé à Navid son droit à une dernière visite", s'est insurgé Me Younessi sur Twitter. L'organisation de défense des droits humains Amnesty international s'était alarmée vendredi de l'"exécution secrète imminente" de Navid Afkari, affirmant que lui et ses deux frères, condamnés à de lourdes peines de prison dans la même affaire, étaient les "dernières victimes du système judiciaire iranien déficient".
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Selon l'Autorité judiciaire, M. Afkari avait été reconnu coupable d'"homicide volontaire" sur un fonctionnaire de la régie publique de l'eau à Chiraz (sud), poignardé le 2 août 2018. Comme plusieurs autres villes d'Iran, Chiraz avait été le théâtre ce jour-là de manifestations hostiles au pouvoir et dénonçant la situation économique et sociale du pays.
Trump avait appelé à "épargner une grande star de la lutte"
Le verdict avait fait polémique et les soutiens avaient afflué en Iran comme à l'étranger après la publication d'informations à l'étranger affirmant que M. Afkari, 27 ans, avait été condamné sur la base d'aveux extorqués sous la torture. L'agence de l'Autorité judiciaire Mizan online avait démenti début septembre ces accusations. Le président américain Donald Trump avait appelé l'Iran à "épargner" la vie d'une "grande star de la lutte (...) qui n'a fait que participer à une manifestation antigouvernement".
Le Comité international olympique (CIO) a répondu à l'Iran dans un communiqué publié sur son site internet. "L'exécution du lutteur Navid Afkari en Iran est une très triste nouvelle. Le CIO est choqué par cette annonce aujourd'hui. Le président Thomas Bach avait adressé par lettre cette semaine plusieurs appels personnels directs au guide suprême et au président iranien afin de demander la grâce de Navid Afkari", explique le CIO dans son communiqué avant d'ajouter qu'il était "profondément regrettable que les appels des athlètes du monde entier et tout le travail mené en coulisses par le CIO avec le Comité National Olympique d'Iran, la Fédération mondiale de lutte (UWW) et la fédération iranienne de lutte n'aient pas atteint notre objectif."
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Avec au moins 251 exécutions en 2019, l'Iran est, après la Chine, le pays qui a le plus recours à la peine capitale selon le dernier rapport mondial sur la peine de mort publié par Amnesty International. Ce nombre a néanmoins "diminué de moitié" par rapport à 2018, selon Amnesty.
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