Comment les combattants de MMA continuent l'entraînement malgré l'interdiction des contacts
Comme tous, les adeptes du MMA(Mixed Martials Arts) ont dû s'adapter. Confinement, déconfinement, reprise de l'activité sportive, les avancées sont là. Et depuis le 2 juin dernier, les équipes de la Snake Team, l'un des clubs de sports de combat de MMA les plus réputés en France, ont mis en place un "Summer Camp". Pour les adhérents, c'est une vraie reprise de l'activité physique dans un contexte contraint. Les coachs de la Snake Team ne voulaient pas laisser leurs ouailles aux oubliettes. Ils ont donc créé des exercices adaptés, dans le respect obligatoire des règles de distanciation mais surtout en interdisant tout contact entre les combattants. Un retour assez spécial.
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Le physique, le principal axe de travail pour les combattants amateurs
Tous les mardis et jeudis soir, du côté du parc de la Butte des Chatâigniers à Argenteuil, ils se donnent rendez-vous. Les fidèles du MMA sont présents. Ils sont presque 20 ce jour-là, déterminés, prêts à transpirer, à se faire mal sous les ordres des deux instructeurs du jour : Yves Landu et Papou Lélé. Pour les non connaisseurs, ce sont deux poids lourds du MMA tricolore. Le premier est champion d'Europe de pancrace, champion de France de sanda, de grappling. Le deuxième est champion de France de boxe thai et l'une des figures montantes des arts mixtes dans l'Hexagone. Deux champions pour faire suer la vingtaine de combattants amateurs. En l'absence de contact, c'est donc la préparation physique qui est privilégiée.
Et on rentre tout de suite dans le dur avec des courses à haute intensité avant de grimper les quelques 100 marches de la Butte, une épreuve nécessaire pour Papou Lélé. "On a dû s'adapter. On les fait travailler différemment. On se concentre à fond sur leur physique afin de les préparer au mieux pour la reprise. Même si ce n'est pas le côté le plus sympa de ce sport, on est obligé", explique l'instructeur de 34 ans.
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Une troupe surmotivée
Après un début d'entraînement déjà très intense, pas de place pour le repos. Les forçats du jour pratiquent différents enchaînements pour ne pas perdre leur technique. Le coach Papou Lélé est toujours bien présent, à scruter les moindres erreurs de chacun pour les corriger sur-le-champ. "Si vous ne ressentez pas que votre corps travaille, c'est qu'il y a un problème", scande-t-il. Jamais avare en conseils, le Français de 34 ans continue de motiver ses troupes. Selon lui, cette période peut être bénéfique pour ces amateurs. "On travaille des points qu'on n'a, d'habitude, pas le temps de bosser. La prépa physique va être très importante pour eux, ils s'en rendront compte plus tard. Sans un corps à 100%, tu peux avoir la meilleure technique du monde, tu ne feras pas le poids. Donc on les fait suer comme il faut. Ils nous remercieront plus tard", confie en souriant l'instructeur Lélé.
Et il va bien les faire suer. Certains sont déjà trempés au bout de 30 minutes sous le soleil d'Argenteuil. Papou va leur laisser un peu de répit pour qu'ils s'essayent aux techniques de luttes. "Quand on arrive au moment où on peut réellement faire du MMA, même s'il n'y a personne face à nous, ce n'est que du plaisir", raconte Enzo, jeune licencié de 18 ans. Des pratiques "dans le vide" mais qui permettent à tous les combattants de ne pas oublier les principes de base du MMA. "Le physique est primordial mais il faut quand même qu'on leur fasse faire autre chose, sinon je pense qu'ils deviendraient fous", justifie Papou Lélé.
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Le shadow boxing, la solution à suivre
La population est totalement mixte du côté de la Snake Team. 6 filles sont là, elles se font entendre, mais sont toujours sérieuses au moment des exercices. La tranche d'âge varie elle aussi de jeunes de 18 ans à de véritables trentenaires, le Summer Camp est ouvert à tous. Mais soyez prêts puisque ce n'est pas fini. Après une bonne prépa physique à la sauce Papou, c'est au tour d'Yves Landu de prendre les choses en main. Le champion d'Europe de pancrace a concocté quelques petits ateliers au sein d'un stade de foot. Les sourires se lisent sur les visages des adhérents au moment d'enfin pouvoir enfiler ces gants. "Le meilleur moment de ma journée", s'exclame un des combattants.
Mais que peuvent faire ces apprentis du MMA si les gestes barrières doivent être appliqués ? Leur coach a tout prévu. Quatre ateliers attendent les 20 courageux. Deux exercices physiques, encore, mixant pompes, abdos et gainages tandis que les deux autres sont plus "cool" et permettent aux pratiquant de s'exercer au "shadow boxing". "C'est compliqué de respecter les gestes barrières en pratiquant le MMA. On ne peut pas faire la partie sol ni les parties corps à corps. On compense avec du shadow boxing qui consiste à faire des enchaînements de boxe solo. Du mouvement, des esquives, une attitude de lutteur, ça permet de faire travailler beaucoup de points que doit obtenir un bon combattant MMA", explique le professeur.
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Un plaisir retrouvé par tous malgré la situation
La sueur fait rage au sein de cette petite enceinte de foot. Ce n'est pas une imitation de Cristiano Ronaldo ou Lionel Messi, mais plutôt en mode Conor McGregor. Malgré le nombre élevé de participants, les instructeurs essayent de corriger chaque détail. "On n'a qu'une heure et demie avec un groupe de 20, c'est compliqué", avoue Papou Lélé. Pour autant chacun a le droit à son petit moment conseil. "Le confinement nous a bloqué, alors maintenant je n'ai qu'une envie, c'est de bosser avec tout le monde. Moi, même tout seul, j'apprenais des techniques pendant le confinement", raconte Olivier, combattant de 31 ans.
Après un check collectif de loin, coronavirus oblige, le cours se finit sous les applaudissements de chacun. Il leur reste encore un peu de force pour taper dans leurs mains. Si les amateurs acceptent ces privations, pour les combattants pros, c'est beaucoup plus compliqué.
Des lions enfermés en cage
Le confinement a mis à mal les sports de combat. Plus de deux mois d'arrêt complet, la période a été très difficile à gérer pour les combattants professionnels, selon Cyrille Diabaté, ancien pro désormais entraîneur confirmé à la Snake Team. "Le confinement a été une période très délicate à vivre pour toute mon équipe. On est des personnes très dynamiques et actives. On a eu l'impression d'être enfermés dans une cage pendant 2 mois. On l'a très mal vécu", confie à cœur ouvert le colosse de 46 ans.
Les combattants professionnels de la Snake Team ont dû, comme la plupart des sportifs de haut niveau, s'adapter pour continuer de travailler. Là encore, la préparation physique a été primordiale mais insuffisante pour ces affamés de combat qui n'avaient qu'une chose en tête : combattre à nouveau. "J'ai beaucoup parlé avec eux. C'était nécessaire, il ne fallait pas que je les laisse tomber. Je leur donnais des conseils, des exercices à suivre pour qu'ils restent focus. Le plus gros problème de mes combattants, c'était l'inconnu, le manque d'objectifs", raconte Cyrille Diabaté.
Un phénomène étrange de progression chez certains
Malgré tout, l'ancien quadruple champion du monde de muay-thai a vu du positif durant le confinement. "Pour certains un peu de repos, ça a fait du bien à l'esprit et au corps. Toute l'année ils ont un peu la tête dans le guidon. Là, ils ont vu autre chose, leur corps a pu se ressourcer et certains ont progressé dans certains domaines. C'est un phénomène étrange à expliquer, mais ils ont pu absorber beaucoup d'informations et de techniques qu'ils n'ont pas le temps de travailler normalement", glisse le coach.
Ils ont pu reprendre l'entraînement plus tôt que les amateurs grâce à l'allègement des règles pour les sportifs de haut niveau. Pas de Summer Camp pour eux mais un retour à leur salle d'entraînement d'Epinay-sur-Seine. "Heureusement, on a pu vite reprendre dès la fin du confinement. Certains devenaient fous et étaient en manque d'entraînement. Petit à petit on revient à nos entraînements d'avant covid-19, et c'est bénéfique pour tout le monde. Ils n'auraient pas pu continuer dans une telle situation", assure le membre imminent de la Snake Team.
"Mes gars sont responsables, ils se sont tous bien renseignés sur le virus. On sait ce qu'on peut faire et ne pas faire. Les gestes sanitaires font partis désormais de notre quotidien. Il faut peser le pour et le contre, tomber malade ou continuer leur carrière sportive. Le choix est vite fait. On a mesuré les risques. Maintenant il est temps pour eux de rattraper le retard qu'ils ont pris ces derniers mois. En tout cas, si un évènement MMA est organisé dans n'importe quel coin du monde, je n'hésiterais pas à envoyer mes gars", assène Cyrille Diabaté, fier de ses hommes. Aux Etats-Unis, le 31 mai dernier, un combat UFC avait déjà été organisé à Las Vegas. En France c'est plus compliqué. Mais le ralentissement de l'épidémie laisse entrevoir un avenir plus radieux.
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