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Lizeroux: "Je me nourris des échecs"

En stage à Ushuaïa avec l'équipe de France de ski alpin, Julien Lizeroux est revenu en exclusivité sur les leçons tirées de la saison passée, et sur celle qui s'ouvrira dans un mois à Sölden pour un géant. De l'échec des Jeux Olympiques à sa deuxième place en slalom de Coupe du monde, le slalomeur retient "des atouts pour la prochaine saison". A 31 ans, il ne compte pas s'arrêter, aimant toujours autant "ce mélange de tension, de peur, d'appréhension, d'excitation".
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

- Quel est votre bilan de la saison dernière ? Cette saison vous laisse-t-elle des regrets ou au contraire des espoirs ?
- "A chaud comme à froid, le bilan de ma saison est très positif. Mais on ne peut pas dire que je sois un personne qui regarde trop vers l'arrière. Je me nourris des échecs pour aller sans cesse de l'avant. Mais bien sûr que ma régularité et ma 2ème place mondiale en slalom sont des atouts pour la prochaine saison. Après, je ne parle ni de regrets - je n'en ai jamais - ni d'espoir - j'en ai toujours -. Je parle juste d'une constante évolution et d'une remise en question perpétuelle pour continuer de progresser et de me faire plaisir. Dans les aspects positifs: la régularité de ma saison de Coupe du monde. Dans les côtés négatifs: les JO et l'énergie perdue avec les sollicitations. A moi de garder le bon et d'effacer le moins bon."

- Comment avez-vous vécu l'après-JO et notamment les critiques des skieurs français, de leur encadrement ?
- "Je suis très critique et très exigeant vis a vis de moi même et des autres. J'aime la critique à partir du moment ou elle est constructive. Forcément quand on n'a pas été bon, je trouve tout a fait normal qu'il y ait des critiques, mais j'ai été plus que surpris de voir la teneur des articles et reportages proposés post-JO, uniquement de la spéculation pour vendre du papier avec des contenus douteux. Bref, je déteste que l'on casse du sucre sur mes entraîneurs
en France. Il faut à tout prix que ce soit la faute de quelqu'un ou d'un système. En l'occurrence, on n'a pas été bons, nous les athlètes, point barre. Nous sommes les premiers pénalisés et on l'assume."

- Cette première expérience olympique vous a-t-elle apporté quelque chose de nouveau ?
- "Oui plein de nouvelles choses: l'ambiance de la famille olympique, le village, les médias. J'ai trouvé que j'avais laissé beaucoup trop d'énergie dans les "à côtés". Chaque personne est différente, chaque parcours est unique, et en y ayant bien réfléchi, bien sûr que les JO étaient une expérience magique, mais à choisir entre une course Olympique avec 3 000 personnes et le slalom de Schladming avec 60 000 personnes..."

- Y a-t-il eu des changements dans votre préparation pour cette nouvelle saison ?
- "Non aucun. On s'adapte et on évolue en permanence. Notre préparateur physique Olivier Pedron a souhaité privilégier sa vie de famille et c'est donc Thibaut Trameau qui a pris sa place. Du sang neuf avec une nouvelle manière de travailler, cela nous permet de ne pas nous endormir."

- Ushuaïa est un mot qui fait beaucoup rêver. Est-ce aussi un lieu de rêve pour vous, alors que vous faites votre préparation chaque année là-bas ?
- "C'est sur qu'en France Ushuaia ça sonne comme la nature, comme les grands espaces magiques et féeriques, mais en fait c'est tout l'inverse. On est au bout du monde, en plein hiver et l'ambiance est très studieuse et travailleuse. 25 jours de ski sur 29 de présence dans la station de Cerro Castor (à 30 minutes de bus d'Ushuaïa), il peut pleuvoir à 9h, grand soleil à 9h30 et tempête de neige à 10h... Mais nous bénéficions de super conditions d'entraînement et ce stage est très important dans notre planification".

- Votre corps vous rappelle parfois un peu à l'ordre, notamment au niveau des genoux. La volonté et le physique sont-ils encore intacts pour une longue saison ?
- "Oui j'ai des genoux de skieurs, donc usés par les années de pratique. Mon physique n'est pas intact, non, mais j'arrive à encaisser toutes les charges de travail et comme la motivation et le plaisir sont toujours bien présents, je ne compte pas m'arrêter tout de suite."

- En 2009, vous étiez double vice-champion du monde. En 2010, deuxième place en Coupe du monde de slalom. Est-ce que vous vous fixez un objectif précis pour cette saison ?
- "Mon seul objectif comme au départ de chaque saison c'est de tout mettre en place pour arriver au départ des courses à 100% de mes moyens, de tout donner et de faire les comptes en bas. Ni plus, ni moins."

- Jean-Baptiste Grange est revenu après sa blessure dans le groupe France. Cet événement l'a-t-il changé ? Son retour va certainement focaliser une partie de l'attention des médias. Un soulagement pour vous ?
- "Non JB n'a pas changé. Une blessure, passage obligé du skieur, ça fait mûrir, ça fait évoluer mais pas changer. Il n'y a pas de soulagement. Je suis juste content que JB et Thomas Fanara aient rejoint le groupe et qu'ils puissent a nouveau s'exprimer sur les pistes. On a encore cette année une bonne équipe avec des "vieux" (Cyprien Richard et moi même), des "moins vieux" (Thomas Fanara, Jean-Baptiste Grange, Steve Missilier, Thomas Mermillod), et des "jeunes" (Alexis Pinturlault, Max Tissot, Anthony Obert). Une équipe complémentaire et soudée. Après je ne reste focalisé que sur moi, les sollicitations seront là et je ferai avec en essayant de garder mon espace privé et du temps pour la récupération."

- Quand on se rapproche les dates de Soelden et Levi, vous ressentez de l'impatience ou de l'appréhension ?
- "Aucune des deux. Je me focalise juste sur moi et sur ma préparation pour arriver prêt le jour J. Si j'ai bien travaillé, ça se passe bien, sinon je repars vite à l'entraînement. Ce que j'aime c'est les minutes qui précèdent le départ d'une manche... Ce mélange de tension, de peur, d'appréhension, d'excitation!"

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