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Les stars du confinement (5/5) : Gaël Fickou, le trois-quart devenu deuxième ligne

Depuis le début du confinement, le rugbyman international Gaël Fickou a changé de poste. Habitué à évoluer comme trois-quart centre au Stade Français et parfois à l’aile avec le XV de France, il est subitement monté en deuxième ligne, au soutien de la mêlée solidaire pour lutter contre l’épidémie de Covid-19.
Article rédigé par Manu Roux
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

"Il va falloir du soutien et de la polyvalence. Regardez Gaël Fickou contre l’Ecosse. Il est venu renforcer la mêlée quand son pilier a été expulsé !" La dernière fois qu’on a entendu ces paroles, ce n’était ni dans un vestiaire ni en zone mixte mais sur un plateau de télévision. Et l’homme qui les a prononcées n’est pas un entraîneur, ni un ancien joueur, ni même un journaliste sportif mais un médecin urgentiste, au tout début de la crise, quand il était question de former une "équipe de France pour lutter de façon solidaire contre le Covid-19." Le trois-quart centre international du Stade Français n’était pas au courant de la scène avant qu’on la lui rapporte. Mais comme par mimétisme, il avait décidé de s’appliquer lui-même la consigne dès les premiers jours du confinement. 

Au soutien du personnel soignant

Tout est parti d’une conversation téléphonique avec Thomas Sivadier, un ami restaurateur. "Il m’a fait part de son envie de concocter des plateaux-repas pour le personnel soignant des hôpitaux de la région parisienne et l’idée m’a tout de suite plu !" confie Gaël, devenu cuisinier intérimaire et bénévole au restaurant "Les Princes", tout près du Stade Jean-Bouin, où évolue son club, dans le 16ème arrondissement. "Oh, je ne suis pas un cordon bleu. Je fais des choses simples: couper les patates et les carottes par exemple. Mais j’ai l’impression d’être utile et puis ça me permet de m’évader un peu et surtout de ne pas m’ennuyer parce que je ne suis pas très branché télé et PlayStation." Et le trois-quart centre de 26 ans ne s’arrête pas là. Après la confection, place à la livraison, directement au contact de la première ligne soignante des hôpitaux Ambroise Paré à Boulogne-Billancourt ou Raymond Poincaré à Garches. "Ça nous a permis de nous rendre compte qu’on était dans le vrai. Sur place, j’ai vu des gens qui enchaînaient des journées de 12 heures consécutives et n’avaient pas le temps de prendre une pause pour aller manger." Et malgré le masque de rigueur, Gaël n’a pas réussi à passer totalement incognito. "C’est là qu’on s’aperçoit que le rugby est devenu très médiatisé !" 

Au contact des supporters défavorisés

En plus de cette action en faveur des hôpitaux, Gaël Fickou s’est lancé dans des tournées solidaires avec le Stade Français et des partenaires du club basés à Rungis. "On distribue des paniers-repas contenant des fruits, des légumes, du poisson et des salades aux supporters qui en ont le plus besoin. Tous les joueurs le font à tour de rôle deux fois par semaine. Ça nous permet de passer des bons moments et de revoir un peu nos fans qui sont, comme nous, privés de matches. Ça leur redonne le sourire !" confie Gaël qui aura été fidèle durant ce confinement aux valeurs si chères au rugby. "J’ai vu beaucoup de solidarité, en cuisine, dans les hôpitaux, à Rungis... Même si, pour nous, ce n’était qu’un petit coup de main, chacun a eu à cœur de participer et on a le sentiment d’avoir fait quelque chose de bien !" 

Gaël Fickou espère maintenant pouvoir retrouver cette solidarité sur les terrains de rugby dès que possible. "Même si c’est un sport très dur physiquement et que ça fait parfois du bien de reposer les organismes, là oui, j’ai quand même hâte de rejouer !" Le trois-quart centre qui aura, une fois de plus, démontré sa polyvalence ces dernières semaines sait qu’il lui sera difficile de poursuivre son engagement quand le Top 14 reprendra ses droits. "Avec les bouchons qui vont se reformer dans Paris à la fin du confinement, ça parait difficile de concilier entraînements et livraisons de repas. Ce qui a aussi rendu ces opérations possibles, c’est qu’on pouvait circuler facilement dans la capitale !" Les bouchons et les tampons, deux types d’obstacles que Gaël Fickou devra bientôt de nouveau surmonter. 

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