Les Bleus vainqueurs "à l'Argentine"
L'honneur est lavé. Battus 41-13 par les Argentins en juin dernier, les Bleus ont pris leur revanche ce samedi à Montpellier. Mais celle-ci n'a pas été éclatante, loin de là. Sur une pelouse de La Mosson rendue glissante par la pluie qui s'était abattue sur la région depuis le début de la journée, les Français ont retrouvé des conditions de jeu presque identiques à celles qu'ils avaient connues face aux Fidji à Nantes la semaine dernière. Comme face aux insulaires du Pacifique, la formation de Marc Lièvremont l'a emporté mais que ce fut poussif !
Il est vrai qu'avec quatorze changements par rapport au XV qui avait battu les Fidjiens (34-12), seul Traille conservant son poste à l'ouverture, les automatismes ont mis du temps à se créer. Il puis il y a l'adversaire argentin, toujours aussi pénible à jouer. Parmi les quinze Argentins alignés, neuf d'entre eux évoluent en France, c'est dire si les Sud-Américains avançaient en territoire connu. Et en confiance puisque les Pumas restaient sur 7 victoires sur leurs neuf derniers matchs face aux Tricolores !
De pied de maître
En dépit d'un ballon glissant, les premières minutes laissent présager d'un jeu ouvert, mais la réalité du terrain mouillé rattrape vite les trente acteurs. Parra et Contepomi entrent alors en action. Le demi de mêlée français et l'ouvreur argentin, habituels artificiers en chef, ne trahissent pas leur réputation. C'est le Clermontois qui ouvre les hostilités (3-0, 11e), puis le Gaucho lui répond (3-3, 17e) avant que les Bleus, plus entreprenants à l'image d'un Chabal très actif ne se détachent au cours de cette première période où ils dominent assez nettement les Sud-Américains. Parra est là pour traduire ces efforts au score (9-3 à la pause).
Les quarante minutes suivantes seront moins maîtrisées. Contepomi ramène d'abord les siens à 9-6 (47e) avant que Traille ne passe un drop somptueux qui redonne de l'air aux Bleus (12-6, 49e). Dès lors, les deux formations vont se neutraliser, chacune enchaînant temps forts et temps faibles, les en-avants étant bien plus fréquents que les enchaînements jusqu'aux ailes. Si Parra, infaillible, redonnait un coup de collier (15-6, 60e), son vis-à-vis argentin répliquait aussitôt en transformant une nouvelle pénalité (15-9, 62e). Les vingt dernières minutes étaient des plus crispées... et crispantes. Restant à portée d'un essai transformé argentin, les Bleus résistaient tant bien que mal à la furia des Pumas et bouclaient ce match oubliable en vainqueurs (15-9). Ils restent en position de boucler ces tests d'automne invaincus mais il faudra sans doute en faire un peu plus samedi prochain au Stade de France contre l'Australie !
Déclarations :
Thierry Dusautoir (capitaine du XV de France): "Les Argentins ont été fidèles à leur réputation. Ils ont été très durs devant et opportunistes derrière. On a senti le danger jusqu'au bout. (A propos de la deuxième mi-temps) il y a eu un sentiment de désordre, on n'arrivait pas trop à avoir la maîtrise qu'on a eue dans le jeu en première période. On a forcément perdu de l'énergie à courir après le ballon et rattraper différentes erreurs. Ces vingt minutes de la deuxième mi-temps donnent ce sentiment d'une équipe (française) un peu fatiguée, à la recherche d'air et de rythme. (Frustré?) oui, car je pense qu'on aurait mérité un peu plus d'écart au score. On aurait pu faire autre chose. On n'a pas réussi à concrétiser nos temps forts et c'est dommage. Ca donne le sentiment d'un match gagné de justesse et ça fait un peu râler."
Marc Lièvremont (entraîneur du XV de France): "Je retiens la victoire, d'abord, et puis malgré tout le sentiment que les efforts des gars en première mi-temps n'ont pas été suffisamment récompensés. La faute d'abord au courage des Argentins qui ont plié sans jamais rompre. Cette première mi-temps fut intéressante en terme d'intentions, d'intensité et d'engagement avec une grosse maîtrise mal récompensée au score. Les Argentins ont été régulièrement mis à la faute sans que l'on concrétise. C'est dû aussi à pas mal de déchet dans la conservation du ballon et à un manque de précision près de la ligne. En deuxième mi-temps, on a eu aussi pas mal de déchet, notre jeu s'est décousu, il y a eu énormément d'approximations dans la conquête alors qu'elle avait été quasi parfaite en première mi-temps. En défense, on a laissé que des miettes aux Argentins en première mi-temps et après, on les a vus se remettre à y croire. On a multiplié les mauvais choix, flanché physiquement dès l'heure de jeu avec un stress vécu par tous, moi le premier dans les tribunes, avec ces diables d'Argentins à six points. Ce fut une deuxième mi-temps pas aboutie du tout et un match gagné au forceps. Je reste sur ce sentiment d'approximation en deuxième mi-temps et je regrette qu'on n'ait pas su capitaliser en première, tant la maîtrise française a été impressionnante."
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