Les Bleus avancent à petits pas
"Knysna, c'est un traumatisme à vie. La cicatrice sera toujours là, martèle Laurent Blanc. Ca ne s'effacera pas mais il faut essayer de se relever. Juin n'est pas si loin que ça. On a tendance à oublier d'où on vient." Cinq matches après la débâcle du coq en Afrique du Sud, le gallinacé commence à peine à relever la tête. Pour l'heure, les cocoricos sont remis à plus tard, à des lendemains plus chantants. Depuis sa prise de fonction, Laurent Blanc s'attèle à reconstruire une équipe et forger des mentalités plus adéquates avec le plus haut niveau international. Mais construire sur des cendres encore chaudes réclame patience et prudence. "On a ouvert un chantier après le Mondial en Afrique du sud. On s'y attaque et on essaye de s'améliorer mais il est là et bien là, confirme Blanc malgré un automne réussi. Il y a des progrès à faire dans la complémentarité, les performances individuelles des joueurs et le choix des joueurs."
Un discours pondéré en parfaite adéquation avec une dure réalité : les Bleus sont encore très loin des nations qui comptent aujourd'hui (Espagne, Brésil, Allemagne). Aucune certitude ne se dégage réellement de cette équipe qui a tout juste réussi à briser la spirale de la défaite. Blanc poursuit ses fondations sur trois victoires sans but encaissé. Peu et beaucoup à la fois tant les marches du renouveau sont hautes. "Il ne faut pas se gargariser car il reste beaucoup de matches. Trois matches après la défaite contre la Biélorussie, c'est une bonne chose d'être premier avec 1 pt d'avance. On n'est pas optimiste mais réaliste." Le point positif des trois derniers matches se situe essentiellement en défense, autour de la charnière Mexes - Rami. Avec Lloris dans les buts et l'apport de la sentinelle Alou Diarra devant, la France dispose d'une assise intéressante qu'il faudra désormais éprouver face à des attaquants d'un autre calibre que ceux rencontrés jusqu'ici. "Même la défense reste en construction, confirme Blanc. C'est en net progrès mais il y a toujours de l'incertitude. La formule de quatre défenseurs et une sentinelle apporte de la sécurité, c'est bien."
Plus serein à défaut d'être confiant, Blanc demande du temps pour installer un véritable noyau de joueurs dans son équipe. L'urgence des trop courts rassemblements internationaux n'est confortable pour aucun sélectionneur. Elle l'est encore moins quand on rebâtit une équipe. "Il n'y a pas un secteur ou on est rassuré. Après quatre matches, on ne peut pas avoir de certitudes. Il y a des progrès mais c'est tout. L'idée, c'est de trouver un noyau de joueurs où on est sur de leur valeur. Ça se dessine mais certains ne sont pas titulaires indiscutables dans leur club. Un noyau de 5-6 dans le même club, ça serait plus facile." Ce n'est pas le cas avec des Internationaux qui cirent le banc (Benzema, Mexes ou L. Diarra) ou des joueurs qui brillent en club mais qui peinent avec les Bleus (Malouda, Nasri, Diaby). Comme par hasard, c'est l'animation offensive qui pâtît le plus de cette situation. Gros point noir de la période Domenech, ce secteur sinistré n'a pas beaucoup avancé en changeant de sélectionneur.
En attendant le retour d'un Gourcuff au sommet de sa forme et d'un incontournable Malouda aussi étincelant qu'à Chelsea ou de l'avènement d'un Payet très apprécié par le staff, le chantier de l'attaque est béant. Manque de présence. Manque de percussion. Manque de réalisme. Blanc en appelle surtout aux joueurs qui doivent travailler en club et faire leur possible pour avoir un maximum de temps de jeu. Le cas Benzema est d'ailleurs éloquent. "Carbo" après 70 minutes contre la Roumanie, le Madrilène manque de jus mais ses buts parlent encore pour lui. L'ancien lyonnais est sur fil qui menace de ses rompre à tout moment. "Il n'est pas au top physique, reprend le sélectionneur. Il faut qu'il enchaîne les matches. Quand vous ne jouez pas, ça devient difficile."
Programmées en mars 2011, les prochaines échéances font enrager Blanc tant elles sont loin. D'ici là, les Bleus vont se confronter à deux monuments : l'Angleterre à Wembley en novembre, puis le Brésil à St-Denis en février. Deux matches de gala tout autant que deux tests pour évaluer les progrès d'une équipe en devenir.
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