Les Bleues s'inclinent (2-1) contre la Suède
Surmonter la déception de la demi-finale, tel est toujours le premier enjeu de la "petite finale", celle pour conquérir la 3e place de la Coupe du monde. Après avoir frôlé le Nirvana, Françaises et Suédoises devaient passer au-delà de leurs états d'âme pour tenter de se hisser sur le podium. Après avoir fait jeu égal avec les Américaines, les filles de Bruno Bini voulaient bien finir ce Mondial, déjà très réussi.
Si les premières minutes de la rencontre ont montré des Tricolores en jambes, dynamiques, profitant des espaces dans une rencontre très alerte, très ouverte, la suite a été plus délicate. Tout se gâtait autour de la demi-heure de jeu. C'était d'abord Louisa Necib, la meneuse de jeu, qui subissait un choc au genou. Puis, Lotta Schelin, l'attaquante vedette de l'Olympique Lyonnais, qui partait une nouvelle fois à la limite du hors-jeu dans le dos de la défense tricolore, pour tromper Sapowicz sortie à sa rencontre (29e, 1-0). L'ouverture du score se doublait d'une sérieuse blessure à la cheville de la gardienne, retombée sur le pied de la Suédoise, l'obligeant à être évacuée sur une civière et à céder sa place à Celine Deville. Ce n'était pas le seul changement puisque Necib était contrainte de quitter ses partenaires, remplacée par Elodie Thomis. Deux changements et un but encaissé, les choses étaient mal parties pour les Françaises, bousculées par l'impact physique et la vitesse de la Suède. Bien sûr, il y avait cet tir de Bompastor, contré à bout portant par Svensson (22e), ou cette frappe sublime enroulée de Bussaglia des 20m, qui venait heurter le poteau suédois, sans rentrer dans le but comme cela avait le cas contre les Anglaises en quarts de finale. Mais la fin de la première période était à l'avantage des filles de Dennerby, avec Schelin qui partait encore à la limite du hors-jeu mais était reprises par Georges (45e+1), avant de perdre son duel avec la gardienne de Montpellier (45e+3).
Face à cette nation majeure et avec un but de retard et déjà deux changements effectués, la France était condamnée à réagir. Comme contre l'Angleterre, comme contre les Etats-Unis. Et elles le faisaient, apportant une nouvelle preuve de cette solidité mentale et de cette unité. Sur une passe dans l'axe de Thiney, Thomis, partie à la limite du hors-jeu, trompait à l'entrée de la surface Lindahl pour l'égalisation avant l'heure de jeu (56e, 1-1). Si les contacts étaient plus rugueux, les actions se succèdaient, Oqvist profitant des largesses de la charnière tricolore pour partir seule, mais sa tentative placée heurtait le poteau pour revenir dans les mains de Deville (64e). Sur l'action suivante, Thomis perdait son duel face à la portière suédoise, qui déviait en corner, et sur celui-ci, l'attaquante de l'OL, en pivot, envoyait le ballon juste à côté du premier poteau. Quatre minutes après, Onqvist mystifiait encore l'axe français, en la personne de Wendie Renard, mais Bompastor était là pour dégager le ballon. Les deux femmes se heurtaient, la ruade de la Française au sol ayant pour réponse un vilain coup de crampon de la Suédoise, exclue par l'arbitre (68e). Réduite à 10, la Suède était forcément moins entreprenante, d'autant plus que la débauche d'énergie dans ce dernier match d'une longue compétition laissait les 21 joueuses moins fringantes physiquement. Et Bompastor était prise en grippe par une partie du public, la tenant pour responsable de l'exclusion. "Ca ne m'a pas gêné plus que ça mais c'est vrai que ça fait bizarre", dira la joueuse à la fin du match. La différence avait lieu sur un corner suédoise, accordé à tort à Schelin. Insuffisamment repoussé par la défense, Hammarstrom faisait le coup du sombrero au-dessus de Le Sommer et enchaînait avec une volée du gauche qui se plantait dans la lucarne française dans une réalisation extraordinaire (82e, 2-1). Comme contre les Etats-Unis, l'arbitre oubliait une main de Thunebro à la 88e.
Et c'est donc une énorme frustration qui pouvait légitimement envahir les Françaises au terme d'un tournoi exceptionnel, qui leur ont ouvert les portes des Jeux Olympiques en 2012 pour la première fois de leur histoire. L'équipe de France féminine finit 4e de ce Mondial, le staff et les joueuses auraient sans nul doute "signé" pour une telle issue avant le début de la compétition, mais ce sont des regrets qui demeurent après ce dernier match. Pour la première fois, le football français féminin est sorti de l'ombre, et il ne devrait pas y retourner tant leurs performances et leurs comportements ont ravi le grand public. En 1982, en Espagne, les coéquipiers de Michel Platini avait fini à la 4e place, deux ans avant d'être vainqueurs de l'Euro et quatre ans avant de finir 3 du Mondial au Mexique. C'est tout le mal à souhaiter à ce groupe.
Réactions
Laura Georges (arrière centrale de l'équipe de France): "On est déçues, on voulait bien terminer. On est triste de finir sur une défaite. Il nous a manqué un peu de tout. A 11 contre 10, on n'a pas su assez les contrarier. Je ne veux pas faire d'analyse à chaud, je suis surtout fatiguée."
Louisa Necib (milieu de terrain des Bleues): "On repart sans rien, même s'il y aura des souvenirs et la qualification pour les JO. C'est la tristesse qui prédomine. C'est la place du con."
Eugénie Le Sommer (attaquante des Bleues): "On est revenu au score mais à 11 contre 10, on n'a pas su les mettre en difficulté. On manquait un peu de fraîcheur physique. On n'a pas trouvé les bons décalages, elles n'ont pas non plus réussi à me trouver. C'est peut-être à cause de mes appels, je ne sais pas. C'est compliqué de finir comme ça mais on a vu qu'on pouvait inquiéter tout le monde. On manque encore un peu d'efficacité. C'est bien pour le foot féminin, on a fait un bon coup médiatique."
Lotta Schelin (attaquante de la Suède): "Je ne pouvais pas penser à mes copines lyonnaises, le plus important c'était la Suède. Je suis désolée, je n'ai pas pensé à elles. On a fait ce qu'on sait faire, je suis contente. On est une bonne équipe, solidaire, on travaille pour les autres. Le match pour la 3e place, quand on est là, on veut le gagner. On a raté l'opportunité de jouer une finale, OK, c'est fait, on se reconcentre. C'est une médaille quand même. J'ai un peu parlé aux Lyonnaises, je leur ai fait des câlins, vite fait. Mais je dois aussi être contente pour moi. Je sais que c'est dur pour elles."
Sandrine Soubeyrand (capitaine de l'équipe de France): "C'est un beau parcours, avec une qualification pour les JO, ce n'est pas rien. Là, on est un peu déçues, mais il faut savoir savourer. On finit avec trois défaites contre des équipes qui sont régulièrement qualifiées pour les Mondiaux et les JO. On a été stériles, on a manqué de percussion, de changements de rythme. C'est difficile de se relancer après une demi-finale. On aurait bien aimé monter dans la tribune et serrer la main du président de la Fifa. Il y a des choses à améliorer, il faut trouver une stabilité défensive, on a fait preuve de trop de fébrilité. Ca donne de la confiance à l'équipe adverse. Offensivement, ces équipes là ont souvent des attaquantes très fortes. Nous, on a plus un collectif que des individualités."
Gaétane Thiney (attaquante des Bleues): "Il faut continuer de vivre. On est déçues, on a montré quelques faiblesses, il y avait de la fatigue. Mais on ne fait pas non plus un match pitoyable. Il faut régler tous les détails, engranger de l'expérience, c'est ce qu'on a fait ici. C'est bien d'être au-dessus des autres équipes, mais maintenant il faut être au-dessus et gagner. Ca restera des super souvenirs, des choses qu'on ne vivra peut-être qu'une fois. C'était génial, avec ces stades pleins. Mais il manque le résultat. Je pense vraiment qu'on a progressé, qu'on va faire plus peur et qu'on aura plus confiance. Les sifflets ? Non c'était rigolo (sourire). Ca ne nous a pas gênées. Pendant le match, tu ne penses pas à ça. L'arbitre ? Elle avait les cheveux courts et à un moment elle m'a demandé comment j'allais. En français. Il n'y avait pas corner sur le but ? Ah bon. En même temps, on n'était pas obligées de mal le dégager, la 20 était pas obligée de mettre le but de sa vie et en plus on pouvait encore marquer derrière."
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