Le rapport sur les 96 morts de Hillsborough accablant pour la police
Les excuses de Cameron
David Cameron a fait le constat "d'une double injustice". D'une part, une multitude de "fautes" ayant conduit au décès des victimes, d'autre part, la tentative des policiers de faire croire à la responsabilité des supporteurs Le pire du rapport, pour les familles, est sans doute d'apprendre que 41 personnes étaient peut-être encore en vie après 15h15 ce 15 avril 1989, heure à laquelle les autorités avaient déterminé qu'il n'y avait plus rien à faire pour les victimes. "Au nom du gouvernement, et du pays tout entier, je veux dire que je suis profondément désolé", a déclaré M. Cameron.
Ce 15 avril 1989, les victimes étaient venues de Liverpool à Sheffield pour encourager leur équipe qui jouait en demi-finale de la FA Cup contre Nottingham Forest. Mais à cause de travaux sur la route, des centaines de personnes étaient encore massées à l'extérieur de la porte de Leppings Lane, tribune qui leur avait été réservée, à quelques minutes du début du match, et n'entraient qu'au compte-gouttes par un tourniquet.
La police avait alors ouvert une porte, sans donner de consigne, laissant s'engouffrer une masse de supporteurs qui s'étaient alors précipités vers un tunnel débouchant sur deux loges déjà quasi-pleines, créant la bousculade meurtrière. Tourniquets "inadaptés", capacité de la zone de Leppings Lane "sur-estimée", M. Cameron a relevé des erreurs d'autant plus inexcusables qu'il y avait eu une bousculade exactement au même endroit l'année précédente. "Les leçons n'avaient pas été tirées", a-t-il lancé. La suite est du même ordre : plan catastrophe "pas entièrement mis en place", tentatives des secours "retardées par des erreurs de direction et de coordination".
Les mensonges de la police
Ainsi la police n'avait laissé passer qu'une seule ambulance sur 44 qui s'étaient rapidement présentées sur les lieux. Circonstance aggravante, la police a ensuite décrit les spectateurs comme "violents" ou "ivres", parvenant à faire accréditer cette thèse par certains organes de presse, comme le tabloïde "The Sun" qui avait répété cette version sous le titre "La Vérité". Le rédacteur en chef du Sun en poste à l'époque, Kelvin MacKenzie, a d'ailleurs également présenté ses excuses mercredi à la population de Liverpool pour cette couverture.
En réalité, rien ne démontre "d'exceptionnels niveaux d'ivresse, d'absence de billet d'entrée ou de violence" parmi ces supporteurs, ou qu'ils ont pillé les morts et les mourants, a dit M. Cameron. Les policiers, de surcroît, ont ensuite amendé 164 procès-verbaux pour se donner un meilleur rôle. Cette publication et ces excuses, auxquelles s'est joint le chef du parti travailliste Ed Miliband, ont déclenché immédiatement des demandes de réouverture de l'enquête. Celle de 1990 avait conclu qu'il n'y avait pas assez de preuves pour lancer les poursuites.
L'Attorney général, ministre qui conseille juridiquement le gouvernement mais est indépendant, doit décider d'une telle demande à la justice. Pour sa part, M. Cameron a considéré que "ce rapport soulève des questions essentielles qui doivent être examinées". Sheila Coleman, membre d'un groupe de soutien aux victimes, a "salué" la déclaration de M. Cameron, qui prouve que "les gens de Liverpool ont dit la vérité depuis des années". Elle a appelé à l'annulation des premières conclusions. Le club de Sheffield avait lui-même présenté ses excuses aux familles mercredi matin.
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