Le drôle de meeting à Zurich marqué par un gros bug
Zurich devait initialement être le théâtre de la finale de la Ligue de diamant, le 11 septembre, mais la pandémie de coronavirus a contraint les organisateurs à annuler la réunion et à revoir totalement leurs plans. Faute de pouvoir accueillir les athlètes en raison de la crise sanitaire, ils ont eu l'idée de mettre sur pied une soirée au format pas comme les autres, poussant encore plus loin le concept du meeting à distance déjà tenté à Oslo, le 11 juin.
Un plateau de choix réparti dans 7 villes différentes
Intitulé "The Inspiration Games", l'évènement a réuni un plateau de choix (Allyson Felix, Noah Lyles, Christian Taylor, Shaunae Miller-Uibo, Ekaterini Stefanidi, Andre De Grasse, Omar McLeod, Jimmy Vicaut, Christophe Lemaitre...) dans sept villes en Europe et aux Etats-Unis (Zurich, Aubière en France, Lisbonne au Portugal, Papendal aux Pays-Bas, Karlstad en Suède, Walnut et Bradenton aux États-Unis).
Les athlètes étaient répartis en trois formations (Etats-Unis, Europe et Reste du monde), s'affrontant dans huit disciplines (4 féminines, 4 masculines), certaines très classiques (perche, triple saut, 200 m) et d'autres beaucoup plus originales (100 yards, 150 m, 300 m haies, 3x100 m).
Toutes les épreuves se sont disputées à distance hormis le 100 yards (91,44 m) qui a mis aux prises à Bradenton (Floride) le Français Jimmy Vicaut, désormais basé à Jacksonville aux Etats-Unis, le Canadien Andre De Grasse, son nouveau camarade d'entraînement, et le Jamaïcain Omar McLeod, champion olympique du 110 m haies. La victoire est revenue à De Grasse (9 sec 68) devant Vicaut (9 sec 72).
Une organisation assez spéciale pour que tout le monde soit coordonné
Pour les autres courses, le coup de feu du starter à Zurich enclenchait celui des deux autres stades, les images étant ensuite synchronisées pour les spectateurs sur internet et les réseaux sociaux par une régie à Zurich. Ce qui a donné une sensation assez étrange, avec un écran divisé en trois ne permettant pas de deviner facilement qui avait franchi la ligne en premier. Logiquement, la compréhension des concours a été plus aisée.
Difficile également de tirer de réels enseignements d'une telle compétition sur le plan sportif tant les conditions de vent ou de température étaient différentes entre les sites (32° à Bradenton en Floride ou 27° à Walnut en Californie mais seulement 17° à Karlstad ou 18° à Papendal). Valentin Lavillenie, aligné à la perche en lieu et place de son frère aîné Renaud, opéré du pouce la semaine dernière, a lui concouru en salle à Aubière.
Un 200 mètres qui vire au surréaliste
La soirée a même pris un tour surréaliste lors du 200 m, le chronomètre affichant à l'arrivée un temps ahurissant de 18 sec 90 pour l'Américain Noah Lyles malgré un énorme vent de face (-3,7 m/s), très loin devant le record du monde d'Usain Bolt (19 sec 19). L'explication n'a pas tardé à arriver: le nouveau roi du demi-tour de piste, qui courait seul à Bradenton, n'a parcouru que 185 m, ne prenant pas le départ au bon endroit de la piste. Ce qui a fait le bonheur du Français Christophe Lemaitre, vainqueur dans un temps médiocre de 20 sec 65 au Letzigrund de Zurich.
De quoi laisser sur leur faim certains participants, même sevrés de compétition depuis des mois. "C'est très étrange et difficile de sauter sans spectateurs et les autres concurrents", a ainsi lâché Valentin Lavillenie, auteur de trois échecs d'entrée à 5,36 m et battu par le double champion du monde américain Sam Kendricks (5,81 m).
Un sentiment mitigé partagé par Allyson Felix. "C'était comme une sorte d'entraînement mais sans coéquipiers. Il est difficile de se motiver en courant en solo. Mais la course m'avait manqué. J'aime ce sport et je saisis toutes les chances de courir", a déclaré l'athlète la plus titrée de l'histoire aux JO et aux Mondiaux.
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