Le Cameroun ne reconnaît plus ses Lions
Où est donc passé l'esprit des Lions Indomptables ? Quelle mouche les a donc piqués depuis deux décennies ? Le pays reste ancré sur l'incroyable épopée de Roger Milla et ses félins. En 1990, après avoir battu le champion du monde argentin en match d'ouverture, ils s'étaient hissés jusqu'en quarts de finale tout en apportant une bouffée d'oxygène à un Mondial italien vicié par les équipes ultra-défensives. Depuis ces exploits, les Camerounais ne font plus que décevoir. Qualifié en 1994, 1998, 2002 et 2010, le Cameroun n'a gagné qu'un seul match, en 2002 face à l'Arabie Saoudite. Pour le reste, quatre matches nuls et désormais neuf défaites. Mais si l'image écornée n'était que sportive, on s'en accommoderait. Le problème vient des conflits récurrents qui empoisonnent l'histoire des Lions indomptables. Mercredi, la défaite face à la Croatie (4-0) n'était que l'aboutissement d'une série de dysfonctionnement.
Un Mondial perdu avant de commencer
Comme souvent, cela avait commencé par une histoire d'argent. Les fameuses primes des joueurs étaient au cœur du débat. Les 23 ont fait pression sur la fédération. Pas de grève de cinq jours comme en 2002 mais un départ retardé d'une journée et un refus de s'entraîner. Tout a fini par se débloquer mais le ver était dans le fruit. L'autre affaire est celle de Samuel Eto'o. De retour en grâce lors des barrages contre la Tunisie après une suspension d'un an, l'attaquant de Chelsea n'a pris part à aucun match à cause d'une blessure au genou. Il est toutefois très actif en coulisse. S'il assure œuvrer pour l'unité du groupe, son opposition à Song en 2010 reste en mémoire. En conférence de presse, Eto'o a déjà promis des suites à ce Mondial. "Je répondrai après le Mondial à tous ceux qui m'ont attaqué de près ou de loin et je donnerai les noms de ceux qui sont derrière certaines histoires pour que le Cameroun comprenne quels sont ceux qui aiment ce pays", avait-il indiqué, assurant que ses coéquipiers resteraient soudés.
Prises de tête à répétition
Soudés, Assou Ekotto et Moukandjo l'ont été furtivement en fin de match quand le premier a donné un coup de tête au deuxième. Song avait lui quitté la partie depuis bien longtemps après avoir donné un coup de tête dans le dos de Mandzukic. Ecœuré, le sélectionneur allemand Volker Finke s'est pris la tête à deux mains… Alors qu'il reste un match de "gala" contre le Brésil, il essaie de maintenir un semblant de cohésion. Le bilan sera fait après le 3e match, pas avant. "Il faut comprendre ce qu'il s'est passé. C'est dégoûtant, cela ne me convient pas du tout. Cette équipe a raté deux fois la CAN et heureusement qu'elle avait trouvé des solutions pour venir ici. Mais après ce résultat, on peut dire que c'est la honte, reconnaît Finke. Il faut laisser passer une nuit après un match comme ça. Je ne peux pas me lancer dans de grandes explications. Il faut garder son calme". Une fois de plus, le Cameroun va devoir se reconstruire. Le ménage sera-t-il fait une bonne fois pour toutes ? Avec des Lions Indomptables, la mission est difficile.
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