Le Barça et le Real touchent leurs limites
Tout ce qui brille n'est pas d'or. Le FC Barcelone et le Real Madrid, les deux clubs les plus riches du monde, les plus glamour aussi, ont appris à leurs dépens qu'une réputation, aussi ronflante soit-elle, ne suffit pas toujours à faire gagner des titres. Les trompettes de la renommée peuvent aussi faire des couacs. Pourtant, ils en rêvaient de cette finale à Munich. Après s'être entredéchirés toute la saison en Liga, quoi de plus logique que de se retrouver face à face à l'Allianz Arena ? Sur le papier, cette hypothèse était plus que plausible. Mais, dans une forme de justice, la réalité du terrain a rappelé à l'ordre les deux cadors, les enjoignant certainement à faire preuve de plus d'humilité dans l'avenir. Le Barça ne deviendra donc pas le premier club, depuis le grand Milan AC de Sacchi et sa pléiade de stars (van Basten, Gullit, Rijkaard, Baresi, Maldini) en 1988/89, à remporter deux C1 de rang. Et Le Real Madrid, qui court toujours après la fameuse "decima", la dixième coupe de son histoire, va encore devoir ronger son frein.
Diamétralement opposés dans leur conception du jeu, les Blaugrana et les Merengue ont, chacun dans leur style respectif et sans jamais le renier, touché leurs limites. Cette absence d'adaptation a sans doute causé leur perte. Le Barça s'est ainsi échiné à confisquer le ballon à des Blues qui, de toutes façons, n'en voulaient pas. Parfaitement organisé en défense, Chelsea n'avait qu'à attendre que les vagues catalanes, aussi répétitives que prévisibles, se brisent inlassablement sur le mur Cech. Certes, les Londoniens ont bénéficié, à l'aller comme au retour, de circonstances particulièrement favorables mais ils ont su les provoquer. Cette faille des hommes de Guardiola a surtout révélé que, si certains en doutaient encore, le Barça est totalement dépendant de Lionel Messi. Sans son Argentin à son meilleur niveau, point de salut face au gratin européen. La fluidité n'a pas totalement disparu mais il n'y a plus l'étincelle, le décalage, l'accélération. En un mot le génie. Il y a désormais urgence pour les dirigeants catalans à trouver une béquille sur laquelle Messi pourra s'appuyer quand il voudra souffler un peu.
La faillite des systèmes
Si la qualification de Chelsea relève tout de même de l'exploit et, il faut bien le dire, de la chance, celle du Bayern possède cette implacabilité propre aux grandes heures du football allemand. Certes, personne n'aurait trouvé grand-chose à redire si le Real était passé mais la réussite avait choisi son camp. Celui de la rigueur collective face aux coups d'éclats individuels. Plus puissants physiquement, les Bavarois auront remporté la bataille si précieuse du milieu de terrain lors de leurs deux confrontations face aux Madrilènes. Et Jupp Heynckes n'a jamais reculé, même dans les moments les plus tendus, quand José Mourinho préférait remplacer un élément offensif, Özil, par un joueur à vocation plus défensive, Granero, alors que le sort de cette demi-finale pouvait se jouer dans les ultimes minutes. Pétrifiés par la réduction du score après une entame tonitruante, les Merengue ont certainement trop misé sur la faute adverse. Car celle-ci n'est jamais venue.
Le Barça est tombé faute d'avoir trop joué, le Real pas assez. Cette faillite de deux systèmes ouvre la porte à des équipes, Chelsea et le Bayern Munich, qui sont sans doute moins flashy, moins "vendeuses", mais dont le mérite est d'avoir su exploiter à fond la suffisance espagnole. Avec l'élimination mardi du Barça, l'occasion était belle pour le Real d'instaurer une nouvelle ère blanche. Mais la dynamique s'est arrêtée net. Si le coup est dur pour les Catalans, pour qui on évoque déjà "une fin de cycle", il ne l'est pas moins pour des Madrilènes qui ont gâché une opportunité en or de détrôner le rival honni. Si les partenaires de Cristiano Ronaldo pourront se consoler avec la Liga qui leur tend les bras, rien ne dit que les deux géants hispaniques sortiront indemnes de cette double élimination. Guardiola et Mourinho, dont les choix tactiques vont être très critiqués dans les prochaines semaines, resteront-ils en place ? Et les deux clubs, en dépit d'un endettement colossal, auront-ils encore carte blanche pour recruter à tour de bras ? Chelsea et le Bayern ont ouvert une voie d'eau. Le choix est désormais simple pour le Barça et le Real : colmater ou couler.
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