Le 4-3-3 symbole du renouveau bleu ?
Laurent Blanc avait été clair avant le match. Densifier le milieu de terrain était son plan de jeu contre la Bosnie. Ce n'était pas dans le seul but d'empêcher les attaques adverses, les trois milieux défensifs (Diarra, M'vila, Diaby) devant en plus récupérer le ballon très haut et se projeter vers l'avant au soutien des joueurs offensifs. Et cela a parfaitement marché.
"On s'attendait à être malmené", expliquait le sélectionneur après coup. Il fallait barrer la relation entre Pjanic, le meneur, et Dzeko, l'avant-centre, on a musclé le milieu, mais pas seulement: dans l'utilisation du ballon, on a été bons et on s'est projetés assez rapidement, on avait des joueurs devant qui aiment l'espace, comme Benzema, et qui peuvent se projeter, comme Diaby". En installant sa sentinelle bordelaise Alou Diarra devant sa défense, il a apporté solidité, taille, puissance et confiance. Ne bougeant que rarement de sa position, le capitaine d'un soir (et peut-être plus ?) a surtout libéré ses coéquipiers. Yann M'vila, déjà très bon lors de ses deux premières titularisations, a ainsi pu harceler les porteurs de balle beaucoup plus tôt, allant même jusqu'à la surface de réparation adverse, et se créant une belle occasion sur une volée qui ne plongeait pas assez vite (26e). De son côté, Abou Diaby, transparent vendredi dernier au Stade de France dans un rôle de deuxième récupérateur, s'est mué en deuxième attaquant très régulièrement, son rôle s'apparentant beaucoup plus à celui d'un milieu relayeur. Avec ses trois milieux défensifs, Laurent Blanc est revenu aux recettes de son époque (Jacquet avait utilisé le trio Deschamps-Petit-Karembeu lors de la Coupe du monde 1998 au moment des matches éliminatoires). Au lieu de les aligner, il les a en plus étagés sur trois niveaux, donnant un peu plus de profondeur au jeu français.
C'est ce principe qui a permis aux Bleus d'apporter plus de mouvements au jeu, et aux trois attaquants (Malouda, Valbuena, Benzema) de se démultiplier et de se créer des occasions, ce qui n'avait pas été le cas vendredi dernier à domicile contre le Bélarus. Libérés de tâches défensives trop contraignantes, le trio a beaucoup bougé, a beaucoup demandé le ballon, et si pendant très longtemps les services n'ont pas été à la hauteur (notamment Benzema souvent oublié ou servi dans le mauvais tempo), leurs efforts ont été récompensés. Pour la première fois depuis très longtemps, l'équipe de France a mis de la vie. Les latéraux (Clichy et Sagna) ont sollicité des dédoublements, ajoutant un peu plus d'incertitudes aux défenseurs bosniens. Un but de Benzema, un de Malouda, les deux meilleurs attaquants tricolores actuellement disponibles ont frappé, au bon moment. "C'est le but le plus important (en équipe de France), a déclaré Karim Benzema à l'issue du match. "Cela fait plaisir de marquer dans les grands rendez-vous surtout que c'était un match où tout le monde attendait l'équipe de France et moi." Si Laurent Blanc l'a sermoné à la fin du match pour ne pas avoir marqué sur sa reprise à bout portant en fin de match, le sélectionneur était ravi de pouvoir compter sur lui: "On sait que Karim Benzema n'est pas encore dans la pleine possession de ses moyens, mais c'est un joueur important, il peut marquer des buts, ce qui n'est si facile en équipe de France, et pour l'équipe adverse, les joueurs en face savent qu'il peut être dangereux à tout moment et il fait perdre confiance à la défense adverse, c'est un atout indéniable".
Ce succès (2-0) permet aux hommes de Laurent Blanc d'effacer la contre-performance du Stade de France. Mais elle ne règle pas tout. Dans le jeu, on attend encore énormément des deux latéraux, dont les centres sont encore trop peu nombreux, même si Clichy est à l'origine du premier but. Si la charnière Mexès-Rami a montré une certaine solidité et a amélioré son entente, les relances ne sont pas encore au rendez-vous. Et il reste encore un problème: si ce 4-3-3 a bien fonctionné, c'est que la Bosnie avait opposé un schéma tactique plutôt offensif. En perdant la bataille du milieu de terrain, Safet Susic a affaibli sa formation et permis à la France de se créer des occasions. Face à une équipe résolument défensive, comme l'était le Bélarus vendredi, ce schéma tactique risque de ne pas offrir suffisamment de solutions offensives. Mais à chaque jour suffit sa peine. Il faut en effet remonter à octobre 2009, et à un match gagné à domicile contre les Iles Féroé (5-0), pour trouver trace d'un succès des Bleus par plus d'un but sans en encaisser. "Vendredi soir, on n'était pas dans le désespoir, ce soir, on n'est pas dans le "fantastique", mais ça peut être le départ", conclut Laurent Blanc.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.