Laporte nouveau président de la FFR
La liste de l'ancien sélectionneur du XV de France (2000-2007), ancien manager de Toulon (2011-2016) et ancien secrétaire d'Etat aux sports (2007-2009) a obtenu 19 des 37 sièges avec droit de vote au comité directeur. Les 18 autres places ont été réparties entre les trois listes, à la proportionnelle. Au total, sa liste a raflé 29 des 40 sièges du nouveau comité directeur, lequel s'st ensuite réuni pour logiquement désigner Bernard Laporte à la tête de la Fédération, lequel avait défendu trois propositions phares: l'abandon du projet de grand stade dédié au XV de France, le développement de la formation et un soutien au rugby amateur.
Saluant "un jour historique pour le rugby français" qui a fait preuve de "démocratie", le nouveau président a annoncé qu'il allait renégocier la convention signée avec la Ligue pour "travailler avec elle et non contre elle", qu'il allait engager des discussions pour stopper le projet du grand stade et surtout, il a tenu à rappeler qu'il n'était pas question pour lui de changer l'entraîneur du XV de France, "cela ne figurait pas dans mes 44 engagements" du programme, a-t-il précisé.
Camouflet pour Camou
Cette large avance de Laporte par rapport à Camou, élu en 2008 et 2012 sans rival, constitue une surprise. Elle a été saluée par des applaudissements nourris sous le barnum du Centre national du rugby de Marcoussis (Essonne), où se déroulait l'assemblée générale élective. Laporte, âgé de 52 ans, a recueilli 5.022 des 9.555 suffrages exprimés. Il a lancé sa campagne en septembre 2015 pour "rendre le pouvoir aux clubs".
De son côté, Camou, âgé de 71 ans, avait déclaré un peu plus tôt qu'il s'agissait d'une "déception". "Mais je respecte les clubs. C'est la démocratie, je souhaite le meilleur au rugby français et à la Fédération", a-t-il ajouté. Camou n'a pas exclu de ne pas siéger au comité directeur, dont sa liste occupera six sièges (contre 2 pour Doucet). Cette victoire de l'homme de terrain est tout de même un sérieux camouflet pour le président sortant, et son numéro 2 Serge Blanco, qui n'auront jamais pu reprendre la main au cours d'une campagne dont le tempo a été dicté par Laporte.
Une campagne gagnante
Parti très tôt, il y a quatorze mois, alors qu'il était encore aux commandes de Toulon, ce dernier a sillonné la France au cours de 120 réunions, afin de marteler son programme, axé autour de deux principaux thèmes. D'abord, "rendre le pouvoir" aux quelque 1.900 clubs, qu'il juge délaissés par une Fédération accusée de manquer de transparence et des dirigeants avant tout soucieux, selon lui, de conserver leurs prébendes. "La Fédération, c'est vous!" était ainsi le nom de son site internet pour la campagne.
Deuxièmement, son opposition au futur Grand Stade que Pierre Camou souhaitait construire à l'horizon 2021 à Ris-Orangis (Essonne), afin d'augmenter les ressources de la Fédération. Laporte avait promis s'il était élu de mettre un terme au projet, et veut à la place entrer au capital du Stade de France et renégocier la convention qui lie le consortium et la FFR à des conditions avantageuses. Il souhaite également limiter à terme le nombre de joueurs non sélectionnables dans les championnats professionnels et en Fédérale 1 (3e division). Ainsi qu'imposer comme critère de sélection la nécessité d'être ressortissant français.
Mais il aussi témoigné de sa fibre libérale, ce qui constituait la critique principale que lui adressaient ses opposants, Camou ayant insisté sur les "valeurs de solidarité" face à "celles de l'argent" et accusant Laporte d'user de "certaines méthodes" pour arriver à ses fins. Laporte n'a en effet pas caché son objectif de "vendre" le maillot du XV de France à un sponsor; ce qui ne s'est jamais fait dans l'histoire, et qui, pour le coup, bouleverserait toutes les traditions.
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