La Russie entre déni et propositions pour éviter la suspension
Le système de défense est bien rodé. D'un côté, le pouvoir politique, droit dans ses bottes comme il en a l'habitude quelque soit l'affaire, assure que les accusations de dopage organisé et généralisé dans l'athlétisme russe sont "infondées". Son porte-parole, Dmitri Peskov, a estimé lors d'une conférence de presse que "s'ils émettent une telle accusation, alors celle-ci doit être étayée par des preuves. Jusqu'à présent, il n'y en a pas eu. Il est difficile de comprendre quelles sont les accusations". De l'autre, le pouvoir sportif, forcément très proche du pouvoir politique, fait acte de contrition et de bonnes intentions en affirmant dans un communiqué que "la Fédération russe d'athlétisme va bientôt soumettre à l'IAAF un document fédéral qui inclut le programme antidopage de la fédération et les étapes concrètes de sa mise en oeuvre, qui ont d'ailleurs déjà été lancées". Mais la Fédération russe ne courbe pas pour autant l'échine, puisque son président, Vadim Zelitchenok, a indiqué à l'agence de presse russe Interfax que, face à la recommandation de l'AMA qui lui est faite de ne plus présenter d'athlètes aux compétitions, "nous n'allons pas la suivre".
En fait, l'heure est à l'urgence en Russie. Il faut sauver la face. D'abord. Le ministère russe des Sports a ainsi indiqué son intention d'"étudier attentivement toutes les conclusions et preuves", et a fait "remarquer que l'enquête diffère des informations données par des journalistes" de la chaîne de télévision allemande ARD, qui avait diffusé en décembre des témoignages d'athlètes russes dopés. Mais il faut aussi répondre aux ultimatums, notamment celui lancé par Sebastian Coe, le président de l'IAAF, qui a demandé à la Russie de répondre aux accusations d'ici la fin de semaine. "Nous sommes pleinement conscients des problèmes au sein de la Fédération russe d'athlétisme et nous avons tout fait pour y remédier: la fédération a une nouvelle direction, un nouvel entraîneur national, les entraîneurs sont plus jeunes", a justifié le ministère des Sports. Et la Fédération russe d'athlétisme a indiqué que "nous sommes prêts à former un solide partenariat stratégique avec l'IAAF."
Au-delà du risque de suspension, réel, qui pourrait toucher les Jeux Olympiques de Rio l'année prochaine, la Russie joue également une partie de son avenir. En 2018, elle doit en effet recevoir la Coupe du monde de football. Des soupçons de corruption avaient accompagné cette désignation, décidée en même temps que celle du Qatar pour 2022. Et le rapport de l'AMA met également en doute l'impartialité des tests antidopage réalisés par le laboratoire de Moscou durant les Jeux Olympiques d'hiver de Sotchi, en 2014. Il y a donc le feu à la maison du sport russe.
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