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La mue numérique des clubs sportifs est "inéluctable", selon un expert

La révolution numérique des clubs sportifs est "inéluctable", ils doivent apprendre à gérer leurs "datas" comme "leur patrimoine", explique Manuel Diaz, patron de l'agence Emakina, qui a accompagné la mutation de l'Olympique de Marseille.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2min
  (REB IMAGES / IMAGE SOURCE)

Estimez-vous que prendre le virage du numérique et du "Big data" est indispensable pour l'OM ?
Manuel Diaz:
"Et inéluctable. J'aime citer (l'économiste Joseph) Schumpeter: +L'innovation dévore tout sur son passage+. C'est du darwinisme, les gens vont toujours prendre la pente de la facilité, s'il suffit d'appuyer sur un bouton pour se faire livrer à manger, ils vont l'utiliser. Y résister est irréaliste. L'OM a beaucoup d'atouts: 13 millions d'abonnés à travers le monde. Ça fait beaucoup de datas qui intéressent Amazon et Facebook. Il faut que ces datas soient dans le patrimoine de l'OM, pour que le club soit en position de force face à ces plateformes et arriver à les monétiser."

Est-ce que la "connaissance client" est vitale pour le monde du sport professionnel ?
MD : 
"C'est le sport business. Je sais que c'est un gros mot en France, parce qu'on a encore beaucoup l'esprit Coubertin, le sport est encore aux mains des associations, mais il faut passer dans le business. Dans le foot, l'Angleterre, le Japon ou les USA sont organisés comme des entreprises, les clubs ont des patrons de la relation clients, du marketing, et pourtant leurs sports ne sont pas devenus nuls, ils sont toujours performants. Ils ont diversifié leurs sources de revenus justement pour être moins fragiles, moins dépendants des résultats sportifs. Si le business de l'entreprise Seehawks (Seattle, foot américain) ou Celtic (Boston, basket NBA) va bien et fait des revenus, si l'entreprise a des +assets+ (des actifs, NDLR) immobiliers, du revenu marketing, remplit mieux son stade, fait plus de merchandising, elle est plus forte pour acheter des joueurs et investir dans le sport. Et Frank McCourt (propriétaire de l'OM) peut en témoigner, il a été impliqué dans les sports US (Los Angeles Dodgers, baseball)."

Les autres sports se développent-ils aussi sur le plan numérique ?
MD : 
"Par exemple Rouen en rugby a fait une remontée spectaculaire. Ils se sont servis du digital pour fédérer les entrepreneurs autour de leur club. Au lieu d'aller chercher des grands sponsors, ils sont allés chercher mille entrepreneurs à 1000 euros chacun, et se sont servis des fichiers marketing ciblés de la chambre de commerce. Ils ont développé des offres de billetterie +last-minute+ pour remplir le stade, car il vaut mieux vendre pas très cher que d'avoir des stades vides. Des disciplines comme le foot ou le rugby sont plus sous la pression de l'innovation, avec leurs masses de fans importantes, elles sont obligées d'investir. Le basket, le hand ou le volley sont plus en difficulté, mais ils en ont tellement conscience que Michel Mimran, directeur marketing du PSG, vient de devenir DG (directeur général) de la Ligue de basket. La LNB dit: +J'ai conscience de mon problème d'innovation et je vais choper le mec qui dirigeait le marketing du PSG pour mener ma transformation numérique tambour battant+. C'est un signal très fort en faveur du sport business."

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