La grogne monte dans le mouvement sportif contre le détachement des conseillers sportifs d'Etat vers les fédérations
Souvenez-vous. En septembre 2017, le projet de loi de finances 2018 prévoyait une baisse de 7% du budget du ministère de Sports (pour s'établir à 481 millions d'euros). A l'époque, le mouvement sportif avait marqué son mécontentement. En septembre 2018, le budget du ministère est passé à 451 millions d'euros pour l'année 2019 (6% de baisse). Le Comité national olympique et sportif français avait alors lancé une pétition en ligne "pour que le sport compte". Entre Laura Flessel, ministre des Sports en 2017, et Roxana Maracineanu, aujourd'hui en poste, pas de changement de cap. Mais aujourd'hui, les acteurs du monde sportif haussent encore plus le ton.
Car pour faire ces économies, le ministère s'est vu réclamer, via une lettre de cadrage, la suppression, d'ici 2022, de l'équivalent de 1600 emplois à temps plein. Dans les faits, les conseillers techniques sportifs (CTS), aujourd'hui employés par le ministère et mis à disposition dans les fédérations sportives (coût: 120 millions d'euros en 2016), seraient progressivement détachés dans leur fédération, d'abord sur la base du volontariat. En compensation, l'Etat paiera des subventions pour faire face à ces nouveaux salaires à supporter.
"La confiance a disparu"
"Vous persistez à envisager le détachement des CTS dans les fédérations et à hypothéquer l'avenir de notre ministère", écrit un collectif de 1000 cadres d'Etat dans une lettre adressée à la Ministre. "La confiance que nous vous avions accordée à votre arrivée au ministère, en partie par votre connaissance du sport français et de votre parcours (jalonné de près ou de loin par des cadres d'Etat), a totalement disparu", ajoutent-ils, en évoquant une "opération de destruction du sport français. La majorité des cadres techniques, fiers de servir leur pays, ont fait preuve de loyauté pour l'Etat, menant des générations de sportifs sur les podiums, créant d'innombrables vocations, formant des milliers de cadres, de bénévoles ou d'officiels, développant le sport inlassablement", ajoute le collectif. Parmi les signataires, le DTN de l'athlétisme Patrice Gergès, celui de la natation Julien Issoulié ou de la gymnastique Kevinn Rabaud.
Au lendemain de cette lettre, via un tweet, la ministre Roxana Maracineanu a réaffirmé son attachement aux valeurs du sport, via l'organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024.
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En fin de semaine dernière, 34 présidents de fédérations olympiques, soit la quasi-totalité, avaient aussi écrit à la ministre pour lui demander un moratoire sur ce projet jusqu'aux Jeux Olympiques de Paris-2024.
Au début du mois, l'Association des Directeurs techniques nationaux délivrait un communiqué cinglant, en partant également de ces JO mais pour avoir une autre lecture que la Ministre, en constatant "qu'il n'y a aucune écoute ni des Français, ni de leurs députés, en termes de politique sportive, de santé et d'éducation, particulièrement pour l'héritage post 2024". Et les mots sont durs: "catastrophée du déclenchement de ce type de mesure alors que le grand débat n'est même pas terminé et qu'il soit réalisé en dehors du respect de la parole du Président de la République", "effondrée du vocabulaire méprisant employé pour parler des cadres du sport", "interloquée du message violent envers son encadrement à un an des Jeux Olympiques et Paralympiques et à cinq de deux de Paris", s'inquiétant des "errements des auteurs de la note en matière de droit du travail (détachements sélectifs, puis obligatoires, compensations aléatoires et bonus aux plus offrants".
Bref, la grogne monte de plus en plus, et le mouvement sportif semble bien décidé à se faire entendre.
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