La France au Maracana 37 ans après
Quand on évoque le stade Maracana avec les Bleus de 77, leurs yeux s'écarquillent avant de se fermer. Place au rêve et aux souvenirs. D'ailleurs, la plupart ont toujours les yeux plus gros que le public qui s'était pressé pour découvrir les petits français. Avec ses 200.000 spectateurs, la capacité du Maracana de l'époque était démesurée. Les joueurs français évoquent une affluence de 120 à 140.000 alors qu'ils n'étaient 84.000. Une vue troublée par la nouveauté et la passion. Personne en France n'avait l'habitude de telles conditions de jeu. "Même si le stade n'était pas plein, on avait été frappés par le gigantisme du Maracana, s'enthousiasmait Olivier Rouyer dans les colonnes du Parisien en 2013. Je me souviens de la clameur quand on est entrés sur la pelouse, du son de la samba qui descendait des tribunes. J'avais 21 ans et les yeux grands ouverts. Le Brésil, c'était le must. On avait l'impression d'être sur Mars."
Coup de chaud et samba
Capitaine des Bleus, Marius Trésor se souvient lui du premier coup reçu en arrivant. Un coup de chaud dès l'arrivée sur la pelouse. "La première chose, dont je me rappellerai toujours, c'est cette chaleur qui nous est tombée dessus quand on est sorti des vestiaires. Et on n'était pas habitué à ces ambiances. C'était vraiment particulier, on sentait une ferveur, il y avait toute cette musique, cette samba", se souvient le Guadeloupéen qui avait été bercé dans sa jeunesse par les exploits de Botafogo, Vasco ou Flamengo. Pour Bernard Lacombe, interrogé par sports.fr, ce voyage au pays du foot était un mélange extraordinaire de saveurs. "Plein d’images me reviennent en tête: cette pelouse qui était très haute, comme si on jouait sur du chiendent -même si, vu leur technique, ça ne gênait pas trop nos adversaires visiblement-, cette statue de Pelé à l’entrée du vestiaire, ces heures passées sur la grande plage de Copacabana où l’on faisait des 5/5 et où les jeunes du coin venaient nous rejoindre, cette soirée d’après-match à l’hôtel où l’on avait bu quelques caipirinha."
Hidalgo : "Lâchez-vous !"
Les Bleus avaient bien mérité un petit rafraîchissement. Malgré une entame catastrophique, ils avaient fini par arracher le nul 2-2. "A vrai dire, au début on était un peu traumatisé, raconte Didier Six. La veille on s'y était entraîné (au Maracana) et on s'était retrouvé dans le vestiaire, avec les casiers Pelé, Didi, Vava... Si on en prend quatre en première, c'est pas volé, reprend-t-il. On n'a pas touché le ballon. Hidalgo a calmé les esprits. Il nous dit "vous avez la chance de jouer contre le Brésil, lâchez-vous". Et les Français vont se mettre à jouer à la Brésilienne. Lancé par Michel Platini, Didier Six enchaîne contrôle du droit et frappe du gauche sous la barre. "C'est l'un de mes plus beaux souvenirs de footeux. Michel (Platini) a la balle à droite. Je fais un appel dans l'axe et je fais le geste qu'il faut. Avec une petite finesse aussi puisque je le touche un peu de la main et que ça revient sur mon pied gauche. Mais c'est pas dit que je l'aurais pas mis du droit !"
Le public conquis
Le public auriverdre apprécie et se met à scander des "França ! França !". "On s'est libéré, on a joué. Et c'était extraordinaire de voir les supporteurs brésiliens qui, au bout de 20 minutes, ont commencé à applaudir nos actions. Après le but de Didier, il n'y avait plus qu'une équipe sur le terrain", raconte-t-il. Pièce maîtresse sur les corners, Marius Trésor bonifie la domination française en égalisant de la tête. "Je jouais dans l'axe avec Patrice Rio et on avait décidé de monter à tour de rôle. Juste avant mon but, j'étais déjà monté mais là, je ne sais pas pourquoi, je lui ai dit 'j'y retourne'. Mon adversaire était Luis Pereira. Il jouait à l'Atletico Madrid, je l'adorais. Il était très grand mais là je vais plus haut que lui. Et quand j'ouvre les yeux, je vois que je l'ai mise au fond. Incroyable, formidable". Son meilleur souvenir en Bleu, plus que son but à Séville cinq ans plus tard. Pour beaucoup, cette tournée sud-américaine (un match en Argentine et un au Brésil) et ce match au Maracana ont été le point de départ du premier chapitre de la génération Platini. Une nouvelle page va s'écrire le 25 juin 2014 avec un avenir tout aussi prometteur.
VIDEO : Brésil - France 1977 (2-2)
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