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La Baule – Paris en vélo, un challenge sportif pour vaincre la maladie

Ce dimanche 27 septembre, l’association Casiopeea lancera son #défi850, un défi sportif pendant lequel les participantes relieront La Baule-Paris à vélo en une semaine. Elles seront entre 13 et 20 sur chaque étape et se relayeront sur les 850 km du parcours pour aller au bout de ce défi. L’association Casiopeea, à l’initiative de ce projet, aide les femmes à se réapproprier leur corps après un cancer en pratiquant une activité physique régulière et en se lançant des défis sportifs pour prouver que rien n’est impossible après un cancer.
Article rédigé par Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 11min
L'association Casiopeea réalise un grand défi sportif par an.  (LAURENCE TANGE)

Vaincre la maladie par le sport, telle est l’ambition de Casiopeea. Forte de ses 65 membres, l’association aide les femmes atteintes de cancer ou en rémission à se réapproprier leur corps par le sport. L’histoire de Casiopeea commence à travers celle de Nathalie David. En 2015, on détecte à cette responsable d’équipe chez GRDF, un cancer du sein. “J’ai toujours été sportive et pendant mon traitement, le sport a été ma bouffée d'oxygène pour me changer les idées, maintenir une condition physique, et maintenir une confiance en mon corps meurtri par la chirurgie puis fatigué par les traitements”, confie-t-elle. A pied ou à vélo, Nathalie David a toujours eu besoin de se défouler et le sport est devenu encore plus qu’avant un élément primordial dans son équilibre. “Comme le sport m’a fait beaucoup de bien, je me suis dit que le sport pouvait peut-être aider d’autres femmes comme il m’avait aidé”, poursuit la femme de 54 ans, vivant à Paris.  
 

Casiopeea, la naissance en Roumanie

Avant Casiopeea, Nathalie David avait déjà l’expérience du milieu associatif. Au début des années 2000, elle est en charge de lancer l’antenne nantaise d’Odyssea, une association qui réalise des défis sportifs solidaires contre le cancer du sein. Ensuite, en 2008, elle part vivre cinq ans en Roumanie dans le cadre d’une expatriation liée au travail de son mari. Là-bas, elle découvre que le système de dépistage précoce n’existe pas comme en France. “En Roumanie, quand les femmes ont des cancers, cela se traduit par une ablation et donc un corps meurtri profondément.” En 2010, elle décide donc de créer en Roumanie une association appelée Casiopeea, avec l’objectif de collecter des fonds pour acheter des prothèses mammaires externes pour les femmes ayant été malades ainsi que de mener des campagnes de prévention. 

Deux ans après son retour en France en 2013, Nathalie David apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. “Quand je suis tombée malade, je me suis dit que je pouvais faire en France ce que j’avais créé en Roumanie, avec un objectif un peu différent. Le but n’était pas de faire de l'événementiel mais d’avoir une démarche d’accompagnement personnalisé”, explique-t-elle. Ainsi, aujourd’hui, Casiopeea France propose des activités mensuelles variées, de la zumba, de la course à pied, en passant par le vélo ou par des visites nocturnes. “Les femmes peuvent ainsi découvrir une activité physique et en même temps se réapproprier leur corps.” 

Les défis sportifs pour aller plus loin 

En 2016, un an après la création de l’association en France, la fondatrice de Casiopeea veut aller plus loin. Toujours avec le désir de se dépasser, elle met en place des défis sportifs. C’est ainsi qu’avec le fondateur de l’Ultra Marin, une course autour du Golf du Morbihan, ils créent ensemble le premier défi de Casiopeea, le défi solidaire. Pour relier les 177km du grand raid breton, dix coureuses se relaient. Forte de son succès, cette course existe toujours. “Cette course a été imaginée pour les membres de Casiopeea. Pour réaliser ce défi, elles se sont mises à s’entraîner, et à penser de manière collective, autre valeur de l’association”, précise Nathalie David.

Depuis, l’association organise un grand défi sportif par an. Cette année, pour fêter les 10 ans de Casiopeea en Roumanie et les cinq ans en France, les membre de l’association devaient relier Paris à Bucarest en vélo. “Ce défi devait montrer le lien entre les deux associations”, souligne la fondatrice. Mais avec la crise sanitaire du coronavirus, le projet est tombé à l’eau. Devant la détermination de ses membres, Nathalie David a donc préparé un nouveau défi, franco-français cette fois, celui de La Baule-Paris, avec le même objectif, autrement dit de réaliser un relais entre ces deux villes. “L’objectif est d’arriver sous l’Arc de Triomphe à Paris le 3 octobre", précise la fondatrice et présidente de l’association.   

Grâce aux défis sportifs de Casiopeea, les participantes peuvent se dépasser ensemble.

Plus que le sport, un lieu d’écoute et de bienveillance

Elles seront entre 13 et 20 tout au long du tracé à se relayer d’étape en étape pour réussir ce défi ensemble. Parmi elles, Carolina. Cette colombienne de 31 ans et qui fait partie de l’association depuis trois ans, va participer à son premier défi demain. “Avant, c'était compliqué de participer aux défis avec la fatigue liée à la maladie, et je ne suis pas trop course à pied. Mais comme ce défi met le vélo à l’honneur et que j’adore ce sport, c’est même mon moyen de transport au quotidien, je me suis lancée”, explique Carolina, en rémission depuis 2018. L’ingénieure en logistique qui habite près de Meudon va participer aux deux premières étapes du défi, La Baule - Nantes et Nantes - Angers, sur deux jours.  

“Le sport, c'est la seule chose qui m’a vraiment aidée à réduire la fatigue liée à la maladie"

Plus que les défis sportifs, l’association se veut être un lieu ouvert, sans tabou, où chacune peut parler de ses propres expériences. “Nous n’avons pas de temps de parole dédiés, mais chacun est libre de se livrer”, précise Nathalie David.  “A l'époque, quand je suis arrivée à l’association, j’étais encore en chimio. J'avais perdu mes cheveux et une femme de l’association m’a dit 'quel joli crâne tu as !', se remémore Carolina en rigolant. Ce compliment m’a touché car c’est un choc pour une femme de perdre ses cheveux, encore plus pour moi qui suis latine. Ensuite, cette femme m’a appris à faire un turban et à me maquiller. Être en contact avec des gens qui sont passés par la même situation que toi aide énormément”, souligne-t-elle. Pour cette jeune femme, le sport a été essentiel dans son combat face au cancer. “Le sport, c'est la seule chose qui m’a vraiment aidée à réduire la fatigue. J'ai tout essayé pour me booster, les médicaments, l’alimentation, les vitamines etc. Pendant la chimio, c’est un cercle vicieux, on est très fatigué, et moins on bouge, moins on a envie de bouger. Je me suis rendue compte que si je me forçais un peu pour le sport, je me sentais mieux et j’avais retrouvé de l’énergie”, raconte Carolina.  

Les participantes du défi solidaire, lors de l'Ultra Marin, en 2019.

« Le sport est vraiment une canne pendant la maladie »

Un avis partagé par Sophie, en rémission après un cancer des deux seins, et membre de l’association depuis 2017. “Le sport est vraiment une canne pendant la maladie. Après mes séances de sport, je me sentais 1000 fois mieux, raconte cette sportive. Le sport est primordial, encore plus pendant la maladie. J'ai multiplié par deux mon temps de sport après mon cancer”, constate-t-elle. “Grâce aux défis, on se dépasse avec Casiopeea, et on se motive entre nous pour nous dépasser. Avant je ne faisais pas plus qu’un semi-marathon, aujourd’hui grâce à Casiopeea, je fais plus de 50 Km”, explique Sophie, qui a déjà deux défis à son actif. Pour ce prochain défi, le premier en vélo, Sophie s’entraîne consciencieusement. “Au départ, mon mari me tannait pour que je fasse du vélo avec lui, mais je ne voulais pas. Et un jour on a eu une activité vélo de route avec l’association, et j’ai adoré. Pour le défi La Baule - Paris, je réalise une sortie chaque semaine et j’ai investi dans un bon vélo”, résume cette ingénieure commerciale de 47 ans et habitante d’Auffargis (Yvelines) qui participera aux deux premières étapes du défi ainsi que l’ultime relais Nemours - Paris le samedi pour l’arrivée. 

Un coaching par un club cycliste professionnel 

En parallèle des entraînements de chacune, l’association est “coachée” par le Sprinter club féminin, un club cycliste professionnel basé à Paris. “Le club nous accompagne dans notre préparation et est notre partenaire. On a eu quelques séances avec eux et les membres du club nous ont donné des conseils techniques, et nous ont préparé à rouler ensemble”, détaille Nathalie David. Même pendant le confinement, le club et l’association sont restés en contact et ont organisé des ateliers “vélo”, ou plutôt home trainer, tous les samedis matins. Histoire de garder le rythme et la détermination. 

A dix jours du départ, les membres de Casiopeea ont reçu une belle nouvelle, forte en symbole. "L’institut de cancérologie de l’ouest nous a annoncé qu'il souhaitait que le départ de la deuxième étape à Nantes soit depuis le centre d’oncologie. Pour nous, c'est un symbole très fort de partir de là-bas. Nous allons porter les valeurs du sport et de la santé, et du sport pour vaincre le cancer", se réjouit Nathalie David. Quelques patients du centre prendront d’ailleurs le départ aux cotés des membres de Casiopeea pour quelques kilomètres au début de l’étape. Un autre symbole fort donc pour les membres de l’association, dont ce défi prend encore plus de sens. Si le défi La Baule - Paris est rempli de symboles, l’association garde toutefois en tête son objectif initial, relier Paris - Bucarest, qu’elle espère réaliser en 2021. 

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