L'USAP qui rit, Toulouse qui grimace
Il était fortement envisagé que le match soit un peu fou. D'abord parce que le match aller au Pays de Galles l'avait été (43-34 pour les Scarlets), ensuite parce que l'USAP avait besoin d'une victoire et du bonus offensif pour être assuré de conserver la première place de la poule 5. Le point-average particulier contre Leicester (une victoire à domicile et un nul en Angleterre) avait installé l'équipe en pole-position, il fallait encore le rester. A Aimé-Giral, pas de round d'observation, pas d'occupation du terrain, du jeu, du mouvement, de la pression. Bien installé dans le camp adverse, Perpignan, meilleure attaque d'Europe avant ce week-end, ne tardait pas à confirmer son statut, un décalage profitant à Porical qui tapait à suivre pour lui-même et le premier essai du match (4e, 5-0). S'il était au point dans le jeu de mouvement, l'arrière l'était moins pour les coups de pieds "arrêtés", ratant la transformation, puis une pénalité récompensant une belle avancée d'un maul (9e) et encore une nouvelle pénalité dans l'axe (16e). Heureusement, dans l'intervalle, un ballon gratté dans les 22m gallois permettait aux Catalans d'envoyer le ballon à l'aile opposée pour Sid, repris à 3m mais soutenu par Tuilagui qui aplatissait le deuxième essai de son équipe (11e, 12-0).
Perpignan rayonne
Ce n'était que partie remise pour le petit ailier du vice-champion de France en titre. Sur une 89 d'école derrière une mêlée à 15m, il allait dans l'en-but pour inscrire le troisième essai (32e, 19-0), rapprochant son équipe de l'objectif final qu'était le bonus offensif et donc les quatre essais. Une dernière pénalité de Porical dans les arrêts de jeu ne faisait que parfaire une copie quasi-idéale de l'USAP dans cette première période (40e+2, 22-0). Au retour des vestiaires, une incompréhension entre Porical et Candelon annihilait une croisée et un beau mouvement (42e). Et les Scarlets réduisaient l'écart par Davies (45e, 22-5). Une péripétie, presque un épiphénomène dans un match parfaitement maîtrisé par les hommes de Jacques Brunel. Quelques petits crochets de Mermoz au centre du terrain, une accélération et une passe à hauteur pour Cazenave, et le demi de mêlée sprintait pour inscrire le quatrième essai libérateur, transformé après vidéo par Laharrague (48e, 29-5). Le "buteur-suppléant" passait une nouvelle pénalité (53e, 32-5), faisant passer les Scarlets pour de simples faire-valoir. Un essai en force conclu par Britz ne faisait qu'accentuer l'écart entre les deux équipes (68e, 37-5). Un score finale qui ouvre donc les portes du stade de Montjuic, où les Catalans attendront impatiemment leurs adversaires en quarts de finale au mois d'avril, malgré le carton attendu réalisé par Leicester contre Trévise (62-15). Ces deux victoires entraînent Clermont en quarts de finale du Challenge européen.
Tableau des quarts de finale
Northampton (ENG) - Ulster (IRL)
Leinster (IRL) - Leicester (ENG)
Perpignan (FRA) - Toulon (FRA)
Biarritz (FRA) - Toulouse (FRA)
Duels au soleil
L'adage veut qu'un match se joue jusqu'au bout, jusqu'au coup de sifflet final. Après être revenu à égalité 16-16 à l'entame du dernier quart d'heure, Toulouse se voyait déjà recevoir au Stadium en quarts. Déjà éliminés de la compétition, les Wasps voulaient finir en beauté quitte à priver le Stade de son bonus. Les Français avaient produit beaucoup d'efforts en jouant à quatorze suite au carton rouge de Fritz sur placage dangereux. Dans les dernières secondes, ils n'avaient pas force de stopper la course de Lemi qui aplatissait sur un coup de pied à suivre. "On a joué en sous-nombre l'essentiel de la partie donc forcément ça a été dur. On a fait honneur à notre maillot, on s'est défendu corps et âme. Malheureusement, on prend cet essai à la fin, a regretté Yannick Jauzion. Si on ne le prend pas, on reçoit. Maintenant, on est qualifié en quart de finale, c'est une bonne chose. La partie ne va pas être simple contre Biarritz." Il y aura deux clubs du top 16 en finale puisque, outre Biarritz-Toulouse, Perpignan recevra Toulon. Les deux futurs vainqueurs n'étant pas dans le même tableau, on pourrait encore retrouver deux français en finale.
Jacques Brunel (entraîneur de Perpignan): "Aborder de cette façon une rencontre face à un adversaire qui avait martyrisé notre défense, nous a permis de faire une grosse partie du chemin vers la qualification. On s'est facilité la suite et la satisfaction vient notamment du début de rencontre, ce qui n'était plus notre habitude. Cela fait deux ans que l'on passait à côté de cette qualification, notamment l'an dernier avec un parcours très heurté et des déceptions à Trévise. Il y a un petit avantage de jouer à domicile et ayant fait ce parcours, cela nous donnera peut-être ce petit avantage. On a fait ces dernières années de bons parcours en championnat et en Coupe d'Europe on n'avait pas réussi, c'était un manque. On se doit d'être présent dans les deux compétitions, si on veut prétendre faire partie des meilleures équipes françaises. Aujourd'hui on a eu à coeur d'aller le chercher. Jouer à Barcelone ou n'importe où, l'important c'est de gagner et on a acquis le droit de continuer dans cette compétition et on va tâcher de le faire parce qu'on en a envie. L'USAP y va rarement et on a l'ambition de retrouver ces années où elle s'est montrée à son avantage".
Nigel Davies (entraîneur de Llanelli): "On savait qu'il nous faudrait venir ici et jouer très bien et même probablement espérer le meilleur de notre équipe. On ne l'a pas fait et particulièrement dans les 20 premières minutes. On a fait beaucoup trop d'erreurs, probablement en raison de la forte pression que nous a imposée Perpignan. Ils gagnaient la plus part des ballons et défendaient très bien pour exploiter les ballons rapidement. On croyait vraiment que si nous jouions notre potentiel, nous pouvions être compétitifs, mais on ne l'a pas fait".
Jérôme Porical (arrière de Perpignan): "Mon premier essai, un peu chanceux car j'ai le rebond favorable, a certainement lancé l'équipe, mais le collectif a été présent de bout en bout et c'est cela qu'il faut retenir. Pourquoi l'USAP propose-t-il deux visages différents en championnat et en Coupe d'Europe ? Peut-être parce que le jeu en Coupe d'Europe est plus aéré et permet plus d'occasions d'attaques. Maintenant, il faut se remettre en marche pour le championnat, on aura le temps de penser au quart, peut-être à Barcelone, quand il le faudra".
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