L'Espagne en finale aux penalties
Un jeu d'échecs. Voilà le résumé succinct de la première demi-finale de l'Euro-2012. Entres les fulgurances des stars portugaises (Cristiano Ronaldo, Nani) et la maîtrise collective espagnole, la tendance semblait donner un avantage aux seconds. Mais collectivement, l'équipe du Portugal a réalisé une énorme performance. Sans se replier irrémédiablement devant son but, comme avaient pu le faire cette année le Real Madrid ou Chelsea pour vaincre le FC Barcelone, véritable inspirateur du jeu de la Roja, la formation de Paulo Bento a effectué un pressing très haut. Et cela a totalement déréglé la belle machine espagnole, il est vrai moins brillante depuis le début de la compétition que lors de son titre mondial ou européen. L'Espagne n'a pas abandonné pour autant la maîtrise du ballon, mais elle l'a presque partagée avec son adversaire. Et c'est déjà un exploit.
Cristiano Ronaldo rate la balle de break à la 90e
Et en pratiquant ce pressing haut, sans laisser d'espaces dans leur dos, les Lusitaniens se sont placées dans les conditions de se créer des occasions, et faire douter la défense adverse. Et ils y sont parvenus. Les premières minutes à leur avantage avaient été effacées par une belle occasion ibère, conclue par une frappe de l'intérieur du pied trop enlevée d'Arbeloa (9e). Mais ensuite, Casillas a dû intervenir sur un centre de Cristiano Ronaldo que convoitait Nani (13e), avant que Sergio Ramos ne repousse de la poitrine dans sa surface un centre passant tout près de Sa main (27e). La deuxième grosse occasion de l'Espagne intervenait à la 29e minute, avec une frappe enroulée d'Iniesta qui frôlait la lucarne portugaise. Un tir de Cristiano Ronaldo passant de peu à côté du poteau espagnol (31e), donnant à cette première période un sentiment d'équilibre parfait.
En deuxième période, la partie d'échecs se prolongeait. Et les jambes lourdes de chaque côté réduisaient forcément les capacités à enchaîner les occasions franches. Les entrées de Jesus Navas et de Fabregas du côté espagnol avant l'heure de jeu, puis celle de Nelson Oliveira à dix minutes du terme du temps réglementaire, ne changeaient rien. Un coup franc de Cristiano Ronaldo passait juste au-dessus du but de son coéquipier au Real, Casillas (73e). Il recommençait dix minutes après, pour le même résultat (84e). Et sur un contre à la 90e minute, Raul Meireles décalait sa star sur le côté gauche mais le contraignait à ralentir sa course, et le Madrilène envoyait sa frappe largement au-dessus.
Aucun but encaissé par l'Espagne
Les deux équipes étaient donc contraintes de disputer la prolongation. Première à se montrer dangereuse, l'Espagne voyait le tir d'Iniesta, sur un mauvais dégagement de la défense portugaise dans l'axe, être contré (96e). Et à la 104e minute, après un festival de Pedro sur le côté gauche, Iniesta, appliqué sur son intérieur du pied droit, était malheureux de voir Rui Patricio détourner magnifiquement sa tentative. Et dans le temps additionnel, Sergio Ramos propulsait son coup franc juste au-dessus de la barre transversale. Dans la deuxième période de la prolongation, Jesus Navas adressait un tir repoussé par le portier portugais dans les pieds de Pepe, qui lui remettait (111e), alors qu'un Espagnol convoitait le ballon. Les Ibères accentuaient la pression, mais Pedro, parti dans une course en solitaire de 40m, était repris dans la surface portugaise (114e). Le Portugal avait de plus en plus de mal à contenir les actions adverses. Pour la neuvième fois de suite, l'Espagne n'encaissait aucun but dans un match à élimination directe d'une phase finale (Euro-2008, Mondial-2010, Euro-2012).
Et c'est donc aux tirs au but que le sort de ce match se jouait. Et les deux gardiens ont débuté en arrêtant la première tentative adverse (Xabi Alonso d'un côté, Moutinho de l'autre). Iniesta et Pepe trouvaient ensuite les filets, suivis par Pique et par Nani, puis par Sergio ramos, mais par Bruno Alves, qui trouvait la barre. Et ce manque de réussite, Fabregas l'avait, sa tentative heurtant le poteau avant d'entrer dans le but pour qualifier l'Espagne en finale. Voilà à quoi s'est joué cette première demi-finale.
Réactions
Iker Casillas (gardien de but et capitaine de l'Espagne) au micro de la radio espagnole Cope: "C'est sûr, nous nous souviendrons de ce moment quand le temps passera, surtout quand nous n'atteindrons plus les finales. Tout ça, n'est pas à la portée de tout le monde. L'équipe est là. C'est une équipe qui a été faite à base de souffrance, de critiques, mais grâce à elle, tout le monde est content, le public, la presse et les joueurs. Nous voulons continuer à donner de la joie. D'ici à dimanche, nous allons faire en sorte que tout le monde soit content. Les tirs au but c'est de la chance..."
Cesc Fabregas au micro de Telecinco: "On m'a dit que j'allais tirer en deuxième, mais j'ai répondu que je voulais plutôt tirer en cinquième. J'avais le pressentiment, l'intuition que les choses se passeraient bien et que la vie me réservait quelque chose d'aussi beau que ce moment-là. J'ai eu la bonne intuition, même s'il faut reconnaître que c'est plus facile de tirer pour se qualifier que dans une situation contraire, où si on le manque on est éliminé. Nous sommes très heureux d'atteindre une autre finale, je ne sais pas si une autre équipe est déjà parvenue à le faire autant de fois consécutivement dans l'histoire, mais c'est un exploit autenthique."
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