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L'Argentine crée une ligue de football professionnelle

En pleine crise structurelle, le football argentin va se doter d'une ligue de football professionnelle. Le championnat était auparavant géré par la fédération argentine de football.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
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Plongé en plein marasme après la retraite internationale de Messi, la démission de son sélectionneur avant les JO et les crises à répétition, le football argentin vient d'accoucher d'une ligue professionnelle, à quelques semaines du début du Championnat. En Argentine, cela fait près de deux ans que les tensions s'accumulent dans le monde du ballon rond. Au centre des débats ? La volonté des "gros" clubs de créer une ligue professionnelle à l'intérieur de la Fédération argentine de football (AFA), qui organiserait les compétitions comme cela se fait en Europe. La dénommée "Superliga" a été approuvée mercredi soir, à une très large majorité, 70 votes contre un, par le comité exécutif de l'AFA, où siègent les représentants des clubs. Ce nouveau Championnat débutera le 19 août, avec 30 équipes en première division. Le point le plus litigieux a été la répartition de l'argent issu des droits TV. Depuis 2009, l'Etat argentin est détenteur des droits de retransmission des rencontres de la sélection nationale et du Championnat.

"Football pour tous"

Une initiative du gouvernement de l'ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015), baptisée "Football pour tous", qui permettait aux Argentins de voir gratuitement et sans abonnement particulier tous les matchs de championnat, alors que de 1992 à 2009 les rencontres étaient retransmises sur des chaînes payantes. Sur les quelque 166 millions de dollars payés par le gouvernement, 78% iront aux clubs de première division. Les deux clubs les plus populaires, Boca Juniors et River Plate, toucheront 600.000 dollars chacun, 400.000 dollars iront à chacun des quatre autres grands (Racing, Independiente, San Lorenzo et Velez) et les 24 autres formations auront droit à 300.000 dollars chacune, ont indiqué des sources internes à l'AFP. La "Superliga" restera dans le giron de l'AFA, comme exigé par la FIFA, mais aura un président et une direction séparés. Beaucoup y voient un affaiblissement de la Fédération, qui continuera de gérer l'équipe d'Argentine, les arbitres et le tribunal de discipline, notamment.

"C'est un suicide, un jour de deuil pour le football argentin. Ceux qui sont responsables de l'état de l'AFA sont les mêmes qui viennent nous vendre un nouveau modèle", a réagi Mario Gianmaria, seul vote contre la Superliga. Mais pour les promoteurs de cette ligue, il s'agit d'une sortie de crise honorable pour le football argentin, qui traversait la pire période de son histoire. Nicolas Russo, président de l'équipe de Lanus, n'y voit que du positif : "C'est une alternative qui va nous permettre de nous professionnaliser. Il y aura beaucoup plus d'argent pour les clubs. Le président (de la ligue) doit avoir un profil d'entrepreneur. Ca ne peut pas être un dirigeant du football". L'organe mondial du football doit encore valider cette création et une commission de la FIFA est attendue la semaine prochaine. Elle pourrait avoir quelques objections, selon ces mêmes sources.

Macri, ex-président de Boca

Pourraient entre autres être contestés : le mandat du futur président de la Superliga, qui peut "être réélu indéfiniment" d'après les statuts actuels, et la cession des droits TV de l'AFA à la ligue "pour une durée indéterminée". Derrière la naissance de cette ligue, l'influence du président argentin Mauricio Macri, qui a dirigé le club de Boca Juniors de 1995 à 2007, est évidente. Début juillet, au pic de la crise, ce partisan déclaré de la Superliga avait fustigé "la désorganisation du football argentin". Le sélectionneur de l'Argentine, Gerardo Martino, à la tête de la sélection depuis août 2014, venait alors de démissionner. Un départ qui intervenait quelques jours après la deuxième défaite d'affilée de l'Argentine en finale de la Copa America, toujours face au Chili, suivie dans la foulée de l'annonce-choc de la retraite internationale de sa star Lionel Messi. Pour compléter le tableau, l'élection du successeur du président intérimaire de l'AFA, Luis Seguro, initialement prévue le 30 juin pour mettre fin à la crise, avait été reportée à la suite d'une décision de justice. Les magistrats argentins soupçonnent des irrégularités dans la gestion des fonds versés par l'Etat : Luis Seguro ainsi que six autres dirigeants de l'AFA, mais surtout les trois derniers chefs du gouvernement de Cristina Kirchner -Anibal Fernandez, Jorge Capitanich et Juan Abal Medina- ont été mis en examen car le programme "Football pour tous" dépendait directement d'eux.

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