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L'Allemagne, première grande nation à relancer son championnat

Ce samedi, le football fait son grand retour dans l'un des cinq grands championnats européens, la Bundesliga. Avec cette reprise de la compétition, les dirigeants du football allemand font un grand bond dans l'inconnu alors que toutes les rencontres se dérouleront à huis clos et que des protocoles sanitaires stricts ont été imposés aux équipes et à aux staffs. Cette reprise devrait s'avérer déterminante. En cas de réussite ou d'échec, elle inspirera forcément le reste des championnats européens, qui regarderont attentivement cette 26e journée de Bundesliga.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
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  (INA FASSBENDER / AFP)

Le championnat allemand au centre des attentions : la Bundesliga sera samedi la première ligue majeure à redémarrer depuis le début de l'épidémie du nouveau coronavirus. Le succès ou l'échec de cette opération "re-start", à huis clos, pourrait montrer la voie aux autres grandes nations du ballon rond en Europe. L'enjeu est énorme, les pièges sont nombreux, et les certitudes rares. Si l'Allemagne mène son championnat à terme, elle aura prouvé au monde que le sport professionnel peut vivre avec le coronavirus. Une interruption de la compétition avant la fin démontrerait le contraire.

"Enfin ça repart", claironne la Une en ligne du quotidien allemand Bild affichant un compte à rebours avant le coup d'envoi des premières rencontres à 15h30 ce samedi avec comme question: "qui sera champion du huis clos ?". La bible du foot allemand, Kicker, laisse planer le doute en estimant qu'il s'agit "d'un départ avec des points d'interrogation". Quant au Spiegel, il se demande si "sans l'ambiance dans les stades, les fans ont réellement envie de foot."

Déjà deux entraîneurs absents pour la reprise

Une partie des réponses apparaîtra dans l'après-midi lors du coup d'envoi des cinq premiers matches de cette 26e journée, la première depuis début mars, donné simultanément dans cinq stades vides de tout supporter. Pour convaincre les pouvoirs publics allemands, les équipes ont accepté de se soumettre à des mesures sanitaires draconiennes, et ont dû s'isoler du monde toute cette semaine. Deux entraîneurs ont déjà été exclus des matches de ce week-end pour avoir violé cette quarantaine. Heiko Herrlich, d'Augsbourg, coupable d'être sorti de l'hôtel pour aller acheter du dentifrice en ville. Et Urs Fischer, son collègue de l'Union Berlin, qui a volontairement quitté son groupe pour un deuil familial.

Le spectacle s'annonce étrange. Dans l'écho angoissant d'enceintes géantes désertes, les joueurs devront renoncer aux effusions collectives pour célébrer leurs buts. Remplaçants et entraîneurs porteront des masques. Le protocole convivial d'avant-match, accompagnement par des enfants, poignées de mains et photos, sera supprimé. "Le monde entier regarde maintenant vers nous", a constaté vendredi l'entraîneur du Bayern Munich Hansi Flick : "Ça peut être un signal pour toutes les autres ligues et ça peut permettre au sport de reprendre partout (...). Nous avons une fonction d'exemple très importante."

Les autres championnats suivront-ils le mouvement ?

Notamment pour l'Italie, l'Espagne et l'Angleterre, les trois autres grands championnats qui envisagent de reprendre avant l'été, mais doivent encore convaincre leurs gouvernements. D'autres, comme la France, les Pays-Bas ou la Belgique depuis vendredi, ont déjà décidé de mettre un terme définitif à la saison. En Allemagne, où une majorité de l'opinion publique n'est pas favorable à la reprise du championnat (56% des personnes interrogées dans un sondage cette semaine), les pouvoirs publics ont conscience de l'enjeu politique, et ont clairement placé une épée de Damoclès au dessus du football.

"Il faudra s'en tenir aux règles, et si l'on ne s'y tient pas, il risque d'y avoir un carton rouge", a lancé vendredi le puissant chef du gouvernement régional de Bavière Markus Söder, pourtant fervent fan de football. Un ministre régional de Saxe (région de Leipzig) a pour sa part menacé de faire interrompre les matches en cas de rassemblement massif de supporters, contraire aux consignes de distanciation sociale. "Nous portons une responsabilité gigantesque", a reconnu vendredi le patron du Borussia Dortmund Hans-Joachim Watzke.

Un derby de la Ruhr comme affiche de cette reprise

Samedi, l'affiche de la 26e journée opposera justement Dortmund, deuxième du classement, à son voisin Schalke, dans le prestigieux "derby de la Ruhr" (15h30), à huis clos pour la première fois de l'histoire. Le leader Munich et ses stars n'entreront en piste que dimanche à 18h à Berlin, sur la pelouse de l'Union. Cette reprise vise à sauver un secteur économique sinistré par l'arrêt des compétitions. En jouant les neuf dernières journées de la saison, les clubs vont récupérer 300 millions d'euros de droits TV, qui permettront à plusieurs d'entre eux d'éviter la faillite.

L'objectif est de terminer le championnat le 27 juin. Mais une prolongation en juillet n'est pas exclue, si certains clubs contaminés étaient contraints par leurs autorités locales de se mettre en quarantaine et empêchés de jouer. Pour l'heure, un seul est dans cette situation, le Dynamo Dresde (deuxième division). En première division, plusieurs joueurs ont été testés positifs et placés à l'isolement, mais toutes les équipes sont autorisées à jouer, sur la base des tests réalisés régulièrement.

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