L'Algérie face au mythe des années 80
C'est le match de la honte. Resté dans les mémoires des Algériens mais aussi de toute la planète du ballon rond. Cette victoire de la RFA sur l'Autriche (1-0) au terme d'un non-match avait coûté la qualification aux Fennecs, victimes d'une entente entre les deux pays voisins pour se qualifier.
Cette sombre histoire de la Coupe du monde a traversé les époques. Noredine Kourichi, adjoint de Vahid Halilhodzic, était en défense centrale voici 28 ans. "A l'époque, on était un pays sous-développé qui rencontrait l'ogre allemand champion d'Europe. On nous promettait de prendre 5 ou 6-0 et qu'on allait être mangés par cette puissance allemande où il y avait de grands noms comme Rummenigge, Stielike ou Hrubesch", se souvient-il. "Ce jour-là c'est la qualité technique qui a fait la différence sur la puissance de l'Allemagne. On s'était préparé un peu comme aujourd'hui, dans la sérénité avec un groupe peu expérimenté".
De Valence à Naples, de l'Inter à Tottenham
Dans cette décennie dorée marquée par la classe d'un Rabah Madjer au sommet, l'Algérie dispute les Coupes du monde 1982 et 1986 (éliminations en 1ère phase à chaque fois), perd en finale de la Coupe d'Afrique des Nations (1980), prend la 3e place à deux reprises (1984 et 1988) avant de la conquérir pour la première et seule fois de son Histoire (1990). C'est ce glorieux passé que les actuels membres de la sélection veulent faire revivre. En mieux.
Comme leurs aînés, ils sont allés à l'étranger chercher l'évolution attendue pour atteindre le plus haut niveau. En Italie (Ghoulam à Naples, Mesbah à Livourne, Taïder à l'Inter), en Espagne (Cadamuro à Majorque, Lacen à Getafe, Feghouli à Valence, Brahimi à Grenade), au Portugal (Slimani au Sporting, Ghilas à Porto et Haliche à Coimbra), en Angleterre (Bentaleb à Tottenham, Mahrez à Leicester, Belkalem à Watford), en Croatie (Soudani au Dinamo Zagreb) et bien sûr en France (Medjani à Valenciennes, Mostefa à Ajaccio, Mandi à Reims).
La jeunesse mais aussi la vitesse
"Le groupe manque d'expérience", concède Kourichi. "Mais on a une arme importante: la vitesse et la percussion. Et quand on a l'envie, l'insouciance et le talent, tout est permis". Surtout lorsqu'on voit l'Espagne, double championne d'Europe et championne du monde en titre se prendre une telle gifle contre les Pays-Bas. "Les deux équipes ont leur chance, il n'y a pas une petite équipe qui rencontre une grande, à nous de croire à l'exploit". Dans un groupe extrêmement ouvert (avec la Russie, la Belgique et la Corée du Sud), l'Algérie peut s'appuyer sur son expérimenté entraîneur, Vahid Halilhodzic.
Avec lui, sa science tactique et sa rigueur, et surtout avec le soutien des supporteurs dont la ferveur n'est plus à démontrer, les Fennecs ont arraché leur billet pour le Brésil au prix d'une petite mais précieuse victoire (1-0) sur le Burkina Faso qui s'était imposé à l'aller (3-2). Et lors des matches de préparation, l'Algérie a accumulé de la confiance, battant la Slovénie (2-0) en mars, puis l'Arménie (3-1) fin mai avant de finir par un succès probant contre la Roumanie (2-1). Un succès fini avec l'envahissement du terrain par les supporteurs algériens. Malgré la distance, l'Algérie sait que tout un peuple va retenir son souffle ce soir.
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