L'agence antidopage russe reste sous surveillance, sans subir de nouvelles sanctions
L'Agence mondiale antidopage (AMA) a décidé mardi de ne pas imposer de nouvelles sanctions à l'agence russe RUSADA, qui n'avait pas respecté la date-butoir du 31 décembre pour lui fournir des données cruciales de son laboratoire à Moscou.
"Plusieurs membres du Comité exécutif ont exprimé leur déception de voir que la date-butoir n'avait pas été respectée mais sont convenus qu'aucune sanction ne devait être imposée pour cela", a expliqué le président de l'AMA Craig Reedie dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion de ce comité, qui devait se prononcer sur d'éventuelles sanctions.
Entre 2015 et 2016, la Russie a été au centre d'un des plus grands scandales de l'histoire du sport, avec les révélations sur un système de dopage institutionnel qui a pu bénéficier à un millier de sportifs dans une trentaine de disciplines, selon le rapport du juriste canadien Richard McLaren, missionné par l'AMA. L'agence mondiale, vertement critiquée pour sa mansuétude quand elle avait levé en septembre dernier les sanctions frappant RUSADA, rappelle toutefois que le pays reste sous surveillance. Ainsi, Moscou doit toujours fournir les échantillons restés au laboratoire dont l'AMA aura besoin pour d'éventuelles réanalyses. Un processus qui doit se terminer le 30 juin, selon l'agence mondiale.
Le directeur de la RUSADA, Iouri Ganous, s'est immédiatement félicité de cette décision. "On peut continuer le travail, passer à la deuxième étape", a-t-il réagi lors d'une conférence de presse. "Aujourd'hui, nous travaillons. Nos sportifs pourront participer (aux compétitions), aucune sanction ne sera prise contre eux (...) Il y a encore un travail essentiel devant nous. C'est un processus long". La Russie peut donc souffler pour l'instant. Les sanctions imposées par l'AMA de novembre 2015 à septembre 2018 lui ont rendu la vie plus difficile pour l'attribution de grandes compétitions, après les JO d'hiver de Sotchi en 2014 et l'obtention, fin 2010, de la Coupe du monde de football 2018.
La Russie reste néanmoins bannie à ce stade de toute compétition par la fédération internationale d'athlétisme (IAAF), qui suit son propre processus. En décembre dernier, l'IAAF, qui autorise à concourir des athlètes russes triés sur le volet et sous bannière neutre, avait maintenu les sanctions, en réclamant à nouveau les données des contrôles de l'ancien labo de Moscou.
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"Attraper d'autres tricheurs"
En annonçant le 20 septembre la levée de la suspension de la RUSADA en vigueur depuis 2015, l'AMA avait assorti cette décision controversée de conditions strictes. Parmi elles, la récupération des milliers de données enregistrées pendant les années 2011-2015 au coeur du scandale, devait intervenir avant fin décembre 2018. Une première mission de l'AMA au laboratoire, mi-décembre, avait échoué, pour raisons "logistiques" selon le Kremlin. Une deuxième mission, dépêchée début janvier, a finalement permis à l'agence de récupérer les données juste au moment où le CRC étudiait ses recommandations mi-janvier. Soit deux semaines après la date-butoir.
Les milliers de données brutes récupérées à Moscou doivent à présent être authentifiées et analysées par l'AMA, qui espère pouvoir ouvrir des dossiers disciplinaires solides contre des sportifs. "Nous passons désormais à la deuxième phase (...) à savoir authentifier les données de l'ancien laboratoire afin de pouvoir les utiliser pour attraper d'autres sportifs tricheurs, ou d'en innocenter d'autres", a ajouté le président Craig Reedie. "Nous voulons que ceux qui ont triché rendent des comptes", a-t-il poursuivi. D'où l'importance de récupérer les échantillons restés au laboratoire de Moscou, en tout cas ceux qui n'ont pas été détruits. Lors d'une téléconférence avec des journalistes, le chef du département des enquêtes de l'AMA, Günter Younger, s'est montré optimiste: "nous avons déjà identifié les cas les plus suspects (...) nous savons exactement ce que nous cherchons".
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