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Riner pour l'Histoire, les Bleus en reconquête

Les Mondiaux de judo qui débutent jeudi ont un double intérêt du côté de la France. Teddy Riner, engagé en +100kg et en toute catégorie, a l'ambition d'être sacré sur les deux disciplines, devenant ainsi le premier à décrocher cinq titres mondiaux consécutifs. Mieux que David Douillet, à seulement 21 ans. Au Japon, dans l'antre de ce sport, les Français veulent effacer les 3 petites médailles gagnées l'an dernier. Mais le Japon se trouve dans la même situation.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

"Je suis prêt à laisser des plumes, même ma vie sur un tatami". Cette phrase de Teddy Riner résume l'état d'esprit de l'ensemble de l'équipe de France. Une conscience inculquée par le staff tricolore, comme l'indique René Rambier, le directeur technique du haut niveau: "Je souhaite voir un comportement vraiment de combattant sur le tapis, même si on doit mourir, entre guillemets, sur le tapis, on va jusqu'au bout de soi-même. C'est ça le jeu." Avec seulement trois médailles gagnées à Rotterdam en 2009 (l'or de Ribout et Riner, le bronze de Jossinet), l'équipe de France avait réalisé l'un des pires résultats de son histoire dans les championnats du monde. A Tokyo, là où le judo est né, les Français veulent redorer leur blason et reconquérir leur lustre.

En porte-étendard ou en locomotive, Teddy Riner. A 21 ans, la star tricolore a l'occasion de dépasser tous les "maîtres" de la discipline reine, que sont les Japonais Naoya Ogawa, Shozo Fujii et David Douillet. Ces trois monstres sacrés sont les seuls à avoir remporté quatre titres mondiaux. Lui pourrait repartir du Japon avec cinq couronnes, s'il s'impose en +100kg et en toutes catégories. "Après mon titre de 2009, je ne me suis pas endormi, j'ai bossé comme jamais, je me suis mis constamment dans le rouge, unique voie de la réussite en compétition", explique-t-il. "Aujourd'hui, je suis mieux préparé encore, ma panoplie technique est plus large, je suis aussi plus précis, j'appréhende moins les combats, je sais mieux comment gérer telle ou telle situation sur ou en dehors du tatami." Teddy Riner plus fort qu'avant, le défi est donc de taille pour ses rivaux, que sont notamment les Japonais Keiji Suzuki (champion olympique 2004, champion du monde en 2003 et 2007), Kazuhiko Takahashi, ou l'Ouzbek Abdullo Tangriev (qui l'avait battu aux JO-2008. Dès jeudi, le Guadeloupéen débutera sa compétition en +100kg, et il devra attendre le dernier jour pour la compétition toutes catégories. De l'or au début et à la fin des Mondiaux, le timing est idéal pour entrer pleinement dans la légende du judo. "Teddy est toujours à la recherche de l'éternel recommencement et de records à battre. Il veut faire mieux que les anciens", souligne son entraîneur en équipe de France, Benoît Campargue.

Avec pour la première fois la possibilité d'engager deux athlètes dans chaque catégorie, la concurrence sera rude pour tout le monde. Hormis en -52 et +78kg dames, et -60 et -90kg hommes, la France a doublé toutes les catégories. Morgane Ribout, révélation l'an dernier avec son sacre mondial en -57kg, absente cette année en raison d'une infection urinaire, Frédérique Jossinet sera l'autre médaillée 2009 à repartir à l'assaut d'un premier grand titre à l'âge de 34 ans. Championne du monde en -70kg voici trois ans, Gévrise Emane, victorieuse du tournoi de Paris et du Grand Chelem de Moscou, ambitionne de revenir au sommet: "J'arrive sans aucun pression avec l'envie de les manger toutes afin de reprendre ma place, celle que j'ai quittée il y a trois ans", annonce-t-elle. Lucie Decosse ayant fait le chemin inverse (passage de -63 à -70kg), elle voudra également s'emparer de la couronne mondiale cinq ans après celle en -63kg. La belle surprise pourrait venir d'Audrey Tcheumeo (-78kg), alors que chez les hommes, dont la sélection a été renouvelée à 90% par rapport à 2009, Benjamin Darbelet vise une breloque en -73kg. De quoi faire beaucoup mieux que l'an dernier à Rotterdam.

Ce passé est également à effacer du côté japonais. A domicile, l'humiliant zéro pointé des garçons aux Pays-Bas (qui n'était plus arrivé depuis 1965), tout juste sauvé par trois titres des filles, est encore dans toutes les mémoires. "Nous devons venger l'humiliation que nous avons vécue l'année dernière", rappelle Shinichi Shinohara, l'entraîneur national de l'équipe masculine. Le rêve d'une nation serait de retrouver un règne dans la catégorie reine des +100kg. L'absence de Ryoko Tamura Tani, icône avec ses deux titres olympiques et ses sept titres mondiaux mais retirée momentanément de la compétition pour faire un deuxième enfant et être élue sénatrice, sera un handicap pour les Nippons.

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