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Judo : Faïza Mokdar, 17 ans et déjà dans l'histoire

Elle a réalisé ce que personne avant elle n'avait fait. En devenant début novembre championne de France seniors dans la catégorie des -52kg, Faïza Mokdar, 17 ans, est entrée comme une grande dans le panthéon du judo français. Cette saison elle a remporté tous les titres nationaux dans trois catégories différentes, une première dans l'histoire. Membre du PSG Judo depuis quelques mois, la jeune judokate n'en n'oublie pas de garder les pieds sur terre. Un gage de succès dans l'ombre de la légende Teddy Riner. Entretien.
Article rédigé par Clément Mariotti Pons
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Quel est ton regard, avec un peu plus de recul, sur cette année 2018 ? Parce que si on récapitule, tu es championne de France cadettes, juniors et seniors en -52kg et championne d’Europe cadettes et juniors. C’est assez fou quand on y pense...

Faïza Mokdar : "Je suis contente parce que j'ai réussi à faire trois fois championne de France dans l'année, ça n'avait encore jamais été réalisé donc oui, je suis fière d'avoir pu faire ça. Et puis aussi parce que j'ai apporté une première médaille à mon club, et c'est important aussi de pouvoir bien le représenter."

Est-ce que tu as l’impression que le regard des gens a changé, que tu dois faire face à de nouvelles sollicitations ?

FM : "Au niveau de mon entourage il n'y a rien qui a changé, de mes amies non plus d'ailleurs. La seule différence, c'est que j'ai fait beaucoup plus d'interviews par rapport à avant (rires). Mais c'est tout, sinon il n'y a rien d'autre qui a changé, c'est toujours pareil, je continue de m'entraîner comme avant."

Comment tu parviens à garder les pieds sur terre ? À 17 ans, sincèrement, il n’y en a peut-être pas beaucoup qui y arriverait après une saison comme celle-là…

FM : (Sourire) "Pour garder les pieds sur terre ? Déjà il y a ma famille pour me les remettre. Je suis humble, j'essaie de l'être et je reste à ma place, simplement. Je n'ai pas atteint le sommet pour l'instant, je ne suis personne."

Ton titre de championne de France seniors, c'est aussi le premier avec ton nouveau club, le PSG Judo. Tu fais partie des 14 athlètes à faire partie de la section cette saison, avec entre autres Joris Agbegnenou, Hugo Métifiot, Habi Magassa etc. Comment s'est passée la détection par le PSG ?

FM : "J'étais au pôle espoir Île-de-France à Brétigny et Nicolas Mossion, qui était prof au PSG, l'était également là-bas. Après les championnats de France juniors, il est venu me voir pour me parler du PSG Judo. Comme dans mon ancien club il n'y avait pas beaucoup de filles, Nicolas m'a dit qu'il allait ouvrir une section (il est désormais responsable "jeune" du club, ndlr).  Il était le prof de mon pôle, je le connaissais assez bien donc je lui ai fait confiance et l'ai rejoint."

"Je n'ai pas atteint le sommet pour l'instant, je ne suis personne"

Tu étais au judo club de Chilly-Mazarin avant de rejoindre Paris. Comment as-tu vécu ce changement de club et cette nouvelle adaptation ?

FM : "Mon adaptation a été simple. Je garde toujours contact avec mon ancien club et comme j'habite à Morangis, c'est juste à côté donc je passe les voir. J'ai des petits frères en compétition, je vais les observer. On se voit souvent. Et avec le PSG l'intégration a été vite faite parce que je connaissais bien Nicolas et même les athlètes qui y sont. Beaucoup étaient à Bretigny au pôle espoir et j'en avais rencontré d'autres dans le milieu avec les compétitions."

Le PSG Judo, c’est le club de David Douillet, de Djamel Bouras, de Teddy Riner… Qu’est-ce que ça représente pour toi ? Tu as déjà pu discuter un peu avec eux ?

FM : "J'ai déjà discuté avec Djamel Bouras (champion olympique des -78kg à Atlanta en 1996, ndlr) vu qu'il est le président du club et aussi Teddy Riner (dix fois champion du monde chez les +100kg, double champion olympique, ndlr), on l'a déjà croisé. Ça fait plaisir d'être dans leur club, ça ne peut nous apporter que du plus pour continuer à progresser, surtout avec Teddy qui a énormément d'expérience. Après chaque compétition Djamel Bouras nous appelle pour nous féliciter, il nous dit des petits mots, ça nous encourage. Même avant des compétitions on a l'occasion de l'avoir au téléphone, ça nous motive encore plus et nous donne envie de représenter le club au maximum."

| À voir : Teddy Riner, en mission pour Tokyo 2020 |

Dans une interview tu dis que pour toi “il n’y a pas un titre qui soit plus important qu’un autre”. Tu le penses vraiment ?

"On m'avait demandé s'il y avait une différence entre les titres de championnes de France cadettes, juniors et seniors. Pour moi il n'y en a aucune parce que quand je suis dans une compétition c'est pour gagner et je me donne le même objectif. Et si j'arrive à l'atteindre, et bien au final j'ai donné la même chose. Ils sont tous aussi importants pour moi."

On t’a posé la question de Paris 2024 mais moi je t’aurais même demandé si tu penses à Tokyo en 2020. C’est quoi tes prochains objectifs, à commencer par la saison prochaine disons ? Le Grand Chelem de Paris en février ?

FM : (elle marque une pause sur les JO) "Oui, après voilà... (rires) Je n'ai encore jamais fait ça. Il faut tout donner, que je continue comme ça sans rien lâcher. J'essaie de monter petit à petit, après on verra. Je prends combat par combat et compétition par compétition."

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