Decosse et Tcheumeo, deux filles en or
Championne du monde et vice-championne olympique en titre, Lucie Decosse se savait attendue à Bercy. Presque autant que Teddy Riner, qui débutera son aventure mondiale samedi. Elle n'a pas failli pour atteindre les quarts de finale, même si son sang a coulé lors de son affrontement avec la Néerlandaise Linda Bolder, nécessitant l'intervention médicale durant quelques minutes pour soigner son nez. Mais hormis cette petite alerte, la Française a cmulé les combats probants, montant en régime à chaque sortie pour n'y passer que 26" lors de son 8e de finale contre la Russe Gubadova. Et en quarts, la Coréenne Kyong Sol a dû se résoudre à subir le même sort que les autres judokates, subissant un ippon à un peu plus d'une minute du terme du combat alors qu'elle était déjà menée par un yuko. La N.1 mondiale devait se défaire de la Hongroise Anett Meszaros, la gauchère qui lui avait barré la route des Mondiaux dès le 2e tour en 2009. Et face à une rivale qu'elle n'apprécie que peu, et qui a bien tenté de brouiller les cartes, Decosse a montré une nouvelle fois toute sa supériorité en plaçant un nouvel ippon magistral. Malheureusement, en finale, le combat n'a pas eu lieu. Opposée à la N.2 mondiale, Edith Bosch, elle a été confrontée à une adversaire survoltée, qui a beaucoup bougé, montrant une énorme agressivité pour l'empêcher de prendre le kimono, et qui a été pénalisée par les arbitres. Du coup, sans même pouvoir tenter la moindre attaque, Lucie Decosse a conservé sa couronne mondiale par waza-ari. Avec son titre mondial des -63kg, et ce deuxième en -70kg, elle conquiert la 3e couronne mondiale de sa carrière, et apporte à la France son deuxième titre de ces Mondiaux, après celui d'Emane hier.
Bien évidemment, cela n'a pas été aussi facile pour ses compatriotes, mais Marie Pasquet, dans la même catégorie, et Audrey Tcheumeo, dans les -78kg, ont tout de même largement tenu leur rang, en suivant le même chemin pour aboutir aux quarts de finale, minimum pour aller chercher au moins une médaille de bronze, soit par la voie royale avec les demi-finales soit par les repêchages. Pour Marie Pasquet, cela passait par les repêchages, après sa défaite contre la Cubaine Cortes Aldama après un combat qu'elle a subi et où elle n'a jamais pu mettre en place son judo face aux attaques incessantes de sa rivale. Et lors du 1er tour des repêchages, elle a subi le même genre de défaite, n'attaquant jamais la Slovène Rasa Sraka qui l'a dominée sur yuko.
Tcheumo, la nouvelle perle
Audrey Tcheumeo a bien failli subir le même sort pour les mêmes maux. L'Allemande Heide Wollert l'a fait beaucoup bouger, mais sur un de ses rares mouvements, la jeune championne d'Europe a fait voler son adversaire pour décrocher un ippon salvateur. Grâce à cette victoire, six ans après ses débuts dans la discipline, elle s'ouvrait les portes de demi-finales, et surtout d'un affrontement avec la championne du monde en titre, Kayla Harrison. La jeune Française de 21 ans n'a été déstabilisée ni par l'enjeu, ni par son adversaire, et encore moins par l'ambiance surchauffée d'un POPB bien rempli. Contre l'Américaine, elle a imposé sa puissance, contrant une de ses attaques pour inscrire un yuko vainqueur. Malgré ses difficultés à bien saisir la manche de sa rivale, elle parvenait à lui résister jusqu'au bout des cinq minutes pour valider son ticket pour la finale.Opposée à Akari Ogata, la Tricolore a survolé le combat en démontrant une rage de vaincre et une explosivité impressionnante. Par trois fois, elle envoyait la Japonaise au tapis, mais pas sur le dos, avant l'attaque fatale : un balayage parfait qui laissait Ogata sans réaction ! C'est le premier titre mondial pour Audrey, dont l'émotion après sa victoire faisait chavirer Bercy.
En revanche, chez les hommes, les -90kg n'ont pas brillé. Opposé au terrible Japonais Takashi Ono, Matthieu Dafreville n'est pas parvenu à renverser cette montagne, s'inclinant sur yuko dès le 1er tour. Romain Buffet a juste fait un peu mieux en franchissant l'obstacle du Mexicain Cardenas avant de tomber sur le Russe Kirill Denisov.
Déclarations :
Lucie Décosse (championne du monde en -70 kg): "C'était bizarre. Je ne savais plus si j'étais au Tournoi de Paris ou aux Championnats du monde. J'ai eu un blanc. J'étais contente. Après j'ai réalisé que c'était les Championnats du monde que j'attendais, que je voulais gagner et que j'ai réussi à gagner. Ce matin, même si je gagnais, j'ai commencé à me poser des questions. Le deuxième combat, j'ai réalisé que si je n'avais pas pris un coup dans le nez, ça ne m'aurait pas fait un électrochoc et j'aurais peut-être baissé la tête. Je me suis dit qu'il fallait que j'arrête de réfléchir. Après je me suis dit qu'il fallait que je me transforme et que je me batte. Et ça a été. (3e titre) J'avais tellement envie de gagner que je n'ai pas trop pensé au 3e titre. Je sais que c'est bien, je suis contente et je pense beaucoup aux Jeux parce que j'ai vraiment envie d'être championne olympique plus que d'avoir 3 titres mondiaux."
Audrey Tcheuméo (championne du monde -78 kg): "Je n'arrive pas encore à réaliser que je suis championne du monde à domicile. C'est trop d'émotions, c'est trop beau. Quand je fais ce balayage (en finale), je me dis: +ça y est, Tchumi, t'as déclenché la machine, faut rien lâcher+. Mon mot d'ordre toute la journée ça a été les jeux Olympiques. Je pensais fort à aller là-bas et conquérir l'or olympique. Je pense à tout, à ma famille, à la musique. Tout est chamboulé. Sur le tapis, je fais un mix de tout ça et ça donne la +Tchoumimania+. Ma mère était très fière de moi et elle s'est mise en pleurs et ça m'a encore plus touchée."
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