Ça s'est passé un 20 juillet 1996 : Le premier titre olympique de David Douillet
1 minute 57. C'est le temps dont a eu besoin David Douillet pour réaliser son ultime ippon contre l'Espagnol Ernesto Perez Lobo. 1 minute 57 pour ouvrir un palmarès olympique qui deviendra l'un des plus fournis de l'histoire du sport français. C'est aussi la naissance de la star Douillet qui, bien avant Teddy Riner, fut le premier à porter le judo à un tel niveau de médiatisation.
Ce 20 juillet fut également l'aboutissement d'un tournoi pas comme les autres, où la finale n'en était pas vraiment une, et où le sort s'est mêlé de la trajectoire en or du Français. Mais quel champion ne le fut pas sans un brin de chance ?
Douillet n'était que le favori numéro 2
David Douillet est loin d'être un néophyte à son arrivée aux Etats-Unis pour ces JO 1992. Ce sont déjà ses deuxièmes Jeux, après ceux de Barcelone où il s'adjugea, à 23 ans seulement, la médaille de bronze. Entretemps, le Français s'est construit un palmarès solide pour un judoka de son âge, et une réputation de flamboyant combattant sur les tatamis du monde entier. Jusqu'à 1996, seul un homme résiste à son ascension. Il s'agit du Géorgien David Khakhaleichvili.
Vainqueur des Jeux à Barcelone, il avait été désigné première tête de série du tableau, Douillet étant placé en second numéro, à l'exact opposé. Surtout, le Géorgien a dominé le Français en finale du Championnat d’Europe 1993. Certes, Douillet a rétorqué lors de la même année, en finale du mondial, en envoyant le colosse de l'Est à terre. Mais l'expérience de Khakhaleichvili, le passé de celui-ci en finale des Jeux, le relatif jeune âge du Français, tout cela contribuait à placer le Géorgien légèrement au-dessus de Douillet dans les pronostics. La finale était en tout cas toute trouvée, et la planète judo l'attendait avec impatience.
C'était sans compter sur une bêtise monumentale du Géorgien. La 19 juillet, la veille de la compétition, il est précisé à tous les participants que la traditionnelle pesée matinale s'effectuera, exceptionnellement, au village olympique, et non à la salle. Sauf que le coach de Khakhaleichvili ne l'entend pas, et le judoka se trompe de lieu de pesée le jour-J. Disqualification directe.
Désormais débarrassé de son principal adversaire, David Douillet a la voie libre pour aller décrocher son premier titre. La pression, cependant, lui tombe dessus avec la brutalité d'une guillotine. Le Français n'a tout simplement plus le droit de perdre. Ses premiers combats sont laborieux, mais l'essentiel est là : la qualification. En demi-finales, s'avance Naoya Ogawa, son bourreau lors des derniers Jeux 1992. Le Japonais est un judoka que Douillet avoue ne pas apprécier humainement, ce qui rajoute de la tension. Sportivement en revanche, le Français a renversé la vapeur deux ans auparavant. Il a dominé Ogawa, avec la manière, lors du Tournoi de Paris. Le Français ne cache néanmoins pas son appréhension avant la rencontre, et parle ouvertement de "la finale avant la finale".
Ogawa-Douillet, c'est parti. Le combat démarre sans round d'observation. C'est le Français qui est à l'attaque dès le départ, et au bout de 30 secondes, il obtient un premier Yuko. Il ne le savait pas encore, mais ce Yuko serait un avantage décisif. S'il reste agressif les deux minutes suivantes, le Japonais, dans un sursaut d'orgueil, reprend la main dans la dernière minute du combat. Mais Douillet tient bon, contre ses prises, temporise quand il le faut, lui montre qu'il est toujours là physiquement et mentalement. Jusqu'au gong final, Douillet maintient son avance d'un Yuko.
Il file en finale. Face à lui, un Espagnol qui enchaîne également ses deuxièmes Jeux, et qu'il a battu l'année d'avant aux Mondiaux de Chiba, en demi-finale. 1 minute 57 de combat plus tard, il monte sur le toit de l'olympe, après avoir déjà conquis le monde en 1993 et 1995 (cette année là en +95kg et en toutes catégories).
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