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Quel est le porte-drapeau idéal ?

Choix sportif, politique ou polémique : les 204 délégations présentes à la cérémonie d'ouverture des JO ont toutes choisi leur porte-drapeau selon des critères bien particuliers.

Article rédigé par Pierrick de Morel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Le nageur britannique Mark Foster porte le drapeau de la Grande-Bretagne lors de la cérémonie d'ouverture des JO de Pékin (Chine), le 8 août 2008. (JEWEL SAMAD / AFP)

Les 204 délégations qui prennent part à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, vendredi 27 juillet, ont toutes dû résoudre un véritable casse-tête avant de défiler sur la piste du stade olympique de Londres : à qui confier l'honneur de porter le drapeau de sa nation ? FTVi fait le point sur les différentes options possibles.

Une incarnation des valeurs olympiques

Un porte-drapeau n'est pas nécessairement un sportif mondialement connu. De nombreux comités olympiques nationaux ont ainsi décidé de faire confiance à un athlète non pas pour sa renommée, mais pour ce qu'il incarne. L'honneur de porter le drapeau revient donc souvent à un sportif familier des JO, parfois multimédaillé.

Le comité national olympique et sportif français (CNOSF) a ainsi confié cette tâche à Laura Flessel, une habituée des Jeux. L'épéiste a déjà été sacrée championne olympique de sa discipline en 1996 à Atlanta (Géorgie, Etats-Unis) et a remporté au total cinq médailles en quatre participations (2 en or, 1 en argent et 2 en bronze).

Le canoéiste Tony Estanguet (à gauche) transmet le drapeau de la France à l'épéiste Laura Flessel, le 10 juin 2012 à Roland Garros (Paris). (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

En confiant son drapeau à la fleurettiste Valentina Vezzali, l'Italie a fait le même choix que le CNOSF. Le comité national transalpin a opté pour une athlète certes peu connue sur la scène internationale, mais au palmarès éloquent : l'escrimeuse compte de nombreuses participations aux JO, et a déjà remporté cinq médailles d'or.

Aux États-Unis, Michael Phelps a longtemps été pressenti pour porter la bannière étoilée. Le nageur présentait le double avantage d'être un spécialiste des JO - il a remporté 14 titres olympiques - et d'être une star mondialement connue. Pourtant, comme en France et en Italie, c'est vers l'escrime que s'est tourné le comité olympique américain pour trouver celle qui portera son drapeau. C'est donc la double championne olympique de sabre Mariel Zagunis - inconnue sur la scène internationale - qui assumera cette responsabilité vendredi 27 juillet.

C'est également la logique qui a prévalu pour les instances sportives britanniques. Pour ses JO à domicile, la Grande-Bretagne avait pensé confier son drapeau à Andy Murray, mais cet honneur reviendra finalement au cycliste Chris Hoy, moins connu que le tennisman mais plus lié à l'histoire des Jeux avec ses quatre titres de champion olympique. Un choix qui s'inscrit dans la logique de promotion du cyclisme au niveau national.

La Belgique et sa championne olympique de saut en hauteur Tia Hellebaut, le Japon et sa lutteuse Saori Yoshida, l'Allemagne et sa médaillée olympique de hockey sur gazon Natascha Keller... Les exemples de délégations ayant choisi cette option sont nombreux.

Une star internationale  

A l'inverse, il existe une autre possibilité qui consiste à remettre son étendard à un sportif qui n'a pas nécessairement brillé lors de Jeux olympiques, mais dont le nom résonne bien au-delà des frontières de son pays. Mais l'option a semble finalement fait peu d'adeptes.

La France y avait bien pensé, envisageant un temps de confier le drapeau tricolore au basketteur Tony Parker avant que le choix de Laura Flessel ne soit définitivement validé.

L'Espagne, elle, a remis son drapeau au basketteur Pau Gasol - qui a forgé sa réputation en NBA sous le maillot des Los Angeles Lakers - mais ce n'était pas son premier choix. Cet honneur devait revenir à Rafael Nadal, qui a du renoncer aux JO pour cause de blessure. Le tennisman présentait l'avantage d'avoir été sacré champion olympique à Pékin, contrairement à son compatriote qui a dû se contenter de l'argent lors des derniers Jeux.

Les basketteurs ont décidément la cote, puisque la Chine a choisi de faire porter son drapeau par le joueur NBA des Dallas Mavericks Yi Jianlian. Quatre ans après Yao Ming, c'est donc un autre joueur de basket qui défilera en tête des 621 membres de la délégation chinoise, indique 20 Minutes.fr.

Finalement, la plus grande star internationale à porter un drapeau vendredi soir est sûrement Usain Bolt. Certes, le Jamaïcain est champion olympique en titre du 100 m. Mais avant d'être un athlète, Bolt est un personnage, une marque, un nom. Nul doute que ce sont plus ces raisons que ses talents d'athlètes qui ont poussé le comité olympique jamaïcain à lui confier l'étendard de son pays.

Un choix avant tout politique

Désigner un porte-drapeau peut bien évidemment être une décision politique. Ainsi, la révolte qui touche la Syrie depuis le mois de mars 2011 n'empêchera pas le pays d'envoyer une délégation de 10 athlètes à Londres, tous des proches de Bachar Al-Assad. Et visiblement, ils ont un message à faire passer : "Nous voulons montrer au monde une image différente de celle donnée par les chaînes de télévision", a expliqué avant la compétition Ghofrane Mohammed, qui participera au 400 mètres haies.

Autre choix politique avec le Qatar, qui enverra pour la première fois des femmes à des JO. La porte-drapeau de la délégation qatarie sera la championne de tir nationale Bahiya Al-Hamad, raconte L'Equipe.fr. Une façon de montrer que les choses ont changé dans ce pays longtemps pointé du doigt par les instances sportives internationales pour la manière dont il traitait ses athlètes féminines.

L'Afrique du Sud a quant à elle choisi de rendre hommage à Caster Semenya. La jeune femme était devenue célèbre en 2009, après sa victoire sur le 800 m aux championnats du monde d'athlétisme à Berlin (Allemagne).

Après cette victoire, l'athlète avait été accusée d'être un homme, rappelle Jeune Afrique, et de nombreuses nations avaient déposé une réclamation. Une enquête avait même été ouverte, et l'athlète sud-africaine avait dû prouver sa féminité. Pour ses premiers Jeux olympiques, son pays a donc décidé de la mettre en avant, histoire de faire taire ses futurs adversaires qui tenteraient à nouveau de contester ses performances.

Le tennis, fournisseur officiel de porte-drapeau

Notons pour finir la forte présence de joueurs et de joueuses de tennis à la tête des différentes délégations présentes aux JO. Les trois premiers joueurs mondiaux au classement ATP ont bien failli être les porte-drapeaux de leurs nations respectives. 

En Suisse, l'honneur devait revenir à Roger Federer, qui a décliné la proposition. Porte-drapeau en 2004 à Athènes et en 2008 à Pékin, le numéro un mondial s'est dit qu'il était temps de laisser cette distinction à un de ses compatriotes. Le comité olympique helvète s'est donc tourné vers Stanislas Wawrinka... partenaire de Federer en double.

Roger Federer (à gauche) et Stanislas Wawrinka posent avec leurs médailles d'or après leur victoire en double aux Jeux olympiques de Pékin (Chine), le 16 août 2008. Le second succède au premier comme porte-drapeau de la Suisse pour les JO de Londres. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

En Serbie, c'est au numéro deux mondial Novak Djokovic que l'on a choisit de donner le drapeau de sa nation. "Il est inutile de parler de l'honneur que représente pour moi le fait de porter le drapeau de la Serbie", a déclaré le joueur, qui représente une réelle chance de médailles pour la Serbie.

Et les filles ne sont pas en reste puisque la Russie a demandé à sa championne Maria Sharapova de porter son drapeau. Un choix historique : la jeune femme devient la première Russe à porter le drapeau de son pays lors d'une cérémonie d'ouverture de Jeux olympiques.

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