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Les JO de Londres sont-ils waterproof ?

ROYAUME-UNI - Alors que la Grande-Bretagne est en proie à des inondations, les Jeux olympiques de Londres se préparent à affronter une météo capricieuse, voire exécrable. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La torche olympique lors de son passage à Southend-on-Sea, dans l'Essex (sud-est de l'Angleterre), le 6 juillet 2012. (BEN BIRCHALL / LOCOG / AP / SIPA )

Elle a gâché le jubilé de la reine Elizabeth, décalé la finale de Roland Garros, rythmé l'investiture de François Hollande et menace la cérémonie du 14-Juillet : rabat-joie en chef de l'été 2012, la pluie risque bien de ne pas épargner les JO de Londres. A seize jours de la cérémonie d'ouverture, gouvernement et organisation s'affairent à évaluer les risques afin d'adapter la compétition à d'éventuelles conditions météorologiques désastreuses, tout en préparant psychologiquement les spectateurs. FTVi fait le tour des défis.

• Une torche olympique (pas tout à fait) insubmersible

La flamme olympique ne s'éteint jamais. La "flamme-mère", éternelle, brûle à Olympie, en Grèce, et alimente les torches portées par les athlètes en préambule de la compétition. Or, n'importe quel campeur/fumeur/organisateur de barbecue sait que la pluie est l'ennemie numéro 1 du feu. Du coup, les designers chargés d'imaginer l'allure de la torche travaillent immanquablement à la rendre impassible face aux assauts du vent et des eaux. Grâce à la technologie d'une usine BMW de Munich, en Allemagne, une équipe d'ingénieurs a ainsi scrupuleusement examiné le modèle 2012, comme le montre ce reportage de la chaîne britannique ITV partagé par le site Gentside.com.



"La torche doit pouvoir affronter toutes les conditions météorologiques probables, y compris la pluie, des chutes de neige et des vents violents, etc.", y explique le directeur de la communication de l'usine, Ralph Huber. Soit "tout ce qui peut se présenter au cours d'un été typique… enfin en Grande-Bretagne", poursuit-il. Quoi qu'il arrive, la flamme olympique devrait donc arriver à bon port. A noter que cette dernière s'est déjà éteinte deux fois pendant son parcours britannique : dès le troisième jour pour des raisons techniques et dimanche, lors d'une descente de rapides artificiels en rafting, rapporte Le Monde.fr.

• La pelouse de Hyde Park massacrée par les fans de Rihanna

"Merci à vous d'être restés malgré la pluie… On ne voit ça qu'à Londres", a remercié la star du R'n'B Rihanna en clôture du Wireless Festival organisé sur la pelouse de Hyde Park, dimanche 8 juillet. Car les JO, c'est bien sûr du sport, mais aussi une grande fête, vitrine du dynamisme de la capitale britannique. Premier couac : l'affluence et la pluie battante ont eu raison du terrain, massacré sous le poids des bottes dans la boue. Deux jours plus tard, le géant de l'entertainment Live Nation a été contraint d'annuler à la dernière minute le festival Hit Factory, arguant des "risques pour les équipes et les fans" en raison de l'état du site. Et tant pis pour les fans de Kylie Minogue. 

Or, le site de Hyde Park, poumon vert au cœur de la capitale, sera largement sollicité pendant les Jeux. Outre les épreuves du triathlon et du marathon de natation, il recevra notamment le Hard Rock Festival le week-end du 13 juillet (Soundgarden, Bruce Springsteen, Paul Simon), un concert de Madonna le 17 juillet, la fête d'arrivée de la torche le 26 (Dizzee Rascal) ainsi que le Olympic Festival, au cours duquel doivent se produire de nombreux artistes tels que Blur, Duran Duran, New Order et The Specials, énumère The Evening Standard (article en anglais).

• Les victimes potentielles ? BMX, équitation, beach volley, aviron, etc.

Selon The Guardian, le gouvernement britannique et les organisateurs ont multiplié les réunions en vue de l'élaboration d'un plan B en cas de déluge ou, plus vraisemblablement, de temps pourri. A partir de quand une crue de la Tamise affecterait-elle Eton Dorney, le lieu des épreuves d'aviron ? Comment assurer les compétitions de VTT dans l'Essex ? Les pistes de BMX supporteraient-elles plusieurs jours de pluie ? Le quotidien énumère ainsi les problématiques auxquelles doivent répondre des organisateurs pourtant préparés aux aléas climatiques.

Les épreuves de beach volley, organisées à deux pas du 10 Downing street, la résidence du Premier ministre, sont particulièrement menacées, tout comme celles d'équitation à Greenwich Park. Là-bas, le Sport Turf Research Institute (STRI) a fait percer pas moins de 100 millions de fins et profonds trous dans le sol pour s'assurer que l'eau n'anéantira pas le site, selon l'agence Reuters. Quant à la Riverbank Arena, hôte de l'épreuve de hockey, elle a été testée début mai. Verdict : des spectateurs frigorifiés par une trop longue exposition aux vents glacials. 

Interrogée par Reuters le 30 juin, la directrice des sports du comité organisateur, Debbie Jevans, a assuré, confiante, que "les plans ont toujours inclus [le facteur météorologique]". Echaudé par le Grand Prix de Silverstone et le tournoi de tennis de Wimbledon, le ministre des Sports, Hugh Robertson, a confirmé que le gouvernement avait reçu l'assurance que les sites étaient "raisonnablement waterproof".

• N'oubliez pas votre poncho 

Surtout, le stade olympique (et sa capacité de 80 000 spectateurs) n'est couvert qu'au deux tiers. Il y a trois ans, le maire de Londres, Boris Johnson, avait milité, en vain, pour étendre la construction de son toit : "J'attends encore qu'on me donne une explication convaincante de ce qu'il se passera s'il pleut le soir de la cérémonie d'ouverture", avait-il plaidé à l'époque. 

Ironie du sort, les spectateurs qui auront déboursé le maximum, soit 2 250 euros, pour assister au show (sur le thème très "plein air" du monde rural britannique) seront les plus mouillés. A cela s'ajoute bien sûr le prix du poncho, possible accessoire incontournable de cette édition 2012. Les organisateurs ont donc vu large pour éviter la pénurie… et en ont commandé 250 000. 

Le 30 juin, Reuters a rapporté que des volontaires seraient par ailleurs assignés aux parapluies et aux coupe-vent, tandis que cinq prévisionnistes du Met Office, l'agence météorologique britannique, se consacrent uniquement aux cieux olympiques. Côté bookmakers, ils pariaient sur la pluie pour la cérémonie d’ouverture à 4 contre 1, explique RFI. Ils prennent maintenant les paris à 1 contre 1, soit une chance sur deux d’avoir de la pluie.

Espérons qu'en bonnes grenouilles (froggies en anglais, le surnom donné aux Français), nos athlètes s'épanouiront dans ces JO humides. 

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