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Les festivals de musique mis quatre fois K.O par les JO

L'organisation des jeux Olympiques dans la capitale britannique du 27 juillet au 12 août a complétement chamboulé le calendrier des festivals de rock, parfois contraint d'annuler.

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Des festivaliers dans la boue de Glastonbury (Royaume-Uni), le 25 juin 2011. (ADRIAN DENNIS / AFP)

Deux passions se partageaient jusque-là harmonieusement le cœur des Britanniques : la musique et (regarder) le sport. Jusqu'à cette année. Incapables de rivaliser avec la tenue cet été des jeux Olympiques à Londres, certains festivals anglais, grand messe rock ou rassemblement hype, sont contraints d'annuler leur édition 2012. Jeudi 29 mars, le Sonisphere, festival métal de renom, a rejoint la liste des disqualifiés. 

FTVi revient sur quatre champions mis sur le banc de touche et vous raconte le pourquoi du comment d'une hécatombe.

1 - La victime la plus récente : le Sonisphere 

La faute aux prix des cachets

Les métalleux sont en colère. Enfin, bien plus que d'habitude. Jeudi 29 mars, les organisateurs du Sonisphere, qui se tient d'habitude à Knebworth à moins d'une heure de voiture au nord de Londres, ont annoncé l'annulation pure et simple de leur festival. Plutôt que tout mettre sur le dos des JO, les organisateurs ont préféré insister sur la difficulté croissante que rencontrent les acteurs de la musique live, confrontés à des artistes qui s'alignent sur des prix de plus en plus prohibitifs. "Organiser le festival dans ce qui s'est révélé être une année particulièrement compliquée a été plus dur que ce à quoi nous nous attendions", reconnaissent-ils. Sur les forums et les sites spécialisés, les festivaliers considèrent que l'organisation des JO a forcément motivé cette décision. 

Le site The Void, lui, refuse de blâmer l'esprit olympique et dénonce l'aveuglement de la communauté métal, incapable d'assumer le fait que, de plus en plus cher, ses festivals attirent de moins en moins de monde. 

Pourquoi c'est dommage

Au-delà de sa programmation chevelue (Kiss, The Darkness, etc.), le Sonisphere était censé accueillir l'étrange projet de reformation de Queen. Outre la crinière frisée et blanchie de Brian May et, en remplacement de Freddy Mercury, un ancien candidat de la Nouvelle Star américaine (Adam Lambert, version dance-goth de Sonic le hérisson), l'affiche semblait par ailleurs alléchante.

Que les fans se rassurent, les interprètes de We are the champion joueront en ouverture des JO. Quand on a l'habitude de jouer dans les stades...

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2 - La victime la plus célèbre : Glastonbury

La faute aux toilettes

Sorti de boue en 1970 dans la campagne du Somerset, le festival de Glastonbury est une institution. De David Bowie, invité en 1971 à Arcade Fire en passant par Lady Gaga, Gorillaz, Amy Winehouse ou encore U2 et Beyoncé l’an dernier, "Glasto" compte parmi les plus grands rendez-vous rock au monde. En octobre 2010, les billets pour l’édition 2011 ont été vendus en à peine quatre heures. Véritable ville dans la ville, le festival s’étend sur plus 3,6 km, accueille 180 000 personnes et comporte six scènes et, à la louche, plusieurs milliers de toilettes.

C’est pas rien en festival, les toilettes. Ici, ils ont même été décisifs. En raison d’une pénurie de cabinets en plastique, loués à la pelle par l’organisation des JO, le festival a dû renoncer à son édition 2012. "Il y aura une demande accrue de cabinets à Londres. Donc les loueurs vont augmenter les prix. Ça va coûter les yeux de la tête", ont expliqué les organisateurs à la presse britannique, a rapporté Libé Next fin janvier.

A cela s'ajoute un problème de sécurité : "Les autorités britanniques ont décidé de mobiliser davantage de policiers à Londres (environ 9 000 au total) dès le dernier week-end de juin pour faire face à l'afflux de touristes ayant choisi de visiter Big Ben et Tower Bridge avant les JO", a indiqué Libé Next. Il n'en fallait pas plus pour s'asseoir sur Glastonbury. 

Pourquoi c'est dommage

Transumance annuelle d'Anglais torse nu rougis au soleil ou noirci par la boue, Glastonbury allie charme de la campagne et hystérie collective, ambiance Woodstock à l'heure du "binge drinking". L'occasion de faire d'étranges rencontres.

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3 - La victime la plus conciliante : le Big Chill

Le Big Chill existe depuis 1994 et se tient depuis 2002 au château d'Eastnor dans le Hereforshire, au Pays de Galles. Les Chemical Brothers, Kanye West, Aloe Blacc... Jadis petit événement monté dans des clubs londoniens, il était devenue le "Big" rendez-vous chic et pointu du début du mois d'août outre Manche. Incapable toutefois de résister à la déferlante sportive. 

"J'ai tout fait pour changer la date pour ne pas coïncider avec les JO", a assuré l'organisateur, Melvin Benn. Confronté à l'impossibilité de bouger l'emploi du temps des artistes, il a jeté l'éponge, a raconté The Guardian à la mi-janvier. 

Pourquoi c'est dommage

Parce que le cadre (so charming), donne sacrément envie de se balader dans les environs, sous le soleil du mois d'août, loin de l'océan de touristes planté au pied de Big Ben. 

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4 - Le plus en mode "plan d'austérité" : l'Intro Festival

Aussi appelé Middlesbrough Music Live, l'Intro festival ne mise pas sur les têtes d'affiche et ne court pas dans la même catégorie que les Glastonbury et autres Reading Festival. Son credo : les artistes british classique et fiable, style Razorlight ou Kaiser Chiefs. Parce qu'il est petit, il subsite notamment grâce aux aides du comté de Middlesbrough. L'année dernière, l'événement lui a coûté pas moins de 195 000 livres (234 000 euros), a dévoilé la BBC à la mi-février.  

En proie à des réductions budgétaires (c'est la crise), le budget dudit comté a été allégé de 14 millions de livres pour les années 2012 et 2013. Résultat, la ville a décidé de garder ses sous pour les célébrations liées aux JO et au jubilée de la Reine. "Ce n'est pas un secret qu'avec les difficultés que rencontre le comté en raison des coupes budgétaires imposées par le gouvernement, il faut être raisonnable, a convenu un élu local. Mais c'est aussi une bonne occasion de se poser de faire le point et de penser à l'avenir".

Pourquoi c'est dommage

Parce que les gens des services culturels de la municipalité ont dû, en contrepartie, plancher sur d'autres événements : par exemple, le relais de la torche olympique (so rock'n'roll), certes accompagné d'un concert. Mais bon. C'est quand même pas la même chose.

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