Italie : une claque et des promesses
Parvenue en finale de l'Euro à douze ans d'intervalle, l'Italie aura connu deux échecs traumatisants. Entre la défaite sur le fil contre la France, et le but en or cruel de David Trezeguet dans les prolongations en 2000, et la fessée infligée par l'Espagne dimanche, la Squadra ne sait pas perdre "normalement". De ces deux maux quel est le moindre ? Difficile à dire alors que les marques sont encore rouges sur l'épiderme italien. Mais pouvait-il en être autrement face à cette Espagne implacable ?
Impossible de refaire l'histoire et de prétendre que l'issue de cette finale aurait été tout autre si l'Italie avait pu bénéficier d'un jour de récupération supplémentaire. Ce qui est sûr, c'est que les hommes de Prandelli sont apparus en bout de course face aux Espagnols. Plus frais lors de leur première confrontation en match de poule, les Transalpins étaient parvenus à dérégler la machine ibère (1-1). Quinze jours plus tard, les jambes étaient trop lourdes face à un adversaire qui réclame une condition physique irréprochable. Toutes les strates du terrain furent concernées par cette panne d'essence. La défense, si solide jusqu'ici, a sombré corps et biens à l'image de Chiellini, à la rue sur chaque accélération espagnole, qui n'a tenu qu'un quart d'heure, avant de sortir sur blessure et de laisser ses partenaires souffrir face aux déboulés d'Alba et consorts.
Super Mario n'est pas super héros
Au milieu c'est pas mieux. Rayonnant depuis le début du tournoi, au point d'en faire un candidat crédible au Ballon d'Or, Andrea Pirlo n'a pas eu son influence habituelle. Soumis à un harcèlement constant, et intelligent, le meneur azzuro n'a pas pu distiller ses caviars à la louche. Il fait dire que ses assistants, Marchisio, Montolivo et De Rossi, n'ont pas pu, su, décharger leur guide de missions subalternes. Dans ces conditions, difficiles de servir les deux pointes, Cassano et Balotelli, dans de bonnes conditions. On attendait un nouveau match de super héros de Super Mario. Lui aussi sans doute, à voir ses nombreuses tentatives personnelles pour sauver la patrie. Mais la défense espagnole n'est pas aussi tendre que celle de l'Allemagne.
Pourtant, même dominée par une Espagne parfaitement maîtresse de son sujet, l'Italie a parfois donné l'impression de pouvoir réaliser l'exploit de renverser une situation mal embarquée. Au courage, les partenaires de Buffon se sont même procurés quelques occasions. Mais le sort s'en est mêlé avec ce troisième changement opéré par Prandelli, celui de Montolivo par le malheureux Thiago Motta. Victime d'un claquage trois minutes après son entrée en jeu, le milieu du PSG laissait ses partenaires finir à dix contre onze à une demi-heure de la fin. Déjà que rivaliser avec l'Espagne à égalité numérique n'est pas chose aisée...
Merci Prandelli
Pour autant, la Squadra n'a pas à rougir. Si la voir en finale n'est pas en soi en surprise, c'est plutôt les ressources qu'elle a su déployer pour y parvenir qui forcent le respect. Malgré une préparation perturbée par une nouvelle affaire de matchs truqués, l'Italie a su faire corps devant l'adversité extérieure tout en sachant se reconstruire de l'intérieur. Tout en finesse. Le mérite de cette renaissance en revient essentiellement à Cesare Prandelli, maître tacticien et pourfendeur d'idées reçues. Oubliés le catenaccio, ce système ultra-défensif qui faisait sa réputation, tout comme sa propension à un certain vice associé à un froid réalisme devant les buts. Désormais, la Squadra est une équipe enthousiasmante à voir jouer et qui a su se faire apprécier par tous les amateurs de football. Ça ne vaut peut-être pas un titre de champion d'Europe mais c'est déjà une victoire.
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