Cet article date de plus de deux ans.

Théo Curin réussit sa traversée du lac Titicaca : "Je ne suis pas un héros et je suis même quelqu'un de privilégié", réagit le nageur quadri-amputé

Le jeune nageur paralympique de 21 ans vient de traverser le lac Titicaca depuis la Bolivie jusqu’au Pérou. Un "sentiment de soulagement", s'est réjoui le nageur sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le nageur paralympique Théo Curin (au centre), l'ancienne nageuse olympique Malia Metella (à gauche) et Matthieu Witvoet (à droite) célèbrent leur arrivée sur l'île d'Uros au Pérou, le 20 novembre 2021. (CARLOS MAMANI / AFP)

Théo Curin, le jeune nageur paralympique de 21 ans, amputé des quatre membres à la suite d’une méningite pendant son enfance, vient de traverser le lac Titicaca depuis la Bolivie jusqu’au Pérou. Un exploit de 122 km à la nage en relais avec deux autres athlètes. Ils sont arrivés samedi 20 novembre après 11 jours de périple dans une eau glacée à 3 800 mètres d’altitude.

franceinfo : Comment vous sentez-vous ?

Théo Curin : C'est un sentiment de soulagement. On a vécu tellement de choses dans cette aventure que je ne soupçonnais pas. Je ne pensais pas que j'allais mettre ma vie en danger.

"Trois fois j'ai cru que j'allais y passer et de me dire qu'on a fini c'est un ouf de soulagement."

Théo Curin

à franceinfo

Il fallait voir à notre arrivée, il y avait des gens du monde entier, même des gens de France qui ont fait des heures de bus. C'est complètement dingue l'engouement. J'ai envie de profiter, de me reposer, de retourner voir mes proches et de les serrer dans les bras et de prendre du plaisir dans tout ce que je fais.

Que vous est-il arrivé ?

On a fait face à des imprévus météo que l'on n'avait pas soupçonnés avant de partir, comme des orages où la foudre tombe à droite et à gauche toutes les cinq minutes. On a vécu une nuit terrible en plein milieu du lac en dérivant parce qu'on n'avait pas eu le temps d'aller se poser sur les côtes. On a lancé des ancres flottantes mais à ce moment-là il y a eu une tempête au milieu du lac et on a cru qu'on allait se renverser plusieurs fois. Quand on est sur une plateforme de 8m² à peine, à trois, on se demande ce que l'on va faire si elle se retourne parce qu'on est à 90 kilomètres du bord. Ce sont tous ces moments-là qui m'ont vraiment fait peur.

Qu'est-ce qui vous a fait tenir ?

Au huitième jour, j'étais à deux doigts de craquer, j'étais fatigué, épuisé, je n'en pouvais plus, j'avais eu très peur les deux nuits. J'ai commencé à dire à Malia et à Matthieu que je voulais arrêter ou qu'il fallait qu'on trouve une arrivée plus proche parce que je n'allais pas tenir le coup. Finalement, on a échangé pendant longtemps, ils ont trouvé les mots et on n'a rien lâché. Au bout du 11e jour, on a fait 122 km et on est très fiers de ça. Aucun regret.

Pourquoi n'estimez-vous pas être un héros ?

Je ne suis pas un héros et je suis même quelqu'un de privilégié parce qu'il y a beaucoup de personnes qui ont des rêves et des objectifs et malheureusement ils ne peuvent pas aller au bout parce qu'ils manquent d'argent, de personnes autour d'eux pour aller au bout. J'ai eu la chance d'avoir eu des personnes autour de moi, des sponsors, donc je me sens ultra privilégié. Je ne suis pas un héros parce que ce qu'on a fait on est trois à l'avoir fait. Malia et Matthieu l'ont fait aussi. Cela prouve que c'est ouvert à tous.

"Il faut s'entraîner, croire très fort en soi et se donner les moyens."

Théo Curin

à franceinfo

Pourquoi un tel défi ?

Au-delà de notre défi sportif, de notre quête personnelle, on essaie d'envoyer un message sur le côté écologique, on essaie de défendre les engagements des Péruviens et des Boliviens et ils sont très fiers de ça aussi. Le message est passé et on est très contents.

Quel défi allez-vous réaliser ensuite ?

Le prochain défi je n'en sais rien, je viens de seulement finir celui-là, mais je suis quelqu'un qui a besoin d'avoir des objectifs au quotidien donc je vais digérer le défi Titicaca et ensuite avec l'équipe qui m'entoure on va forcément trouver un truc encore plus fou à faire.

Théo Curin, Malia Metella et Mathieu Witvoet confient leurs premières impressions au micro de franceinfo.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.