Journée paralympique : "Il faut que les Jeux de Paris 2024 irriguent demain l'ensemble du territoire", ambitionne Marie-Amélie Le Fur
La présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF) décrypte pour franceinfo: sport les enjeux derrière la première journée paralympique, organisée samedi place de la Bastille à Paris.
Le parasport était à l'honneur, samedi 8 octobre, place de la Bastille. À un peu moins de deux ans du début des Jeux paralympiques de Paris 2024, des centaines de champions et championnes tricolores sont venus à la rencontre du public pour évoquer leurs parcours, et informer sur la pratique physique et sportive à destination des personnes en situation de handicap.
Motrice dans la création de l'événement, la présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF) - et nonuple médaillée paralympique - Marie-Amélie Le Fur revient pour franceinfo: sport sur les objectifs de cette journée symbolique à plus d'un titre.
franceinfo: sport : que représente cette première journée paralympique en France en tant qu’athlète, premièrement, mais aussi en tant que présidente du CPSF ?
Marie-Amélie Le Fur : Déjà, cela a été un très long temps de réflexion en amont. Est-ce que l'on doit faire une journée paralympique ? Quelle est son utilité ? Comment on la place par rapport à d'autres événements déjà existants comme la Semaine olympique et paralympique, la journée olympique le 23 juin ? Et force est de constater qu'on avait besoin de créer plus de lien avec le grand public, de vraiment faire un focus sur les spécificités du parasport. Ce qui manquait, c'était de faire comprendre la performance. C'est vraiment l'objectif de cette journée, ça a été des mois de réflexion, de travail pour les équipes et là, on veut permettre au grand public de s'initier aux pratiques, de rencontrer des sportifs de haut niveau et de mesurer à quel point il y a un engagement fort et un niveau de performance très élevé réalisé par les sportifs paralympiques.
C’est parti pour la journée paralympique place de la Bastille. Initiations à plusieurs disciplines, rencontres avec des athlètes, animations… Le parasport célébré avant les Jeux paralympiques de #Paris2024, à suivre sur @francetvsport et @franceinfo pic.twitter.com/VvdCvCtagw
— Clément Mariotti Pons (@PonsClement) October 8, 2022
On a désormais une équipe de France unie entre athlètes olympiques et paralympiques, un seul et même emblème… Est-ce que cette journée s’inscrit dans le même message d’unité, et est-elle amenée à se reproduire ?
L'objectif de cette journée est vraiment de l'inscrire dans la durée, qu'elle puisse être un héritage des Jeux et qu'elle puisse s'inscrire dans un second temps sur les territoires. Cette année, on est à Paris avec le soutien de l'Etat, de la Ville, du Comité d'organisation, du CPSF, des partenaires... Mais demain, il faut aussi que les Jeux irriguent l'ensemble du territoire. Là où cette journée incarne cette équipe de France unifiée, c'est quand on parle de 160 athlètes olympiques et paralympiques présents aujourd'hui. Le grand public va venir autour des sports paralympiques, rencontrer qui sont nos sportifs, notre délégation qui va concourir en 2024.
Damien Seguin, porte-drapeau de la France aux Jeux paralympiques de 2012, jugeait pour franceinfo: sport que l'évolution de la médiatisation du parasport était proche de celle du sport au féminin. Cette journée paralympique participe-elle aussi à cette connaissance accrue de nos champions et championnes ?
C'est vrai que lorsqu'on regarde tout ce qui a été mis en place pour valoriser, favoriser l'accès des femmes au sport et mieux le médiatiser, on prend un peu la même voie. On a besoin de renforcer la médiatisation. Nous, on a peut-être un enjeu spécifique car on a quand même des règles, des sports qui sont particuliers dans le mouvement paralympique. Là aussi, on a besoin de faire en sorte que les Français, le monde entier comprennent mieux les sportifs et leurs disciplines, et on sait qu'en rencontrant des champions, en pouvant s'identifier à des rôles modèles, on a plus envie de s'engager dans le mouvement.
@FlorentManaudou : "C'est la première journée paralympique en France, c'était important d'être là !" #JourneeParalympique
— francetvsport (@francetvsport) October 8, 2022
Place de la Bastille pic.twitter.com/D4TvdaWuPc
Est-ce que cette journée peut aussi être le point de départ d’une belle aventure paralympique pour les participants, notamment les plus jeunes ? Peut-elle créer des vocations ?
Est-ce qu'elle va créer des vocations de champions, je ne sais pas, mais on prendra ! Là où cette journée est importante, c'est aussi d'aller à la rencontre de notre public, où en tout cas que notre public, que les personnes en situation de handicap, viennent à notre rencontre, à la rencontre du sport autour de cet événementiel sportif, festif et culturel. On a mis ce site en accessibilité totale, sur les zones de pratique, sur les zones de pédagogie pour que les personnes en situation de handicap puissent se plonger dans ce mouvement et comprennent que le sport paralympique est aussi pour eux. C'est également pour cela que sur la place de la Bastille, une zone est dédiée aux fédérations pour que les gens puissent s'informer. Il y a aussi un objectif d'avoir une transformation en prise de licences sur le parasport.
On évoque parfois le fait que près d'une personne en situation de handicap sur deux ne pratique pas ou peu une activité physique et sportive. Est-ce le message primordial de cette journée ?
Les statistiques de pratiques des personnes en situation de handicap sont difficiles à obtenir mais oui, la pratique reste marginale, clairement. Donc on a besoin de travailler sur ça, et les Jeux paralympiques de Paris sont pour nous une opportunité extraordinaire. Et je pense que le CPSF a pris la mesure de cet enjeu-là. Nous on veut outiller les fédérations, les accompagner au mieux pour que le club s'ouvre aux personnes en situation de handicap. Mais il y a aussi besoin que pour l'usager, cela devienne une évidence, que ça devienne lisible. On a aussi des outils qui sont à destination des usagers comme "Trouve ton parasport", le handiguide lancé par le ministère des Sports... Et le troisième volet sur le champ du développement de la pratique, c'est la question des politiques publiques. À un moment donné, si les politiques sportives ne sont pas en faveur de le pratique des personnes en situation de handicap, on ne pourra pas avancer. On sait aussi que la dernière cible essentielle, c'est d'avoir une équipe de France performante en 2024 parce que si elle rayonne, si elle gagne des médailles, elle sera médiatiquement relayée. C'est une question de rôle modèle envoyé à l'ensemble de la société.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.