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Olivier Krumbholz (entraîneur de l'équipe de France féminine de handball) : "J'ai craint pour notre qualification aux Jeux"

Actuellement confiné chez lui dans la région messine, l’entraîneur des handballeuses françaises, Olivier Krumbholz, a cru jusqu’au bout au maintien des Jeux cet été. Et redouté que la qualification des Bleues pour Tokyo soit remise en cause après la décision du report.
Article rédigé par Manu Roux
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (FRANCK FIFE / AFP)

Olivier, comment se passe votre confinement ?
Olivier Krumbholz :
"Ça se passe plutôt bien. Je suis l’heureux propriétaire d’une maison sur une colline avec un jardin. Ma femme et mes deux fils sont là. On mesure la chance que l’on a d’être en pleine forme dans une région lorraine très touchée par le coronavirus."

Comment avez-vous réagi à l’annonce du report des JO ?
OK :
 "J’ai cru jusqu’au bout qu’ils pourraient avoir lieu cet été. Mais c’était la bonne décision à prendre quand on voit que certains pays ne sont encore pas ou peu touchés par l’épidémie et que la situation est susceptible d’évoluer d’ici juillet."

Stressé par le report des Jeux

Vous devez être soulagé d’avoir déjà votre ticket en poche pour Tokyo quand on voit la complexité d’organiser des TQO ?
OK :
"C’est vrai qu’on a vraiment de la chance dans tout ce chambardement. Quand le report des Jeux a été annoncé, j’avoue avoir eu peur que l’équipe de France ne soit plus qualifiée grâce à son titre de championne d’Europe 2018 car un autre Euro est prévu en décembre prochain. Et comme cet Euro a lieu dans des pays nordiques (en Norvège et au Danemark) dont les fédérations sont tout à fait capables de faire du lobbying auprès des instances internationales par droits télévisés interposés, je me suis vraiment demandé si l’idée de revoir les modalités de qualification n’allait pas traverser l’esprit de certains... Heureusement, le CIO a confirmé que les athlètes et équipes déjà qualifiés pour 2020 le seraient toujours en 2021 et c’est tant mieux. Ce n’est que justice."

Sportivement parlant, le report des JO vous arrange-t-il après un dernier Mondial complètement raté et terminé à la 13ème place ?
OK :
"Pas forcément, parce que je misais sur un sursaut d’orgueil et une réaction des joueuses au sortir de ce Mondial très décevant. Généralement, quand on est mécontent de nous après une compétition, on fait quelque chose de bien après. Là, on avait prévu une grosse préparation. Je ressentais déjà beaucoup d’envie et d’entrain chez certaines, revanchardes. Je pense que ce sursaut aura bien lieu même si la prochaine échéance a changé. C’est désormais l’Euro (du 4 au 20 décembre) qu’il va falloir aborder d’une bien meilleure façon que le dernier Mondial, en évitant, si possible, de reproduire les mêmes erreurs."

Certaines joueuses (Leynaud, Dembélé, Pineau...) qui songeaient à prendre leur retraite internationale après les Jeux s’ils avaient eu lieu cet été semblent désormais bien décidées à continuer jusqu’en 2021. Qu’en pensez-vous ?
OK :
"Ça me fait évidemment plaisir de les voir manifester leur envie de continuer. Maintenant, je ferai mon métier et je prendrai les meilleures le moment venu. Tout le monde a quinze mois désormais pour préparer ces Jeux et on verra bien celles qui mettront le mieux à profit cette période."

Incertitude pour l'Euro 2020

Que pensez-vous du projet de calendrier de l’EHF qui prévoit quatre matches de qualification pour l’Euro 2020 en cinq jours au mois de juin pour rattraper le temps perdu ?
OK :
"Sincèrement, je ne m’affole pas. Quand je vois la situation sanitaire aujourd’hui, il me semble quasiment impossible que cette semaine de compétition ait lieu aux dates prévues. Je pense que l’EHF va revoir sa copie. C’est une instance qui a l’habitude d’imposer ses décisions aux fédérations mais là, c’est la maladie et la crise sanitaire qui vont lui dicter le calendrier à adopter. Il faut se mettre en tête que l’on ne va sans doute pas pouvoir finir ce que l’on a commencé, et prendre une décision visant à simplifier le mode de qualification."

L’Euro 2020 vous semble-t-il menacé ?
OK :
"Il y a encore quelques jours, j’aurais répondu que non. Désormais, malheureusement, cette possibilité existe. Mais ma réflexion va au-delà du sport : combien de temps va-t-on pouvoir prolonger les efforts réalisés actuellement sans que la société ne s’écroule totalement ? Parce que la vraie question que se posent tous les citoyens de la planète c’est : est-ce que le Monde va pouvoir repartir après ça ?"

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