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Guillaume Gille: "L'objectif ? Planter le drapeau bleu, blanc, rouge en haut du Mont Fuji"

L’équipe de France débute vendredi 5 mars, à la Maison du handball de Créteil, sa préparation en vue du Tournoi de qualification olympique (du 12 au 14 mars à Montpellier). L’entraîneur Guillaume Gille entend mener les Bleus à une huitième participation consécutive aux Jeux olympiques l’été prochain à Tokyo.
Article rédigé par Manu Roux
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
Le sélectionneur de l'équipe de France Guillaume Gille

Guillaume Gille, vous nous recevez à la Maison du handball, dans le salon des «Barjots», la première génération des Bleus à se qualifier pour les Jeux olympiques, en 1992. Vous sentez-vous investi d’une responsabilité supplémentaire à quelques jours d’aborder ce TQO ?
Guillaume Gille : "Supplémentaire, non. Mais d’une responsabilité, oui, clairement. En 1992, nos illustres aînés ont ouvert le chemin des aventures olympiques au handball français. Pour l’heure, le nôtre est encore un peu bloqué. Il va falloir ouvrir la porte et laisser derrière nous au moins deux adversaires. Il y a encore beaucoup de boulot en perspective."

La dernière fois que l’équipe de France a dû passer par un TQO c’était en 2008, avant les Jeux de Pékin, vous étiez encore joueur. Les Bleus savent-ils toujours comment aborder ce genre de rendez-vous ? 
G.G : "Au regard de l’adversité et du plateau proposé [Croatie, Tunisie et Portugal], on sait qu’on est en capacité d’obtenir l’un des deux tickets pour Tokyo. Notre volonté, avec les joueurs et le staff, a toujours été de flécher Tokyo comme premier objectif, avec l’envie de planter le drapeau bleu, blanc, rouge en haut du Mont Fuji et de finir sur la 'boîte' [le podium]. On est très ambitieux mais aussi très humbles : on sait qu’il faudra que l’équipe de France montre son meilleur visage durant ce TQO pour voir Tokyo."

Vous sentez-vous conforté par la quatrième place obtenue lors du dernier mondial ? 
G.G : "Oui, on en a tiré beaucoup d’enseignements. Cette équipe a su se relever d’une année difficile, d’une compétition précédente [l’Euro 2020 achevé à la 14ème place] qui avait laissé beaucoup de traces, le tout dans un contexte de préparation plutôt chamboulé. En Egypte, on a réussi une performance qui nous remet dans le bon cercle. De nouveau, on a joué les places pour les médailles, mais nos deux derniers matches [défaites contre la Suède en demi-finale et contre l’Espagne pour la médaille de bronze] nous montrent le chemin qu’il reste à parcourir avec cet effectif. Pour stabiliser notre niveau de performance et répondre présents dans les moments décisifs."

Craignez-vous un moment de décompression après ce mondial globalement réussi ? 
G.G :
"Non, les joueurs n’ont pas trop le temps cette année. Ils sont dans un tunnel depuis fin décembre entre la Ligue des champions et ses reports, nos matches de qualification pour l’Euro 2022 début janvier, la bulle sanitaire de 38 jours mise en place avant et pendant le Mondial... on a vécu les uns sur les autres pendant tout ce temps. Au retour d’Egypte, on a rendu les joueurs très vite aux clubs qui les ont remis tout de suite dans une 'machine à laver' avec des semaines à plusieurs matches pour certains. On espère pouvoir récupérer tout ce beau monde dans le meilleur état possible car il va falloir beaucoup d’énergie pour disputer ce TQO."

"L’entrée dans la bulle sanitaire est déterminante"

Malgré la bulle sanitaire mise en place autour des Bleus à l’occasion de ce TQO, craignez-vous un scénario-catastrophe, comme celui vécu dernièrement par le XV de France ou par l’équipe américaine de handball qui a dû déclarer forfait pour le dernier Mondial ? 
G.G :
 "Aujourd’hui avec la Covid, tout est possible, quels que soient les règles, les protocoles sanitaires ou les bulles. On ne peut rien garantir avec ce satané virus mais on fait tout pour minimiser les risques. On a l’expérience d’un Mondial à 32 pays, que beaucoup considéraient comme une folie en pleine pandémie. Nous avons bien su le gérer au sein du groupe France, au prix d’une organisation très stricte et contraignante. Maintenant, la particularité que l’on a au handball, c’est que l’on récupère des joueurs qui viennent des quatre coins de l’Europe. Cette fois, pour une période très courte, puisque nous ne serons au complet que le lundi 8 mars et il faudra être sur le pont le vendredi 12. Donc l’entrée dans notre bulle sanitaire est déterminante, essentielle. Il faudra être à nouveau très précautionneux. Mais jusqu’ici, ça a bien fonctionné et j’espère que l’équipe de France restera une fois de plus à distance de la Covid."

À Montpellier, il faudra faire sans l’appui du public... appréhendez-vous ce TQO à huis-clos ? 
G.G :
"Oui, on s’était battu pour obtenir l’organisation de ce tournoi et pouvoir sentir le soutien de 15.000 supporters dans notre dos. Quand tu joues une compétition aussi importante chez toi avec l’engouement populaire, la pression que le public peut mettre sur le corps arbitral dans les moments chauds, tu as forcément un petit ascendant sur ton adversaire. Là, à l’Arena de Montpellier, on ne pourra compter que sur nous pour réchauffer l’atmosphère." 

Est-ce que l’hypothèse d’une élimination de l’équipe de France après sept participations consécutives aux JO vous réveille la nuit ? 
G.G :
 "Non, ça ne m’empêche pas de dormir mais nous n’avons aucune garantie de réussir notre week-end. On va jouer contre trois nations qui peuvent nous mener la vie dure et nous battre. Le décor est planté. Les ingrédients sont sur la table et c’est la façon dont on va faire notre soupe qui va déterminer la suite, ou la fin, de notre aventure. Qu’y a-t-il de plus excitant dans notre métier que de disputer des matches de cette intensité-là pour cet enjeu-là ? Alors, même si ce format de compétition – trois matches en trois jours – est un peu une hérésie dans le sport de haut niveau actuel, c’est à jouer, c’est à faire, c’est à vivre !"

Et si par malheur, ça se passe mal à Montpellier pour les Bleus, quel est le plan B pour les vacances l’été prochain ? 
G.G :
 "On ne l’évoque pas, on verra, on s’adaptera. Ce n’est pas le lieu ni le moment d’imaginer ce que seraient les vacances d’été alors qu’on va jouer notre qualification pour les Jeux. Je pense que tout le monde a envie que le handball masculin français soit présent aux JO. On sait que ce sera difficile, que la route vers Tokyo est semée d’embûches mais on va mettre toute notre énergie dans ce projet."

Propos recueillis par Manu Roux 

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