Claude Onesta, le gourou bleu
C'est pourtant un long chemin que l'ex-joueur toulousain de 53 ans a parcouru en neuf ans à la tête d'une équipe qu'il a menée à deux titres de champion du monde (2009, 2011) et d'Europe (2006, 2010) et au sacre olympique en 2008. A le voir promener sa sérénité absolue aujourd'hui, il faut faire un effortpour se rappeler que rien ne fut simple au début pour cet ancien prof de gym au verbe rond et souvent savoureux, longtemps sur la corde raide.
"Mon parcours aurait pu être plus simple, il a fallu du temps pour qu'on s'installe. Tout n'a pas été marrant, comme dans la vie, mais tout a été utile,même les moments difficiles. Neuf ans, c'est un bon moment de ma vie." Prendre la suite du légendaire Daniel Costantini, au lendemain de la deuxième victoire français dans un Mondial, en 2001 à Paris, n'avait rien d'uncadeau et la sixième place lors de sa première compétition, à l'Euro-2002 en Suède déjà, n'allait rien faire pour arranger les choses.
"Quand Claude a repris l'équipe de France, personne ne la voulait. Elle était championne du monde et il était obligé de faire la même chose derrière, raconte Didier Dinart, un des anciens. J'en connais qui ont dit qu'ils attendaient que l'équipe soit au plus bas pour la faire remonter. Maintenant pour la faire remonter ça va être très dur. Claude a peut-être été critiqué mais aujourd'hui il a calmé tout le monde."
Avant de devenir un gourou moderne, sollicité par toutes les entreprises de France pour prodiguer ses secrets aux cadres dynamiques, Onesta a traversé de gros orages. Après l'échec aux jeux d'Athènes (5e), il a même été au bord du gouffre l'année suivante au Championnat du monde en Tunisie avant de ramener une médaille de bronze qui lui offrait un sursis précieux. Le déclic allait venir un an plus tard en Suisse où la France s'offrait le premier titre européen de son histoire. C'était alors la concrétisation du potentiel d'une génération exceptionnelle, marquée par l'émergence de Nikola Karabatic, mais aussi la réussite d'une idée basée sur le partage".
"La clé aux joueurs"
A partir de l'Euro-2006, Claude a laissé la clé aux joueurs. Il a compris qu'il fallait nous laisser respirer et comme on était des gens responsables et adultes, on a basculé dans un régime de participation et d'autogestion qui a porté ses fruits", souligne Dinart.
"Si j'étais toujours en train de fouetter Dinard et ses 330 sélections, il ne serait pas assez stupide et maso pour venir, dit Onesta. Je suis persuadé que si on n'avait pas fait ça, l'histoire se serait arrêtée depuis longtemps. A un moment donné, il faut être dans la gestion adulte entre gens intelligents. Pour gagner longtemps et de manière durable, je pense qu'il faut faire confiance aux gens et les accompagner dans leur manière de se transcender et de se découvrir plutôt que de leur aboyer dessus à longueur de journée."
A partir de là un mode de fonctionnement inédit s'installe, une sorte de république des joueurs présidée par un sélectionneur éclairé. Les succès s'enchaînent, l'aura d'Onesta grandit de jour en jour. "On me sollicite beaucoup pour aller témoigner à l'extérieur, dit-il. C'est un thème récurrent dans le monde de l'entreprise. Comment rendre un collaborateur heureux au point qu'il travaille bien? Le monde entier se pose la question et nous dans notre petite tribu on a trouvé quelques réponses."
""On savait tous que l'on jouait gros aujourd'hui..Au-delà du titre, cette qualification olympique est la meilleure nouvelle de la journée. On n'osait pas parler de la défense de notre titre à Londres, on va pouvoir commencer à le faire", savoure désormais le sélectionneur Claude Onesta qui, décidément, n'est pas encore rassasié.
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