Nikola Karabatic, symbole de la maîtrise des Experts
Il a 32 ans, de l'expérience à revendre, un statut reconnu. Nikola Karabatic n'est pas un joueur comme les autres. Son physique, c'est bien entendu ce qui saute aux yeux. 1.96m pour 107kg, cela impose le respect. Derrière sa barbe, il manie le verbe avec précision. Son passage dans quelques-uns des plus grands clubs de la planète (Kiel, Barcelone, PSG) ont façonné sa communication, tout en contrôle. L'affaire des paris illicites lorsqu'il jouait à Montpellier en 2012 a certainement accru sa volonté de contrôler ses propos. Quelque soit le contexte, qu'il soit exténué par une demi-finale olympique à Rio remporté sur l'ultime action contre l'Allemagne, ou après le match d'ouverture du Mondial gagné tranquillement contre le Brésil à Bercy, il ne faut pas compter sur lui pour livrer des paroles outrancières.Cela fait longtemps qu'il affiche la sobriété comme mode d'expression.
La sobriété en maître-mot
Un exemple ? La pression sur l'équipe de France pour ce championnat du monde à domicile. "Quand on met le maillot de l’équipe de France, on a un poids sur les épaules. Ce n’est pas parce que c’est en France qu’on a une pression particulière", disait-il avant la compétition. "Au final, je ne ressens pas cette pression, même moins que lors des autres compétitions que j'ai jouées. Le public est une force en plus", constatait-il avant le quart de finale contre la Suède à Lille. Un autre exemple ? La déception de la défaite en finale des JO de Rio. "Toutes les équipes au monde signeraient pour l’argent olympique avant la compétition. On a réussi à relativiser et à prendre cette médaille comme quelque chose de très positif." Un désir de revanche face aux Danois ? "Non". C'est clair, simple. Un peu comme son jeu.
Dans le passé, Nikola Karabatic a parfois forcé son jeu pour faire la différence lui-même. Quitte à se frustrer, et mettre en difficulté son équipe. Ce temps est révolu. Physiquement monstrueux, techniquement hors norme, il s'est doté d'une intelligence tactique incroyable. "Désormais, Nikola fait beaucoup plus jouer autour de lui. Il défie moins directement les défenses", explique Jérôme Fernandez, meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France avec 1463 buts en 390 sélections. Soit plus de 3.7 buts par match, alors que Karabatic, avec 1116 buts en 279 sélections, tourne aujourd'hui à une moyenne de 4 buts par match en équipe de France.
Un "match-winner"
Surveillé comme le lait sur le feu, le joueur du PSG libère les espaces pour les autres. Ce n'est donc pas surprenant de voir Mahé (tireur de jets de 7m) et Remili inscrire plus de buts que lui (respectivement 28 et 27) dans ce Mondial. Mais contre la Suède, comme lors d'autres rencontres, il est souvent là pour débloquer les situations. Il a ainsi inscrit 3 buts face au Brésil, au Japon et à la Suède, 4 contre l'Islande et la Russie, 5 contre la Norvège, alors qu'il n'avait pas joué contre la Pologne. Bref, plus le match est serré, plus il joue, plus il marque, plus il est décisif. Par ses buts, ses passes, mais aussi ses décisions. Comme en août dernier, lors d'une demi-finale haletante contre l'Allemagne aux JO de Rio, lorsqu'il décide de la tactique à suivre pour arracher la victoire sur la dernière action du match. Daniel Narcisse, le buteur, racontait alors: "On ne le voit pas, on ne l’entend pas, mais c’est Nikola qui annonce l’enclenchement à la fin, qu’on n’avait pas travaillé depuis très longtemps, et qui fonctionne là." Dans le coaching participatif qui prédomine en Bleu, il est un chaînon essentiel.
A deux victoires de décrocher un quatrième titre de champion du monde, le meilleur joueur du monde 2007 et 2014 n'est pas rassasié de titres. "Je suis même motivé pour m’entraîner", sourie-t-il lorsqu'on l'interroge sur sa motivation. Alors, une couronne mondiale devant son public... "Tous les titres sont particuliers. J’espère qu’il le sera plus que celui d’avant, et moins que le prochain." Ses adversaires sont prévenus: à bientôt 33 ans, Nikola Karabatic a toujours faim.
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