Dinart, la fin du Roc bleu
Il n'a jamais été un joueur spectaculaire. Mais c'est le sportif français le plus titré de l'histoire. Très longtemps considéré comme le meilleur défenseur du monde, Didier Dinart a décidé de raccrocher son maillot tricolore. A 36 ans, il a tout gagné. En équipe nationale, il est double champion olympique, triple champion du monde, double champion d'Europe pour ne citer que les médailles en or. En club, il a remporté la Ligue des Champions à quatre reprises, accrochant deux Coupes du monde des Clubs, trois Supercoupes d'Europe, sans oublier cinq sacres nationaux en Espagne et autant en France, et bien d'autres trophées. Et ce n'est pas fini.
Né à Pointe-à-Pitre, le Guadeloupéen y a fait ses premiers pas de handballeur, avant d'atteindre le haut niveau avec Montpellier, après être passé par le pôle espoir de Dijon. Homme de devoir, de parole et de défi, il y a passé sept saisons, avant de faire ses valises pour l'Espagne, et le mythique club de Ciudad Real. Neuf années après, il refait ses valises, comme beaucoup d'anciens, pour revenir en France, au PSG. Si les clubs les plus ambitieux ont fait appel à lui, c'est que Didier Dinart est une référence.
"La Roca" de Ciudad Real
Depuis sa première sélection en 1996, il a imposé son mètre quatre-vingt-seize et ses 104 kg sur tous les terrains d'Europe et du monde. Spécialiste de la défense au poste de pivot, c'est autour de lui que ses équipes ont bâti leur victoire, surtout en équipe de France. Car plus que des titres et de grandes envolées des Richardson, Abalo, Guigou ou Karabatic, les Bleus ont construit leur palmarès autour de la défense. Et autour de lui. Ne laissant jamais paraître la moindre trace d'énervement lorsqu'il est sanctionné, se faisant rarement bouger, il a été surnommé "Le Roc", ou plutôt La Roca, puisque c'est d'Espagne que ce diminutif est apparu. Pour voir une réaction de lui, il faut attendre la fin des matches. Là, c'est souvent le sourire qui s'affiche, et quelques cabrioles lorsque le titre en vaut la peine, comme aux Jeux Olympiques ou aux Mondiaux.
Il trompe son monde avec ses allures de "taiseux" sur le terrain, mais il n'est pas le dernier à mettre de l'ambiance hors du parquet. Et lorsqu'il s'agit de replacer ses coéquipiers, de remettre de l'ordre dans le collectif, il sait se faire entendre. Car en plus d'un physique imposant, Didier Dinart a une très grande intelligence tactique. Défenseur de fer (ce qui ne l'a pas empêché d'inscrire 162 buts en Bleu, soit un peu moins d'un tous les deux matches), il se mue parfois en deuxième entraîneur.
"Je ne vais pas pleurer"
Cette intelligence, ajoutée à son vécu, lui permettent de conserver toute sa lucidité. Passé au travers contre l'Allemagne dans le dernier match de poule, le jour même où il fêtait ses 36 ans, il avait assumé: "Hier, j'ai raté mon match. De minute en minute, je me suis effrité sans pouvoir, comme parfois, réagir, me ressaisir. Je prends pour moi cette défaite. Je ne me trouve aucune excuse." Bien conscient du côté compétiteur de son pivot, Claude Onesta avait appuyé un peu plus fort: "La presse, notamment, doit penser qu'il est cuit de chez cuit. Effectivement, hier, ce n'était pas une belle journée d'anniversaire pour lui. Malheureusement, cette fatalité arrivera de plus en plus souvent : ce n'est ni une découverte ni un scoop", avait alors déclaré le sélectionneur.
Les tempes désormais grisonnantes, conscient que son âge le condamne progressivement dans les compétitions internationales majeures, avec la répétition des matches, Didier Dinart a raccroché. Juste après l'élimination de la France par la Croatie, Dinart s'est une nouvelle fois montré solide comme un roc. "C'est vrai que c'est terminé pour moi. Mais il fallait terminer un jour. J'y suis préparé depuis longtemps. Je ne vais pas pleurer", a-t-il sobrement commenté. En ayant lutté jusqu'au bout, en livrant encore et encore son corps pour défendre son but. Désormais, il ne lui reste plus que le PSG pour enrichir un palmarès hors norme. Il n'est pas certain que le Roc descende de son piédestal de sitôt.
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