Didier Dinart : "Avant il n'y avait qu'un adversaire, maintenant il y en a huit !"
► Comment s'est passé la transition entre Claude Onesta et vous ?
Didier Dinart : La transition s'est faite très naturellement. Je reste dans la continuité de ce que je faisais depuis trois ans. Maintenant, on a le rajout de Guillaume, une valeur ajoutée.
Guillaume Gille : Cela se passe très bien. Nous sommes dans une nouvelle organisation avec Didier. C'est à la fois une découverte pour moi, voir comment le duo Onesta-Dinart fonctionnait de l'intérieur. Mais aussi des retrouvailles parce que le maillot bleu je l'avais encore sur le dos il n'y a pas si longtemps. Et me retrouver sur le bord du terrain pour oeuvrer à la destinée de cette équipe, cela a du sens, c'est un moment très fort mais aussi une véritable exigence.
► Comment partagez-vous les rôles ?
Didier Dinart : Guillaume est nouveau, il doit prendre ses marques. Il m'aide avec son avis d'expert. Il connaissait déjà le fonctionnement de l'équipe de France et avec son expérience de joueur de haut niveau, il a un œil objectif sur ce qui est déjà fait. C'est une vraie complémentarité. Tout cela dans l'optique du Mondial, où l'on est énormément attendu. Sur les réseaux sociaux, la France est dite finaliste à 76,7%. Donc si je disais que nous sommes outsiders, je ne serais pas crédible. Au yeux du public, ne pas être dans le carré final du Mondial serait un échec. Le sport, on sait très bien qu'il y a des aléas et pas toujours le résultat final espéré. Nous allons tout simplement essayer de remplir nos objectifs en restant dans la cohésion et la cohérence du projet.
►Ces résultats et cette obligation de gagner, est-ce un avantage ou un inconvénient pour un coach ?
Didier Dinart : C'est une remise en question permanente. Il y eu quelques commentaires après les Jeux Olympiques, parlant de "déception", de "défaite des Jeux ", ... Il faut déjà respecter le travail fait par les joueurs. Ils étaient en préparation du 23 juin au 25 août, quand ils finissent les Jeux. Trois jours après, ils enchaînent avec leur club. Et à ce jour, ils n'ont toujours pas eu de repos. Nous récupérons des joueurs le 22 décembre qui repartiront en préparation du 26 au 30 à Cap-Breton, en espérant qu'il n'y ait pas de blessés.
► Concrètement, quel est le rôle de Claude Onesta depuis qu'il est devenu manager général ?
Didier Dinart : C'est un rôle en retrait, avec les partenaires. Il gère tout l'aspect extérieur, au niveau médiatique, au niveau du bon fonctionnement de l'équipe de France. Mais la partie technique, le 40-20 (ndlr : la taille d'un terrain de hand), est gérée par Guillaume et moi. Les prises de décisions et les sélections sont faites par nous.
► Quand on est entraîneur, comment gère-t-on le renouvellement des générations ?
Didier Dinart : L'équipe de France arrive à perdurer et être performante dans la durée parce que nous avons toujours su intégrer les jeunes au bon moment. On peut voir un jeune comme Ludovic Fabregas atterrir en équipe de France et être performant aux Jeux Olympiques. On est toujours dans l'équilibre, la cohérence. Guillaume et moi étions sur le terrain, nous nous retrouvons aujourd'hui sur le banc. Avec toujours un souci de passation, de maintien du projet de jeu. C'est ce qui fait qu'aujourd'hui nous arrivons à rester équilibrer dans la transmission et la performance.
Guillaume Gille : Ce sont des générations différentes, donc des centres d'intérêts différents. Maintenant, tous contribuent à apporter quelque chose à ce groupe, à l'équipe. C'est aussi cette richesse qui fait la force de l'équipe de France. Dans sa multi-culturalité, dans cette ajout de compétences qui peuvent être très variées. Le fait de pouvoir mixer des générations, de pouvoir intégrer de jeunes joueurs, des potentiels, à ce groupe, c'est aussi un enjeu de coaching quotidien au sein de la sélection.
► Beaucoup d'ancien sportifs parlent de frustration quand ils se retrouvent sur le banc. C'est quelque chose que vous ressentez ?
Guillaume Gille : Non. Peut-être parce que j'ai enterré le handballeur qui était en moi. De manière assez rapide, on n'est plus capable d'être un handballeur de haut niveau. On n'est plus en mesure physiquement de supporter la charge d'entraînement. Donc petit à petit, le costume de sportif disparaît. Quand on reste animé de l'envie d'encadrer, de gérer des équipes, l'adrénaline est différente, les enjeux sont différents, mais l'on reste centré sur sa passion, le handball.
► Avoir évolué avec certains joueurs mais pas avec d'autres, est-ce que cela entraîne un rapport différent en tant qu'entraîneur ?
Guillaume Gille : Ceux avec qui j'ai vécu de belles choses en équipe de France, cela reste forcément une relation particulière, privilégiée (Didier Dinart l'embrasse sur la joue) Vous voyez ? (rires) Maintenant il est très clair qu'à leurs yeux, je suis aussi dans le costume d'entraîneur. Je dois être en capacité de leur apporter ce dont ils besoin pour les faire avancer, pour qu'ils soient performants. Le nombre de casquettes évolue, la relation reste identique.
► Il y a un adversaire que vous redoutez particulièrement ?
Didier Dinart : Avant, il n'y avait qu'un seul adversaire : la Croatie. Aujourd'hui, ils sont huit. On prend le carré final des Jeux Olympiques (ndlr : Pologne, Allemagne, France, Danemark), on rajoute l'Espagne qui n'était pas qualifiée, le Qatar, la Croatie, ...
Retrouvez le passage de Didier Dinart et Guillaume Gille dans Tout Le Sport !
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